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Bollywood en chansons : 1970-1974

Publié jeudi 2 novembre 2017
Dernière modification lundi 11 septembre 2017
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Par Mel

Dossier Bollywood en chansons
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The Train

Année : 1970
Réalisation : Ravikant Nagaich
Avec : Rajesh Khanna, Nanda, Helen, Madan Puri et Rajendra Nath
Box-office : n°16, Above Average

Le film : Il peut être difficile de trouver une logique à The Train sorti en 1970. C’est un film policier, comme il s’en est fait beaucoup au tournant des années 1970, et dont le succès est probablement dû à la présence de Rajesh Khanna. Il joue Shyam, un policier du C.I.D. (Crime Investigation Department) qui est amoureux de Neeta (Nanda). Le père de la demoiselle a été envoyé en prison pour un crime qu’il clame ne pas avoir commis. Donc Neeta rejette brutalement Shyam lorsqu’elle apprend qu’il fait partie des autorités. Dans le même temps, des bijoux ont été volés et un meurtre a été commis dans un train. Le fringant inspecteur se voit confier une enquête qui va s’avérer d’autant plus compliquée qu’on a aperçu sur les lieux une mystérieuse jeune femme qui ressemble trait pour trait à Neeta. Shyam fait feu de tous bois pour élucider l’affaire. Il s’associe à Pyarelal, l’unique témoin un peu idiot, et subit les assauts insistants de Miss Lily (Helen) qui semble en savoir bien plus qu’elle ne veut bien en dire…

Remake de Cochin Express un film malayam de 1967, lui-même déjà refait en kannada et en tamoul, le film se situe dans la grande tradition indienne des « films de train » qui remonte au début des années 1930. On peut cependant remarquer qu’une source d’inspiration du film se trouve être notre Fantomas national sorti en 1964. On retrouve ainsi par exemple le chèque rempli à l’encre sympathique dans le vol des bijoux de la scène d’ouverture, ou encore les masques tellement réalistes que tous se méprennent.

Mais si l’histoire qui fait la part belle aux coïncidences magiques peut laisser de marbre, tel n’est pas le cas de la musique de R .D. Burman. Il offre ici une bande-son moderne en particulier avec O Meri Jaan Main Ne Kaha où il interprète lui-même la voix masculine face à Asha Bhosle qu’il épousera dix ans plus tard.

La chanson : Chaiyyan Re Saiyyan de R.D. Burman et Anand Bakshi
Shyam et Pyarelal (Rajendra Nath) sont à la recherche de Geeta qui est peut-être complice du crime. Elle est professeur de danse et, justement, elle est en train de faire répéter un morceau…

Remarque de l’auteur de ces lignes : Des films tels que Johny Mera Naam ont eu beaucoup plus de succès en 1970. D’autres comme Mera Naam Joker ont marqué les esprits. Alors pourquoi avoir retenu l’obscur The Train ? Pour cette chanson justement, pour les percussions de R.D. Burman, et pour les yeux d’Aruna Irani…

Chaiyyan Re Saiyyan chantée par Asha Bhosle pour Aruna Irani


Mera Gaon Mera Desh

Année : 1971
Réalisation : Raj Khosla
Avec : Dharmendra, Vinod Khanna, Asha Parekh et Laxmi Chhaya
Box-office : n°2, Super Hit

Le film : Mera Gaon Mera Desh (« Mon village, mon pays ») est le premier film important traitant du problème des dacoïts de la vallée de Chambal. Il raconte l’histoire d’Ajit (Dharmendra), un petit voleur qui est invité par un militaire à la retraite à le rejoindre à la ferme dans son village de la vallée de Chambal dès sa sortie de prison. Le voyou citadin s’intègre peu à peu à la vie des champs tout autant qu’il tente de se réformer. Il fait la connaissance d’Anju (Asha Parekh), la fille du chef du village, et envisage même de l’épouser lorsque le vieux militaire lui donne une nouvelle respectabilité en l’adoptant.

