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Bolly&Co

Publié jeudi 17 mai 2018
Dernière modification jeudi 17 mai 2018
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Par Musidora

Dossier Portraits
◀ Bolly Deewani

Dans notre nouvelle rubrique « Portraits », nous vous invitons à partir à la rencontre de professionnel·le·s ou bénévoles passionné·e·s, qui se battent au quotidien pour mener des actions concrètes faisant la promotion et favorisant la diffusion de la culture indienne en France.

Nous avons à cœur de mettre en lumière ces amoureux et amoureuses de l’Inde qui — dans l’ombre — créent, entreprennent, accompagnent des projets, et partagent avec vous ce feu ardent qui nous anime tous.

Aujourd’hui, nous recevons Asmae, Elodie et Fatima-Zahra, fondatrices du magazine en ligne Bolly&Co !

Bonjour les filles ! Je suis heureuse de pouvoir « peindre » votre portrait aujourd’hui, dans le cadre de notre nouvelle rubrique. Merci d’avoir accepté notre invitation, afin que nos lectrices et lecteurs en découvrent un peu plus sur vous.
Commençons par le commencement, racontez-nous la genèse de Bolly&Co !

Asmae : Nous étions chacune déjà active sur nos réseaux respectifs concernant le cinéma indien. À l’époque, la plateforme tendance en matière d’interaction était Skyblog. Nous possédions chacune notre blog sur lequel nous écrivions donc sur nos films et acteurs de référence.
Elodie a alors eu l’idée de créer un magazine. Elle s’amusait à constituer des fausses couvertures, et c’est là que le projet lui est venu. Ce n’était rien de sérieux, juste un moyen original de parler de l’Inde. Elle a alors fait appel à Fatima-Zahra pour monter une équipe de rédactrices. C’est comme ça que j’ai été sollicitée.

Le projet est né de cette manière, sans vraiment que nous nous projetions réellement. Jamais je n’aurais pensé que Bolly&Co durerait et deviendrait ce que l’on connaît aujourd’hui.

Quelle est la ligne éditoriale de Bolly&Co, ses valeurs et ses ambitions ?

Bolly&Co : Notre premier objectif est simple au possible : il s’agit avant tout de parler des films qui nous touchent. On fonctionne au coup de cœur. Bolly&Co est un magazine créé par des fans. Nous n’avons pas la prétention « d’écrire comme des journalistes ». Nos plumes sont très différentes. Et nous revendiquons justement nos individualités et nos identités dans notre manière de rédiger.

Ensuite, nous essayons de proposer un contenu riche. De parler à la fois de productions très populaires, mais aussi de films assez méconnus. Bolly&Co doit avoir cette vocation : faire découvrir au public français l’étendue des cinémas indiens. C’est aussi, en ce sens, que la Rubrique Sud a été initiée dès le troisième numéro du magazine. Notre leitmotiv depuis la création du magazine consiste à dire que l’Inde ne se résume pas à Bollywood. C’est ce que l’on revendique, et nous sommes fières de pouvoir proposer des articles divers, qu’il s’agisse de critiques, d’articles sur la mode, la littérature, la télévision ou la musique.

Enfin, nous souhaitons donner de l’espace à des artistes méconnus au travers de nos écrits. Il existe des tas de sites, de pages et de réseaux francophones qui parlent du cinéma indien. Certains d’entre eux parlent beaucoup du cinéma populaire — et ils le font très bien. De notre côté, nous avons aussi cette volonté de mettre en avant d’autres acteurs. C’est pour cela que l’on va mettre en couverture des personnalités comme Kalki Koechlin ou comme Tabu. Elles sont certes connues, mais pas toujours bien identifiées par les fans français. Nous espérons qu’avec ces numéros, certains lecteurs ont pu les connaître davantage et pourquoi pas leur donner envie de voir certains de leurs métrages.

Quelles ont été vos inspirations au moment de la création du magazine Bolly&Co ?

Bolly&Co : À l’époque, c’était surtout deux grands magazines qui se lançaient en Inde : Vogue en 2007 et Harper’s Bazaar en 2009. Ensuite, les classiques de la presse indienne sur le cinéma avec Stardust et Filmfare nous ont inspirées, ou encore Verve qui était en 1995 le premier magazine indien de luxe.

