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Interview de Richa Chadda

Publié jeudi 23 mars 2017
Dernière modification jeudi 23 mars 2017
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Par Brigitte Leloire Kérackian

Dossier Festival de Cannes 2016
◀ Interview de Sonam Kapoor

Lancée dans le film Oye Lucky ! Lucky Oye ! (2008), Richa Chadda mène de front sa carrière à Bollywood mais aussi dans le cinéma d’auteur.

Sa prestation dans de Gangs of Wasseypur (Filmfare Award), présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2012, en a bouleversé plus d’un. Inoubliable Devi perturbée par le suicide de son amant, elle illumine Masaan (prix FIPRESCI et section Un Certain regard) qui lui a ouvert en grand les portes des festival internationaux. Son rôle de belle-sœur endeuillée dans Ram-Leela (2013) était sobre et digne et a conforté l’estime que lui porte la profession. Dans le film Sarbjit d’Omung Kumar, elle incarne Dalbir Kaur, l’épouse de Sarbjit Singh.

Brigitte Leloire Kérackian : Vous connaissez bien Cannes maintenant car ce n’est pas la première fois qu’on vous voit ici, n’est ce pas ?
Richa Chadda : C’est la troisième fois, car je suis venue la première fois pour Gangs of Wasseypur qui était sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs, en 2012. En 2015, je suis venue pour mon film Masaan. Quelle chance d’avoir participé à ces longs métrages dont l’accueil a été si chaleureux ! Je revois donc ici des journalistes que j’ai rencontré lors de mes deux premières visites et c’est agréable.

BLK : Quelles raisons vous ont poussée à accepter de jouer dans Sarbjit ?
Richa Chadda : Je viens de Delhi mais je suis née au Penjab, de la région où se sont déroulés les faits. Et j’avais eu connaissance du cas de Sarbjit quand j’étais jeune. Cette histoire parle de paix car des gens ont été affectés des deux côtés de la frontière. Le film raconte la triste histoire de Sarbjit, une tragédie humaine qui touche tout le monde.
J’ai rencontré l’épouse de Sarbjit pendant le tournage. Cette visite m’a totalement bouleversée. J’ai préféré ne pas la questionner par pudeur. J’ai tenté de porter un personnage authentique et hanté par ce drame. Je ne sais pas si j’ai réussi. Cette histoire est vraiment ancrée dans la réalité. J’ai dû aussi changer mon aspect physique pour m’adapter au personnage.

BLK : Comment avez-vous traversé ces phases où les émotions intenses imprègnent les personnages ?
Richa Chadda : Lorsque la famille va voir Sarbjit pour la première fois dans sa prison, après 18 ans de séparation, c’était notre première scène de tournage. J’adore Randeep Hooda et c’est mon ami. Il m’a fallu garder cette distance pour générer cette rencontre après 18 ans. J’ai ressenti les retrouvailles avec un époux. Elle a perdu sa jeunesse à attendre cet homme disparu depuis si longtemps et pour lequel elle s’est battue. Tant de querelles entre les deux pays ont émergé pour ce drame.

BLK : J’aimerais mieux connaitre vos débuts au cinéma.
Richa Chadda : J’ai commencé dans un petit rôle après mes études à la faculté. Je m’étais formée en participant à des workshops avec différents intervenants à Bombay. Les écoles de théâtre en Inde sont des institutions gérées par le gouvernement. J’avais besoin d’être dans une école plus libre, sans contrôle. Mes parents ont compris que j’avais vraiment le souhait de faire ce métier, que ce n’était pas une passade ou un hobby. Quand j’ai été choisie pour Gangs of Wasseypur, ils ont offerts de chocolats à tout le monde dans ma troupe de théâtre où je jouais. J’avais passé des auditions avec Anurag Kashyap pour un film que je n’ai pas fait avec lui : Dev. D. Puis il s’est souvenu de moi et il m’a recrutée pour Gangs of Wasseypur, qui a eu un succès international ; ensuite, j’ai fait Fukrey. À l’époque, Anurag Kashyap m’avait dit : « Pour que tu sois remarquée par ton travail, il faudra que tu joues au moins cinq films par rapport à un enfant de star dont le démarrage sera de suite mis en valeur ». Donc, progressivement avec Gangs of Wasseypur, Fukrey, Masaan, Sarbjit, je progresse dans cette voie.

Maintenant j’aimerais m’ouvrir à des productions européennes, allemandes, hongroises, car il y a des créations vraiment originales. Je ne sais pas s’ils accepteraient des actrices au teint foncé. Par exemple, le film Dheepan (de Jacques Audiard) qui a obtenu la Palme d’Or 2015 a été très bien distribué un peu partout.
La co-production pour Masaan a impliqué Melita Toscan du Plantier qui est un mentor pour moi. Elle m’a invitée en tant que juré pour le festival du film de Marrakech l’an passé. Une formidable expérience !
Dans mes projets, je vais jouer une danseuse dans le film Cabaret. Je suis heureuse de travailler avec les équipes de Mahesh Bhatt et Pooja Bhatt.


Propos recueillis et traduits de l’anglais par Brigitte Leloire Kérackian. Mai 2016.

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