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Pardes

Traduction : Terre étrangère

Bande originale

Nahin Hona Tha
Meri Mehbooba
Yeh Dil Deewana
I Love My India
My First Day in USA
Do Dil Mil Rahe Hain
Jahan Piya Wahan Main
I Love My India (Part 2)
Title Music [Pardes]

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 15 mars 2007

Note :
(7.5/10)

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La belle et innocente princesse est promise à un beau prince. Mais c’est en fait un méchant homme et le preux chevalier va délivrer la princesse, terrassant le dragon. Robin des bois ? Shrek ? oui oui, et aussi, en version Bollywood : Pardes.

Ganga (Mahima Chaudhary) vit en Inde dans une grande ferme au milieu des champs, entourée de sa nombreuse famille. Kishorilal (Amrish Puri), ami d’enfance de son père, a fait fortune au Canada et revient en Inde chercher une épouse pour son fils Rajiv (Apurva Agnihotri), espérant ainsi faire perdurer les traditions dans sa famille. En médiateur entre la jeune fille et son prétendant, il envoie Arjun (Shah Rukh Khan) , orphelin qu’il a recueilli et qui lui est totalement dévoué. Après les fiançailles, Ganga passe quelques semaines au Canada avant le mariage, afin de s’acclimater. Le choc culturel est rude…

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La princesse

Pardes est un film attachant à plus d’un titre.
Tout d’abord, il met en scène une histoire qui fait résonner en nous tous nos rêves d’enfant : qui n’a pas rêvé d’être la princesse délivrée ? le chevalier courageux ? voire le sombre prince rebelle ? On trouve même dans Pardes la méchante sorcière (tantine canadienne), la marraine gaffeuse (tantine indienne) et la bonne fée (déguisée en grand-mère). Amrish Puri est excellent en dragon.

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La maison familiale de Ganga

Ensuite, même s’il peut sembler manichéen, le film a une véritable vocation pédagogique : que valent les rêves des aînés s’ils ne respectent pas ceux de leurs enfants ? Peut-on à la fois être NRI, élever ses enfants à l’occidentale, et leur imposer la culture d’un pays qu’ils n’ont jamais connu ? Jusqu’où peuvent aller l’abnégation et le dévouement si ces sentiments loyaux mettent en péril une autre personne ? Les traits un peu forcés de certaines situations, effectivement ne « font pas dans la dentelle », mais posent de bonnes questions.

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Le chevalier

On peut trouver Pardes caricatural et dépréciateur pour l’occident avec un discours dominant qui présente d’un côté l’Inde pure et traditionnelle, de l’autre côté l’occident perverti, mais en regardant bien, le seul personnage corrompu est le « prince » (et encore, on finit par compatir avec ce pauvre garçon), ce n’est pas l’ensemble de la communauté NRI qui est touchée, ni les occidentaux en eux-mêmes. Si l’on se met à la place de Ganga, on trouve ses colères tout à fait justifiées. Et plutôt réjouissantes, ça nous change des regards baissés et des filles qui souffrent en silence en attendant que le destin agisse, sous prétexte que Papa a dit…

Le troisième atout de ce film, c’est la direction d’acteurs de Subhash Ghai, qui dirige Shah Rukh Khan et Mahima Chaudhari comme aucun autre réalisateur ne l’a fait. Shah Rukh Khan délivre une prestation exceptionnelle, c’est pour moi un de ses meilleurs rôles : il joue à la perfection un Arjun inhibé par son statut d’orphelin recueilli, un homme doux et timide, introverti, qui parle très peu. Et dont le regard n’a jamais été aussi éloquent. On est loin de l’histrion bavard, extraverti et sûr de lui que nous délivrent tous ses films de cette époque.

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Choc culturel

Il faut dire aussi que Ganga parle pour deux ! Mahima Chaudhari dont c’est le premier rôle en rajoute un peu dans la première partie mais se rattrape ensuite, excellente en jeune fille innocente, investie de toute la force vitale de l’Inde et qui refuse les compromis. L’actrice a perdu depuis ses pommettes rebondies et la fraîcheur qui font tout le charme de Ganga, on ne peut que le regretter.

Le couple que Arjun et Ganga forment dans Pardes est plutôt improbable, mais cela sert le mythe du preux chevalier, qui protège avant d’aimer. Les plus belles scènes se situent d’ailleurs sur ce registre, où les non-dits sont superbes, où l’émotion est à fleur de regard. Les scènes où le sentiment amoureux émerge sont elles aussi attachantes, car Subhash Ghai réussit ce tour de force de rendre SRK « emprunté », gauche, mal à l’aise… ce n’est certes pas à la portée de tous les réalisateurs !

Le personnage du « vilain », joué par Apurva Agnihotri, est très bien étudié, car malgré tous ses défauts il n’est pas caricatural : déjà il est beau comme un prince des mille et une nuits, ensuite plus le film avance et plus on lui trouve des circonstances atténuantes, mais les derniers événements ne lui laissent aucune excuse…

Le scénario est classique mais bien construit, très cohérent. Les images sont belles, souvent théâtralisées. La mise en scène est éloquente dans les scènes intimes, assez réaliste dans les scènes quotidiennes, et plus grandiloquente dans les scènes à spectacle, comme dans la dernière scène de bagarre dans un magnifique fort du Rajasthan. Les échanges de coups n’en finissent plus mais la réalisation, qui va et vient entre le combat sanguinolent et l’orchestre classique qui donne un récital déchirant, donne une vraie force dramatique à la scène. A noter également, une scène de jeu « kabaddi » (orthographe non certifiée), à mi-chemin entre « la balle et le prisonnier » et le rugby, superbe.

Je suis partagée sur la musique : I love my India, est plutôt sympathique, très enlevée. Elle est certes d’un patriotisme suave, mais je soupçonne Subhash Ghai d’avoir mis le clip -très long- en début de film afin d’embobiner tous les Kishorilal - Amrish Puri, pour mieux les déstabiliser ensuite. Cela dit, elle devient vite une de ces rengaines dont on cherche plutôt à se débarrasser quand elle vous trotte dans la tête. La chanson qui sort vraiment du lot est Meri Mehbooba, mais le passage « obladi oblada » dans cette même chanson me gêne à chaque fois. En fait ce n’est pas tant la musique qui est inoubliable, que la mise en scène du clip, où SRK est particulièrement craquant avec sa casquette et ce regard triste et doux à faire fondre les plus blasées.

En somme, Pardes est un vrai film romantique, typiquement bollywoodien avec ses interrogations entre tradition ancestrale et modernité, parole d’honneur et bonheur individuel, respect des aînés et droit d’exister, abnégation et volonté propre, sans oublier les inévitables "bastons". C’est un film solide et bien construit, qui mérite le détour… et devient incontournable si on est fan de Shah Rukh Khan.

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