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Engeyum Kadhal

Traduction : L'amour est partout

Bande originale

Engeyum Kadhal
Thee Illai
Nangaai
Lolita
Bathing at Cannes
Nenjil Nenjil
Dhimu Dhimu
Kulu Kulu Venpani Pola

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La critique de Fantastikindia

Par Gandhi Tata, Guiridja
Publié le 13 juin 2011

Note :
(3.5/10)

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Toute l’équipe de Fantastikindia attendait avec une impatience non dissimulée ce film étant donné que nous avions eu la chance de pouvoir suivre le tournage qui s’est déroulé en grande partie en France, à Paris, Cannes et Lyon (voir notre dossier : Prabhu Deva : Tournage en France). Mais ce qui nous faisait vraiment trépigner d’impatience réside dans un autre petit détail, trois fois rien en fait : une de nos charmante rédactrice (Kendra la bien nommée) y tient purement et simplement un rôle d^.^b.

C’est dans un état d’esprit plutôt positif et curieux que nous avons abordé le visionnage du film. Ainsi sans plus tarder, voici notre critique du dernier film du grand Prabhu Deva.

L’avis de Gandhi Tata :

Le film démarre avec un générique de toute beauté avec une musique lancinante, déroulant les images d’un Paris fantasmé… Cette carte postale de départ est annonciatrice d’un scénario creux, tenant sur un timbre-poste… Et que dire de la mise scène pathétique où le réalisateur semble aux abonnés absents ?


Le synopsis de Engeyum Kadhal (EK) se résume en quelques mots : Kamal, un jeune Indien à la mentalité occidentale, va croiser Kayalvizhi, une jeune Française, d’origine et de mentalité indienne. De leur rencontre va naître une histoire d’amour improbable dans la ville-lumière, bénie par la déesse de l’amour, dixit Prabhudeva. Eh oui, des envolées lyriques comme celles-là, Engeyum Kadhal nous en sert des tonnes et des tonnes. Le pire, c’est que cette bouillie rose bonbon est gratinée de passages aussi crétins les uns que les autres comme seul Prabhudeva sait les faire.


Un Indien au cœur occidental et une Indienne née en France, plus indienne que française, woaw ! Et on se dit là, ah ! Quelle idée géniale ! Ce contraste culturel ! Ce choc des cultures ! Mais les vingt premières minutes viennent violemment calmer notre joie et nous remettre les idées en place.

EK ressemble à une mauvaise comédie romantique voulant prendre exemple sur les meilleurs Yashraj ou encore les films du défunt réalisateur Jeeva dont c’était la spécialité. Chaque personnage de ce film semble sortir d’un asile d’aliénés et on se demande vraiment s’ils sont ce qu’ils prétendent être ou s’ils sont tout simplement atteints de troubles de la personnalité.


Ensuite, que dire du Paris de Prabhudeva… On n’échappe pas aux clichés et, personnellement, le contraire m’aurait étonné, ainsi, on a droit à l’accordéon au générique de début, les terrasses de café, le peintre qui n’a rien d’autre à faire que peindre tous les passants et j’en passe. Mais Paris, ce n’est pas seulement la baguette, les croissants et le béret, Paris c’est l’amour ! En partant de ce pitch assez simpliste, le réalisateur en fait des montagnes, jusqu’à l’overdose de guimauve. Il faut quand même être fort, pour faire ressentir la niaiserie à un cinéphile nourri au Bollywood et autres romcom tamoules, mais Prabhudeva réussit cet authentique exploit jusqu’à l’embarras, surtout lorsque vous avez suivi le tournage du film dans la capitale. A Paris, on trouve des amoureux à chaque quai de la Seine et même sur le pont, les amoureux s’embrassent constamment, partout et même en trottinette au risque de se faire écraser par une voiture. Enfin, le film a été tourné à Paris, Nice et d’autres régions françaises, mais il est amusant de voir que toutes ces villes sont aussi proches que des stations de métro parisien dans EK. D’une scène à l’autre, le héros semble emprunter le périphérique pour aller du Champ de Mars aux plages niçoises, alors que l’héroïne est obligée de prendre le train pour aller à une fête d’anniversaire à Lyon. Soit Prabhudeva prend les Indiens pour des ânes, soit il est réellement convaincu que la porte des étoiles existe et que Kamal traverse un trou de ver pour effectuer un voyage spatio-temporel Paris-Nice en quelques secondes. Pardi ! Mais bien sûr ! Kamal est en réalité le Général O’Neill !

Je n’ai pas aimé aussi sa vision de la femme occidentale qui est forcément facile et frivole. C’est d’autant plus curieux que sa vision des amoureux français au début du film, est plutôt idyllique. Est-ce une façon de rendre hommage à la capitale de l’amour, en enfonçant les Françaises avec ses préjugés de blédard indien ? Je dirais seulement que Prabhudeva n’est pas le mieux placé en matière de moralité et on ne s’attardera pas sur ses frasques conjugales.