L’objectif était de fournir quelque chose qui reprenait les schémas graphiques des magazines. Avec le temps, nous avons évolué vers notre propre style ainsi qu’une mise en page qui nous appartient. C’était important que Bolly&Co soit un magazine, à 100% : de son sommaire à ses articles, en passant par sa forme. Même en étant sur un format numérique, nous voulions offrir quelque chose d’unique : entre une vraie presse et un fanzine.

Grâce à vous depuis 2010, nous avons donc la chance de pouvoir consulter un magazine français en ligne, concernant la culture indienne. Comment déterminez-vous le contenu de vos numéros ainsi que le choix de votre couverture ?

Bolly&Co : Il s’agit d’abord pour nous de traiter de l’actualité indienne. Le choix des films critiqués est d’abord inhérent à leur date de sortie. Nous essayons, au maximum, d’écrire sur des métrages sortis dans les mois qui précèdent. Dans les films sélectionnés, nous mettons toujours en avant un film populaire au minimum. Nous ne voulons pas tomber dans l’élitisme.
Le cinéma populaire nous a toutes permis de tomber sous le charme de l’Inde. Il est donc incontournable pour nous d’en parler. À côté, nous tentons de diversifier les films évoqués en termes de genre ou de style. Souvent, c’est aussi une découverte pour nous. Pour ma part (Asmae), je suis certaine que je n’aurais jamais regardé des films si ça n’avait pas été dans le cadre du magazine.

Pour ce qui concerne la couverture, nous alternons déjà entre hommes et femmes. Ensuite, c’est assez fluctuant. La facilité consisterait à nous focaliser sur des vedettes populaires. Mais, à ce niveau-là, on préfère mettre en avant des vedettes moins commerciales, mais à la carrière faste et intéressante. Ce qui ne nous empêche pas de parler de grandes stars comme Aamir Khan ou Shahrukh Khan, qui ont déjà été en couverture du magazine par le passé.

Votre sommaire s’apparente à un « menu dégustation » de douceurs : pourquoi ce choix ? Quels sont les particularités de ces rubriques ?

Bolly&Co : D’une certaine façon, en pensant au cinéma, nous avons pensé au pop-corn. C’est le premier point du sommaire qui avait été établi car il regroupait tous nos articles spéciaux sur le cinéma indien. Et en partant de ça, nous avons trié nos différentes idées pour ensuite chercher un sommaire qui se suivait de manière logique. C’est ainsi que l’effet « menu » est apparu.

Par exemple, la fin du magazine se tourne vers la mode ainsi que vers des articles « réseaux sociaux », comme la mise en avant du compte Instagram d’un acteur. C’est léger et amusant. C’est bien le genre de chose à lire pendant une pause « dessert » !
De même que le début du magazine est une mise en bouche de son contenu global, d’où le nom d’« Apéro ».
Il fallait aussi que les titres puissent rapidement expliquer ce qui se trouve dans le magazine. En dehors de « The New Face » et « On The Cover » le reste est plus chargé.
« Un parfum du Sud » contient tous les articles et critiques liés à des métrages dravidiens, alors que la partie « Une Tasse de Thé » possède nos critiques de films du nord. Comme ce sont des critiques, il faut prendre son temps pour les lire, un peu comme une dégustation de thé. Nos critiques sont de véritables analyses. Nous cherchons à partager plus qu’un simple avis.

Enfin, le dernier ajout de ses dernières années n’a rien d’un plat, mais il était désormais nécessaire de le mentionner. C’est la rubrique « Bolly&Co en action ». Depuis quelques années, nous avons l’opportunité de participer à des festivals et des événements liés à l’Inde et son cinéma. Nous tenons à partager nos expériences et surtout à montrer le travail formidable mis en place par les acteurs du cinéma indien en France.

Combien de numéros parvenez-vous à éditer chaque année ? Combien de temps vous faut-il pour les créer ?

