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Maqbool


LanguesHindi, Ourdou
GenreFilms semi-commerciaux
Dir. PhotoHemant Chaturvedi
ActeursNaseeruddin Shah, Tabu, Om Puri, Irrfan Khan, Pankaj Kapoor, Piyush Mishra, Abbas Tyrewala
Dir. MusicalVishal Bhardwaj
ParolierGulzar
ChanteursSadhana Sargam, Rekha Bharadwaj, Anuradha Sriram, Daler Mehndi, Rakesh Pandit, Ustad Sultan Khan, Sabir Khan, Dominique, Sanjeev Abhyankar
ProducteurBobby Bedi
Durée129 mn

Bande originale

Jhin Min Jhini
Ru-Ba-Ru
Rone Do
Dheemo Re
Maqbool Theme
Rukhe Naina
Chingari
Killing
Nirvana
Shoonya
Jhin Min Jhini (extended)

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 18 décembre 2008

Note :
(6.5/10)

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Jahangir Khan (Pankaj Kapoor), appelé respectueusement "Abbaji", est un puissant gangster. Grâce à la coopération de deux policiers véreux (Om Puri et Naseeruddin Shah) peu avares en prophéties, il n’a jamais été arrêté. Sa maîtresse Nimmi (Tabu), cependant, aime en secret l’un de ses hommes, Maqbool (Irfan Khan). Ce dernier n’ose braver l’autorité de son chef, et ne veut pas qu’il ait connaissance de leur relation. Mais Nimmi, qui souhaite vivre avec Maqbool, commence à lui suggérer des idées criminelles… Maqbool est une transposition de Macbeth de Shakespeare dans le monde de la pègre de Mumbai. Bien entendu, le spectateur qui s’attendrait à un pur film de genre hindi, autrement dit à un film de gangsters prenant, comme Ajay Devgan en a faits dans les années 2000 (Company, Apaharan), risquerait d’être bien déçu. S’il est aussi peu violent que les films de genre hindis moyens (c’est l’un de leurs défauts principaux, qui réduit l’impact de beaucoup de polars ou de films d’action produits dans l’industrie), Maqbool est en effet un pur film d’auteur, peut-être même l’un des plus rigoureux jamais vus à Bollywood. A titre d’exemple, le film n’a ni les chansons de Naach de Ram Gopal Varma, ni l’intrigue touchante des réalisations de Nagesh Kukunoor (Iqbal, Dor), films auteurisants plus accessibles en raison de leur technique et leur narration efficaces à l’anglo-saxonne, comparables aux films sociaux britanniques par exemple. Maqbool est pourtant l’adaptation de l’une des plus fameuses pièces anglaises, d’après l’histoire d’un roi d’Ecosse ayant réellement existé. Si l’on reconnaît l’intrigue principale de l’œuvre de Shakespeare, ce film est étonnamment froid, lisse, sans aspérité. On est loin du baroque shakespearien, des dilemmes moraux des personnages, notamment des remords du couple Maqbool-Nimmi. Autrement dit, si le film a un arrière-goût de Macbeth dans quelques scènes-clés nouant l’intrigue, il reste un exercice de style traditionnel, c’est-à-dire très théorique ; on a l’impression que le cinéaste veut jouer constamment sur les ambiguïtés des personnages, mais sans y parvenir complètement et, en gardant une fluidité narrative classique, il accouche au final d’une œuvre softcore, en quelque sorte, dans laquelle la violence de la pièce, écrite il y a plus de quatre siècles, est bien édulcorée. Cependant, si le film n’est pas une référence au même titre que les adaptations shakespeariennes en langue anglaise, il est certain qu’il est ambitieux, avec une distribution impeccable. On y retrouve dans les rôles principaux Tabu, qui se dépense sans compter en Lady Macbeth, et Irfan Khan, qui est depuis devenu une valeur sûre dans les productions hindis (Life In A… Metro, Billu) et anglo-saxonnes (Un Coeur Invaincu avec Angelina Jolie, A bord du Darjeeling Limited, et surtout Slumdog Millionaire). Il paraîtrait que le choix originel du réalisateur pour ce rôle-titre était Akshay Kumar ; mais ce dernier, tout talentueux qu’il soit dans des productions commerciales, n’aurait peut-être pas réussi à puiser en lui l’étrange détresse d’Irfan Khan qui, dans son rôle tourmenté, est l’acteur le plus marquant du film…
On retrouve aussi quelques vétérans quinquagénaires, comme Pankaj Kapoor, impénétrable en parrain, Om Puri, ou bien encore Naseeruddin Shah. Ce dernier est l’un des vrais acteurs shakespeariens du cinéma indien, pourrait-on dire, ayant déjà joué notamment dans une transposition scénique moderne d’Hamlet par le metteur en scène britannique Peter Brook, et par conséquent relativement habitué aux expériences théâtrales (l’acteur a d’ailleurs été chargé par Vishal Bharadwaj de quelque chose qu’il maîtrise bien, à savoir l’animation d’un atelier de théâtre avant le début du tournage afin que les comédiens fassent connaissance et se préparent pour leurs rôles). C’est justement là que le bât blesse légèrement. Car si Maqbool est un film d’auteur, cela tient moins de l’œuvre réaliste que du théâtre filmé, dans le sens le plus noble et positif de l’expression : les décors et le jeu des acteurs n’ont rien d’exagérément théâtral, certes… mais on en revient toujours à l’impression d’un exercice de style, limité et, par définition, un peu vain. C’est ainsi un film froid et plutôt lent, malgré une vérité des sentiments et un esthétisme certains. C’est un film assez pauvre en séquences mémorables, bien qu’il ait une ambiance tout à fait unique et intéressante. C’est un pur film d’auteur, austère, mais également original et personnel. A voir au moins une fois donc, si l’on a envie de faire la connaissance d’un film hindi très particulier, avec Irfan Khan dans son rôle le plus fameux. Mentionnons au passage que, même s’il est atypique, le film n’en est tout de même pas tout à fait unique, il ne l’est en tout cas pas resté longtemps : malgré un échec au box-office, le réalisateur réitérera en effet l’expérience avec son film suivant, Omkara, adaptation indienne d’Othello cette fois, qui présente de nombreux points communs avec Maqbool (pièce de Shakespeare, film d’auteur, truands, Naseeruddin Shah dans un second rôle), une atmosphère proche de ce dernier, mais un casting de stars plus important, qui permet d’apprécier ces dernières dans des contre-emplois inédits.

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