Tout serait pour le mieux si le village ne vivait pas sous la coupe du terrible dacoït Jabbar Singh (Vinod Khanna), qui n’hésite pas à massacrer les enfants comme les vieillards pour mieux terroriser les habitants. Au lieu de courber l’échine, comme beaucoup le lui conseillent, Ajit suit la voie tracée par son père adoptif et décide de se battre pour se débarrasser des bandits…

On ne peut s’empêcher de remarquer les innombrables similitudes entre et Mera Gaon Mera Desh et Sholay qui lui succédera 4 ans plus tard. Pour ne citer que quelques exemples : Ajit prend ses décisions à pile-ou-face ; son père adoptif est manchot (il est d’ailleurs joué par le propre père d’Amjad Khan) ; ou bien sûr l’homophonie des noms des dacoïts. Tout cela laisse à penser que le film de 1971 est une source d’inspiration majeure du chef-d’œuvre de 1975. Il s’en différencie cependant en étant beaucoup plus violent, et surtout en appelant explicitement — et face-caméra — les paysans à l’action contre les bandits. Il donne même l’impression sur la fin que les autorités indiennes ont commandité le film pour inciter les citoyens à aider la police.

La chanson : Maar Diya Jaye de Laxmikant-Pyarelal et Anand Bakshi
Anju a été enlevée par les hommes de Jabbar Singh et Ajit doit se présenter à eux seul et sans armes s’il ne veut pas qu’elle soit exécutée. En chemin vers le repère du dacoït, il croise Munni (Laxmi Chhaya), une danseuse qu’il soupçonne d’être liée à Jabbar. Il la bat mais renonce finalement à la tuer, puis il part se livrer aux bandits qui le capturent immédiatement. Le soir tombé, Munni menace de les tuer tous les deux dans ce qui ressemble à une vengeance personnelle…

Le refrain de cette célèbre chanson fait référence à un vers de Michael Madhusudan Dutt qui relate un dialogue imaginaire entre Alexandre le Grand et Pôros, le roi du royaume des Paurava. Ce dernier est vaincu et le roi de Macédoine lui demande : « Comment dois-je te traiter ? ». Ce à quoi Pôros répond : « Comme un roi ». Ici, Ajit ne répond pas, mais les paroles de ce morceau l’associent au noble roi Pôros tout en rejetant Munni et Jabbar Singh en dehors de l’Inde. Cela correspond au message du film qui fait de la lutte contre les dacoïts un devoir civique.

Maar Diya Jaye chantée par Lata Mangeshkar pour Laxmi Chhaya


Pakeezah


Année : 1972
Réalisation : Kamal Amrohi
Avec : Meena Kumari, Raaj Kumar, Nadira, Ashok Kumar et Veena
Box-office : n°2, Super Hit

Le film : Pakeezah (« Pure ») est de ces films maudits qui auraient pu ne jamais voir le jour. Kamal Amrohi l’avait imaginé au milieu des années 1950, en hommage à son épouse Meena Kumari, et le tournage a commencé en 1960. De difficultés de production en revirements de distribution, il s’est étalé sur quatre années avant d’être stoppé en 1964 lorsque les époux se sont séparés. Le film aurait pu rester à jamais inachevé, mais sur l’insistance de Nargis et de Sunil Dutt, Meena Kumari a accepté de le finir en 1969. Kamal Amrohi a alors altéré son scénario pour l’adapter aux changements physiques de l’actrice qui avait considérablement vieilli et qui était déjà dévastée par l’alcool. Il a aussi introduit le nouveau personnage de la tante, incarné par Veena, pour compenser la défection de Nadira qui jouait la chaudharayan (une ancienne courtisane qui dirige un kotha). Malgré son talent d’écriture, ces modifications de dernière minute ont rendu l’histoire difficile à suivre, en particulier vers la fin.