Bolly&Co : Depuis 2016, nous nous sommes imposées un rythme de travail plus soutenu. Il s’agit pour nous de sortir trois numéros par an. Quatre mois séparent donc chaque parution. Cela représente donc un peu plus de trois mois de travail, du brainstorming initial à l’ultime relecture.
Elodie fait un travail de mise en page absolument monumental. C’est pour cela que nous devons établir en amont notre sommaire et déterminer les films à voir pour les critiquer ainsi que tous les autres articles à rédiger. L’objectif étant de construire un numéro riche dans les délais.

Entre la première parution de votre magazine en 2010 et le douzième numéro, publié en 2018, quelles évolutions sont à noter concernant votre travail, autant en termes de contenus que d’esthétique ?

Asmae : Déjà, il faut se le dire, c’est visuellement beaucoup plus étoffé ! Elodie utilise des logiciels qui lui permettent de faire parler son talent.

Aussi, le fait d’avoir établi un rythme de sortie qui soit clair nous a aussi amené à clarifier notre ligne éditoriale. Les rubriques sont définies et le contenu est moins répétitif. Dans nos précédentes éditions, il pouvait y avoir une quinzaine de critiques. C’était beaucoup trop ! J’ai personnellement appris à produire des articles plus concis, sans pour autant qu’ils manquent de contenu. J’ai toujours eu beaucoup de mal à être synthétique et ça se ressent particulièrement dans mes premiers écrits.

Vous êtes également très actives sur les réseaux sociaux, que vous permettent-ils d’exprimer ?

Bolly&Co : C’est avant tout un moyen efficace pour entrer en contact avec ceux qui nous suivent et qui apprécient le magazine. C’est aussi une manière différente de communiquer. Notre communauté s’est d’abord établie sur Skyblog pour ensuite prendre une certaine place sur Facebook.

Quelle place donnez-vous à l’interaction avec vos lecteurs ? Comment décririez-vous votre lien avec eux ?

Bolly&Co : C’est à cela que servent nos réseaux sociaux. Il s’agit pour nous de maintenir le lien avec les gens qui nous suivent, de récolter leurs retours et leurs suggestions. Contrairement à beaucoup de pages, notre « fanbase » (pour ainsi dire) s’est vraiment établie sur le long terme. Nous avons travaillé à gagner la confiance des lecteurs pendant huit ans, là où certains ont eu la chance de fédérer en quelques mois d’activité. Mais ce qui est formidable, c’est que nos lecteurs nous sont fidèles. On peine à y croire ! Il y a ceux qui commentent tout, et ceux qui — parfois — vont nous faire la joie d’un petit message privé pour nous remercier de nos efforts. C’est pas grand-chose, mais ça donne du sens à Bolly&Co. Et on essaye de verbaliser notre gratitude dès que possible. Parce que c’est grâce à eux que le magazine continue d’exister.

Je ne vous cache pas que nous sommes impatients de découvrir la treizième édition de votre magazine ! Une date de parution est déjà prévue ?

Bolly&Co : Si tout va bien, le prochain numéro sortira le 20 mai prochain. Si notre rétro-planning est établi plus d’un an à l’avance, on se laisse toujours du temps avant d’annoncer la date de sortie.
Lors de la préparation du numéro 11 (avec Tabu en couverture), nous avons dû faire face à des problèmes techniques imprévisibles (en l’occurrence, l’ordinateur de notre Directrice de publication qui plante, avec tout le travail que nous avions avancé qui était donc perdu, je vous laisse imaginer la panique). Nous avions alors prévu de sortir le magazine le 10 août. Heureusement, nous n’avions rien annoncé et avons donc pris la décision de décaler la sortie d’un mois. Ce qui nous permettait de poursuivre notre travail sans faire subir un délai aux lecteurs.

Pouvez-vous nous révéler quelques éléments du prochain numéro, ou c’est encore « top secret » ?

Bolly&Co : On ne va pas entrer dans les détails, maintenons le suspense ! Ceci dit, on peut vous assurer que notre prochaine vedette en couverture parlera à tous. Vous retrouverez les rubriques qui font le sel du magazine, avec un thème qui résonne à l’ère du féminisme.