Venons-en à présent au travail du réalisateur, EK est censé être une comédie romantique, mais le script ne l’est à aucun moment et, pire, les pseudo-moments romantiques deviennent très vite irritants, car dénués de tout romantisme. Prabhudeva voulait faire un film léger et sur ce plan-là, il remplit pleinement sa mission, son scénario et sa direction d’acteurs ne valent même pas une poignée de cacahuètes. Sévère, me direz-vous, mais essayez de le visionner jusqu’au bout et vous comprendrez à vos dépens que EK teste les limites de votre patience. Cette histoire d’amour n’a aucun moment fort, ni même de rebondissements et, pire, on ne s’attache à aucun des deux personnages.

On se demande bien si les acteurs étaient en tournage ou faisaient du tourisme, car l’interprétation manque de nuance. Le scénario est censé suivre l’évolution de leurs personnages qui les mènera à l’amour, mais faute de réalisateur, les comédiens se dirigent tout seuls et d’un côté, Hansika Motwani devient une folle furieuse hystérique et de l’autre, Jayam Ravi se complaît tellement dans son costume de playboy qu’il en devient prisonnier.

Lorsque Jeyam Ravi apparaît sous les traits de Kamal, la première impression qui surgit, c’est la légèreté du personnage. Il ne se prend pas la tête et renvoie une cool attitude qui sied bien à l’univers du film. Mais ses agissements ne tardent pas à lasser le spectateur. On sait au départ que c’est un tombeur, mais quel est l’utilité de le rabâcher en permanence, au point de lui faire perdre toute crédibilité. Si bien qu’au moment où les prémisses de l’amour surviennent, nous sommes largués, tout simplement. Le plus pathétique étant que l’acteur lui-même fait du surplace et essaye d’en remettre une couche de décontraction, lorsqu’il est supposé mimer la vulnérabilité et se laisser pénétrer par les sentiments. Jeyam Ravi nous interprète sa métamorphose en amoureux transi à la manière d’un Bruce Banner aux premières phases de transformation en Incroyable Hulk, ça vaut le détour !

Hansika Motwani est mignonne et ça s’arrête là. Le personnage de Kayalvizhi, est une jeune fille farouche, généreuse, un peu casse-cou et profondément attachante. Mais l’interprétation d’Hansika n’est fidèle au personnage que la première demi-heure. Pour le reste du film, Kayalvizhi devient absolument intenable et loufoque à la manière d’un Benny Hill. Et encore, si elle faisait sourire, elle aurait pu sauver le film.

Les seconds rôles ne sont guère reluisants, ainsi, le grand méchant de Sivaji-The Boss, Suman, campe un détective privé français qui a bien du mal avec la langue de Molière. Les sketches comiques sont assurés par le frère de Prabhudeva, Rajusundaram. Raju incarne le meilleur ami de Jeyam Ravi, à la quête d’une belle Française. Cette mission rocambolesque et pas du tout marrante, va lui attirer bien des mésaventures. Bien qu’ennuyeuse, c’est pourtant cette partie qui a justifié pour ma part, le visionnage de ce film et pour cause, la présence de notre "fantapote" Kendra ! Le dégoût était malheureusement à la hauteur des espérances, car non seulement, l’humour est lourd, mais l’usage de Kendra est absolument cruel. Rire de la corpulence d’une personne, est profondément grossier et cet humour débile n’a dû faire rire que son crétin d’auteur. Cette critique est également valable pour des comiques confirmés comme Vadivelu ou Vivek qui usent de la vulgarité lorsque la créativité n’est plus au rendez-vous.

La photo, signée Nirav Shah, est à la hauteur de sa réputation, mais rien d’exceptionnel. Bien sûr, Paris est fidèlement capturé à travers sa caméra, mais la ville-lumière n’est malheureusement pas sublimée… Lorsqu’on connaît le calibre du technicien, c’est une demi-déception.

Le seul point positif de ce film, c’est la musique d’Harris Jeyaraj. Pourtant, à l’écoute de ses dernières productions, ordinaires ou décevantes, on ne s’attendait pas à ce résultat. Entre les ballades aux mélodies entêtantes et le délirant hommage au roi de la pop, Harris Jeyaraj a produit des morceaux d’influences musicales diverses et, fait exceptionnel, aucune de ces chansons ne nous rappelle ses anciens albums. Le compositeur avait pris la fâcheuse tendance à recycler ses propres chansons, et cette bande originale arrive à point nommé pour nous rappeler qu’il est capable de bien plus.

Au terme de ces deux heures éprouvantes, on ne se dit qu’une chose : parfaitement habile de ses jambes, Prabhudeva est un véritable bras cassé question réalisation… On comprend beaucoup mieux son parcours, et Nuvvostanante Nenoddantana semble être un éclair de génie dans une carrière de réalisateur pour le moment médiocre, où son second plus gros succès n’est qu’un pauvre remake de l’immense Pokkiri

Bref, Engeyum Kadhal se traduit par "l’amour est partout", c’est dommage qu’on n’en trouve pas dans ce film.

note : 3/10

L’avis de Guiridja :

Après de multiples reports, le film, initialement intitulé Paris, puis Ich, est finalement sorti sous le titre : Engeyum Kadhal.