Ce n’est cependant pas le plus important, car ce muslim social s’apparente à une ode intemporelle composée de scènes disjointes sans réel soucis de vraisemblance. Il raconte l’histoire de Nargis (Meena Kumari), une courtisane de Lucknow que son amant Shahabuddin (Ashok Kumar) souhaite épouser. Son père, le nawab Zafar Ali Khan s’y oppose et Nargis s’enfuit désespérée. Elle trouve refuge dans un cimetière où elle donne naissance seule à une fille avant de mourir. Nawabjaan (Veena), la sœur de Nargis, recueille l’enfant et l’élève pour qu’elle devienne à sous tour une taiwaf. La petite Ekta devient Sahibjaan (Meena Kumari), une jeune femme suprêmement belle et talentueuse qui attire toute la riche société dans le kotha de Gauharjaan (Nadira).
Une nuit, Salim (Raaj Kumar) s’introduit par erreur dans le compartiment d’un train où dorment Sahibjaan et sa tante. Fasciné par la grâce de ses pieds ornés de henné, il dépose un poème bout du lit de la jeune courtisane et quitte le compartiment sans un bruit. À son réveil, Sahibjaan découvre ce message d’amour anonyme qui la hantera, elle qui se considère comme corps mort sans âme…

Pakeezah sort sur les écran en février 1972 dans une relative indifférence. Meena Kumari disparaît le mois suivant, relançant l’intérêt du public pour le film qui obtient dès lors un succès considérable. L’élégance des dialogues, la magnificence des décors, la beauté des images en grande partie dues à Josef Wirsching (le directeur de la photographie de Bombay Talkies décédé en 1967), la grâce tragique de Meena Kumari ; tout concourt à faire de ce film un jalon important dans le cinéma de Bombay.

La chanson : Aj Hum Apni Duaaon Ka Asar de Ghulam Mohammed et Kaif Bhopali
Ne se jugeant pas digne de la respectabilité que Salim lui offrait en lui proposant de l’épouser, Sahibjaan avait refusé sa main. Mais lorsque plus tard, Salim profondément blessé l’invite à son mariage, elle accepte de chanter et danser pour lui. Accompagnée par sa tante, elle interprète un morceau rappelant leur liaison passée…

Meena Kumari n’était plus en état de danser lorsque Aj Hum Apni Duaaon Ka Asar a été tournée. Elle est doublée pour cette raison par Padma Khanna dans tous les plans larges.

Aj Hum Apni Duaaon Ka Asar chantée par Lata Mangeshkar pour Meena Kumari


Yaadon Ki Baaraat


Année : 1973
Réalisation : Nasir Hussain
Avec : Dharmendra, Zeenat Aman, Vijay Arora, Ajit Khan et Tariq Khan
Box-office : n°5, Hit

Le film : Les films de Bollywood utilisent parfois une chanson comme leitmotiv pour souligner la progression de la narration. Yaadon Ki Baaraat (« Le cortège des souvenirs ») est de ceux-là avec un divertissement circulaire qui raconte l’histoire de trois frères séparés à la mort de leurs parents, qui se cherchent puis se retrouvent. Plus exactement, il s’agit de trois histoires presque disjointes : celle de Shankar (Dharmendra) qui a sombré dans la délinquance pour mieux venger ses parents, de Ratan (Tariq Khan) devenu une rock-star sous le nom de Monto, et enfin celle de Vijay (Vijay Arora) plus intéressé par les filles et en particulier par la ravissante Sunita (Zeenat Aman).

Il faut un méchant pour les lier. C’est le rôle de l’ignoble Shakaal (Ajit Khan), tueur et contrebandier du cinéma des années 1970 dont les appartements contiennent même des cellules pour emprisonner les malheureux qu’il kidnappe. Le scénario du célèbre duo Salim-Javed est très prédictible et ce n’est pas ce qui a fait le succès du film. Il le doit avant tout à la merveilleuse chanson titre, au charme de Zeenat Aman et aux biscoteaux de Dharmendra. On pourra juste regretter qu’avant même 40 ans, il ait déjà l’air d’avoir beaucoup vieilli.