Je sais que vous étiez très attachées à l’actrice Sridevi, disparue brutalement fin février. Comptez-vous lui rendre hommage dans votre prochaine parution ?

Bolly&Co : Nous y avons pensé. Forcément, le choc était brutal. Mais nous trouvions malsain de vouloir « surfer » sur sa disparition.
Nous avions consacré un numéro à Sridevi en 2014. Alors, évidemment, notre magazine étant ancré dans l’actualité, nous ne ferons pas l’impasse sur cette terrible nouvelle. Mais nous avons toujours essayé de ne pas parler d’un artiste au prétexte qu’il faisait parler à l’instant « t ».

Sridevi est tellement plus grande que tout ce qui pourra être écrit sur elle. Le meilleur des hommages que nous pouvons lui rendre, c’est de continuer à regarder ses films en faisant en sorte que son œuvre vive encore.

Votre magazine est libre d’accès — et gratuit dans son intégralité : est-ce un choix de votre part ? Envisagez-vous de passer de la toile au papier glacé ?

Bolly&Co : Cela a été un long questionnement. Est-ce que — à terme — le magazine pourrait devenir payant ? Pour être tout à fait honnête, notre rêve ultime serait de pouvoir vivre de Bolly&Co. Il n’empêche, nous souhaitons malgré tout que le e-magazine reste accessible gratuitement. C’est notre volonté.

On sait ô combien la vie est chère. Nous venons de milieux très modestes et savons ce qu’un euro peut représenter dans un petit budget. Nous savons aussi que beaucoup de fans sont parfois étudiants ou lycéens. C’est tout bête, mais nous souhaitons que notre magazine soit accessible à tous. Sans distinction entre ceux qui ont les moyens et ceux qui n’en n’ont pas.

Pour ce qui est d’une version imprimée, on l’envisage fortement. Ceci étant, le coup de l’impression est notre frein principal. Nous avons beaucoup d’étapes à franchir avant de tendre vers ce projet. Il nous faut d’abord devenir une association à part entière. Ce projet a traîné en longueur par réel manque de temps. Quand ce sera fait, on pourra envisager la suite. Nous avons beaucoup d’idées que nous aimerions concrétiser, mais ça demande de la préparation et de la réflexion. On prend notre temps pour faire les choses correctement.

Que peut-on vous souhaiter ?

Bolly&Co : Plein de beaux films à découvrir, encore ! Grâce à Bolly&Co nous avons eu de très belles opportunités, avec des partenaires qui nous sollicitent dans le cadre de divers événements. C’est un rêve pour les fans que nous sommes et vraiment, nous aimerions qu’il se poursuive, tout simplement. Bien sûr, on ose espérer que le magazine prenne de l’ampleur, gagne encore en professionnalisme… Mais avant toute chose, nous voulons continuer d’écrire avec passion sans nous dénaturer.

Un petit mot pour nos lectrices et lecteurs ?

Bolly&Co : Pour ceux qui nous suivent, merci d’être chaque jour de plus en plus nombreux à suivre nos travaux, à être aussi actifs sur nos réseaux sociaux, à lire nos différentes éditions et à consulter notre site. Nous tenterons d’être une fois de plus à la hauteur de vos espérances.

Pour ceux qui nous découvrent au travers de cet article, déjà, merci d’avoir lu jusqu’au bout ! Et ensuite, nous espérons que cela vous a donné envie de découvrir nos travaux. Nous travaillons avec beaucoup de cœur et nous espérons que vous y serez réceptifs.


Asmae, Elodie et Fatima-Zahra vous donne rendez-vous le 20 mai pour découvrir le nouveau numéro du magazine Bolly&Co !
Merci à elles pour le temps qu’elles nous ont accordé, ainsi que pour leur investissement et leur travail titanesque nous permettant de pouvoir feuilleter tous les quatre mois un contenu riche et professionnel, concernant les cinémas indiens.

Vous pouvez les retrouvez sur les réseaux sociaux suivants :
Site web : Bolly&Co
Instagram : Bolly&CoMagazine
Facebook : FB Bolly&Co

Nous, on se retrouve bientôt pour un troisième portrait !

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