Bien que particulièrement enthousiaste vis-à-vis du film, j’ai été vraiment déçue. En effet, après un film tel que Something, Something, Unakkum Yenakkum (remake tamoul de Nuvvostanante Nenoddantana), on était en droit d’attendre un film de meilleure qualité de la part de Prabhu Sir.

Voyons les points négatifs (y’en a un paquet …) :

Le film est clairement tourné vers la romance, le problème c’est qu’il n’y a rien de romantique dans le film (à part Paris …). A aucun moment on ne croit à cette histoire d’amour entre ce playboy (Jayam Ravi) et cette Indienne naïve (Hansika Motwani). Il n’y a aucun sentiment qui passe. Il pleure, elle pleure, et nous nos yeux restent secs T.T . Là où dans Something, Something, Unakkum Yenakkum, Jayam Ravi faisait évoluer son personnage du playboy au jeune homme amoureux et qui se bat pour son amour, ici il ne décolle pas du cliché. La magie n’opère pas. Les scènes importantes du film où il y a des confrontations entre le père et le héros, la jalousie, l’espoir… rien ne passe, comme s’il y avait un mauvais timing ou une mauvaise direction des acteurs. Le problème tient peut-être aussi du fait que le film repose entièrement sur les épaules de Jayam Ravi et Hansika Motwani. Les seconds rôles ne sont pas exploités et, malheureusement, ces deux jeunes acteurs ont du mal à "remplir" le film à eux deux.


On notera aussi un autre gros problème pour un film de 2h, à part "l’histoire d’amour" il ne se passe rien, mais rien de rien. On s’ennuie à mourir. On se dit "allez, là ça va commencer" et en fait non. L’histoire est plate, les bastons sont bidons, et les comiques ne font pas rire.
(Les deux seules fois où j’ai souri c’est lors d’une des première scène où Hansika Motwani "ébouriffe" gentiment les cheveux d’un sdf pour qui elle vient de jouer du violoncelle et la scène dans le métro. Pour m’être déjà pris une amende, je vous assure que faire un câlin à son voisin ne va pas amadouer le contrôleur !!).
L’humour du film est très, excusez-moi de l’expression, "caca-prout". J’ai une préférence pour l’humour plus burlesque de Vadivelu, ou plus verbal de Vivek. Là je n’ai pas adhéré du tout.

Ce que je trouve aussi dommage, c’est que tout le monde parle anglais en France, mais bon, ça c’est peut-être dû au fait que l’anglais est quand même plus abordable pour les Tamouls que le français (mais c’est bien drôle d’entendre les "Français" parler français avec un accent à couper au couteau, vive le post-enregistrement). On n’échappe pas non plus à la vision particulière de l’Occident par les Indiens : tout le monde s’embrasse à chaque coin de rue, Paris ville de l’amour, ok, mais il y a des limites quand même.


Les points positifs (mais si mais si, y’en a quelques-uns d^.^b) :

Hansika Motwani. Je ne l’ai pas trouvée trop "potiche" dans ce film comme ça peut souvent être le cas pour les actrices indiennes dans les films du sud.

La photo. Les images sont vraiment belles et c’est toujours amusant de voir comment est perçue la France par les autres pays. Là, nous n’échappons pas au cliché du vieux Paris. Beaucoup de scènes ont été tournées du côté de Montmartre et dans les terrasses de cafés. Mais on échappe à la bicyclette, à la baguette de pain et au camembert (un cliché pour un autre !).


La musique est vraiment sympa et, bien que tous les titres ne soient pas impérissables, deux chansons m’ont particulièrement plu :
* Lolita (clip vraiment sympa et chanson toute simple mais qui trotte en tête durant un bon moment).
* Nangai (clip hommage, si je puis dire, au King Of Pop).

Dernier point positif, ma Kendra !!! Bon, alors le rôle qu’on lui fait jouer est tout simplement ingrat. Il m’aura fallu regarder ce film pour la voir tirer de telles grimaces et se comporter comme la dernière des femmes de Cro-Magnon, alors qu’en temps normal y’a pas plus adorable et souriante !! Mais quel plaisir de la voir à l’écran ! Ce qui est bien plaisant aussi, c’est de retrouver dans le film des scènes du tournage auquel nous avons assisté et qu’on n’aurait pas imaginées à cet endroit du film par exemple.


Pour résumer, ce film n’est franchement pas transcendant. Si vous ne le voyez pas, ne pleurez pas, vous ne loupez pas grand-chose. Si vous voulez le regarder, faites-le pour la musique et pour le plaisir de voir un film tamoul entièrement tourné en France.

Ma notation :

1 point pour la musique,
1 point pour la photo,
et Kendra vaut bien 2 points, non ?

Donc au total ça nous donne un bon 4/10 d^.^b (Vive Kendra !!)

note : 4/10

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