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Joi Baba Felunath

Traduction : Le dieu éléphant

LangueBengali
GenrePolar
Dir. PhotoSoumendu Roy
ActeursSoumitra Chatterjee, Haradhan Banerjee, Utpal Dutt, Santosh Dutta, Siddhartha Chatterjee, Jit Bose
Dir. MusicalSatyajit Ray
ChanteurReba Muhuri
ProducteurR. D. Bansal
Durée112 mn

Bande originale

Chase
Hey Govinda Rakhu Sharana
Mohe Lagi Lagana Guru
Rukus Room

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 7 septembre 2009

Note :
(7.5/10)

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La famille Ghosal, riches bourgeois de Bénarès d’origine bengali, possède une statuette en or de Ganesh, le dieu éléphant. Celle-ci est dérobée dans de mystérieuses circonstances peu après que Ruku Ghosal (Jit Bose), le fils, eut reçu la visite de Maganlal Meghraj (Utpal Dutt), un dévot amateur d’art et d’antiquités lui offrant une forte somme d’argent pour l’acheter. Ruku a refusé la proposition de Maganlal, car la statuette appartient à son père (Haradhan Banerjee) et celui-ci la considère comme un précieux objet de famille impossible à vendre. Au même moment, Pradosh Mitter, alias Felu, le fameux détective (Soumitra Chatterjee) arrive en ville, pour quelques jours de vacances, flanqué de deux comparses, son assistant, Tapesh, alias Topse (Siddhartha Chatterjee) et Lalmohan Ganguli (Santosh Dutta), un auteur de romans policiers. Alors que Felu et ses acolytes se promènent sur les rives du Gange, écoutant les bhajan chantés par les dévots, il est abordé par Ruku qui lui demande de résoudre le mystère du vol de la statuette du dieu éléphant. Felu accepte de mener l’enquête en dépit des menaces dont il fera l’objet avec ses compagnons…

Joi Baba Felunath (Le Dieu éléphant) est la deuxième adaptation des aventures de Felu, Sherlock Holmes bengali, créé par Satyajit Ray, après Sonar Kella (La Forteresse d’or). Les aventures du détective Felu, toujours interprété par l’acteur fétiche de Ray, Soumitra Chatterjee, constituent l’autre facette du cinéma du réalisateur bengali : un cinéma de divertissement principalement destiné aux enfants et aux jeunes adultes. Cependant, même dans un film de divertissement, l’engagement réaliste du cinéaste n’est jamais bien loin…

Joi Baba Felunath, dans sa narration, suit les canons du cinéma policier, en particulier les adaptations des romans à énigme à l’anglaise de Sir A. Conan Doyle ou Agatha Christie : un vol dans de mystérieuses circonstances, un grand détective qui mène l’enquête assisté de ses acolytes, de vrais-faux suspects, un meurtre inattendu et la révélation finale avec explication du mystère mettant en valeur la sagacité du héros. Le film comporte d’ailleurs de nombreuses références à des détectives célèbres de littérature ou de bandes dessinées (Tintin).

Néanmoins, le cinéaste bengali "indianise" son propos en sortant l’enquête de son huis-clos caractéristique et en faisant de la ville de Bénarès, le théâtre de l’action, ce qui donne lieu à de magnifiques plans tournés sur les berges du Gange. Si le personnage du détective avec ses comparses rappelle les modèles occidentaux du genre (Sherlock Holmes, Hercule Poirot), les personnages secondaires qui composent la galerie de suspects sont typiquement indiens : un sâdhu un peu louche, un dévot amateur d’art à la double personnalité, de vrais-faux sâdhus pour confondre un meurtrier, des chanteurs de bhajan

Ces personnages secondaires servent aussi à dénoncer, de façon discrète, la faune qui gravite autour de Bénarès et qui prospère sur le commerce de la dévotion, autrement dit à dénoncer la cupidité et l’hypocrisie (chassez le naturel et il revient au galop).

Satyajit Ray parsème aussi son film de clins d’œil au cinéma populaire indien en intégrant des séquences musicales — deux bhajan (chant dévotionnel) supports de scènes-clés, l’une pour présenter le détective et les différents suspects, l’autre pour démasquer voleur et meurtrier — ou des séquences comiques.

L’intrigue, les personnages, interprétés par les meilleurs acteurs bengali, la photographie du film qui met en valeur Vanarasi / Kasi, la ville-lumière, font de Joi Baba Felunath un film agréable à regarder qui met à jour l’humour du réalisateur bengali que des métrages engagés comme Sadgati ne permettaient de soupçonner. Cette facette, plus légère, du cinéma de Ray, est peut-être la moins connue en Occident, la critique préférant ses œuvres plus intellectuelles et réalistes, cependant, elle mérite qu’on la découvre.

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