En Inde, une réussite commerciale dans une région est souvent à l’origine de remake dans les autres régions. C’est le cas ici et le film a été refait deux ans plus tard en tamoul sous le nom de Naalai Namadhe puis en telugu avec Annadammula Anubandham. Cette dernière version reprend d’ailleurs la mélodie de la chanson-titre de l’original. Enfin en 1983, une dernière version en malayalam voit le jour sous le nom d’Himam. La recette était probablement bonne car ce furent également des succès.

La chanson : Yaadon Ki Baaraat Nikli Hai de R.D. Burman et Majrooh Sultanpuri
La maisonnée est réunie à l’occasion de l’anniversaire du père artiste-peintre. La mère, Kamla, entonne la chanson fétiche de la petite famille…

Aamir Khan joue à 8 ans le jeune Ratan (le petit garçon qui demande à aller aux toilettes). Il est le neveu du réalisateur, Nasir Hussain.

Yaadon Ki Baaraat Nikli Hai chantée par Lata Mangeshkar


Aap Ki Kasam

Année : 1974
Réalisation : J. Om Prakash
Avec : Rajesh Khanna, Mumtaz, Sanjeev Kumar et Rehman
Box-office : n°9, Semi Hit

Le film : J. Om Prakash débute sa carrière de réalisateur avec Aap Ki Kasam (« Je te le jure »), un film qui se démarque significativement de ce que l’on imagine habituellement de Bollywood. Il conte l’histoire tragique de Kamal (Rajesh Khanna) et de Sunita (Mumtaz) qui se rencontrent à l’université et se marient malgré leurs différences sociales. Il vient d’une famille de fermiers alors qu’elle est la fille d’un riche homme d’affaire (Rehman). Mais l’amour a frappé et les parents sont aux anges, espérant le meilleur pour leurs enfants. Kamal commence une carrière d’ingénieur en électronique, aidé par Mohan (Sanjeev Kumar), son ami de toujours qui habite la maison voisine du jeune couple. Ils démarrent dans la vie sous les meilleurs auspices.
Pourtant, Kamal commence à s’inquiéter de la présence fréquente de Mohan chez eux. Il se rend même compte qu’il a rendu visite à sa femme alors qu’il n’était pas là. Le doute s’installe. Il commence à soupçonner une liaison entre son meilleur ami et son épouse. Il en devient jaloux à en perdre la raison et au cours d’une sérieuse dispute, il laisse Sunita retourner chez ses parents. Pour la protéger, le père de la jeune femme obtient le divorce de sa fille…

Aap Ki Kasam est un film douloureux sur un couple qui explose sous l’effet de la jalousie. Il s’agit du remake de Vaazhve Mayam, un film malayalam qui a fait date en 1970. Les histoires sont très proches mais le traitement de la version hindi est beaucoup plus moderne, en particulier dans son dénouement presque occidental. Dans les versions malayalam puis telugu en 1985, le personnage de l’épouse rejetée se laisse mourir inexplicablement (ou on frissonne à l’idée de comprendre) sur le cadavre de son ex-mari. Non seulement J. Om Prakash a évité cet écueil mais il fait dire au second mari de Sunita deux très belles phrases qui renvoient la tradition aux oubliettes et n’en sont que plus émouvantes.

La chanson : Zindagi Ke Safar Mein de R. D. Burman et Anand Bakshi
Kamal a compris que Sunita ne l’a jamais trompé et qu’il était l’unique coupable du drame de leur séparation. Il a tenté de la retrouver mais elle s’est remariée. Désespéré, il a perdu goût à la vie…

Zindagi Ke Safar Mein chantée par Kishore Kumar

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