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S. Shankar

Fonctions : réalisateur, producteur, scénariste
De son vrai nom : Shanmugam Shankar (patronyme Shanmugam)
Né le : 17 août 1963 (60 ans)
à : Kumbakonam (Tamil Nadu)
Nationalité : indienne
Famille : marié, père de deux enfants

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La biographie de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 30 mars 2008

Dernière mise à jour le 23 novembre 2022

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Shankar est une figure-phare du cinéma indien et du sud de l’Inde. Dans un milieu dominé par le star-system c’est tout simplement le seul, avec Mani Ratnam, à s’être fait un nom à l’égal des acteurs et actrices. Cela ne se traduit pas uniquement par le crédit qu’on lui accorde et sa réputation, mais aussi au niveau de la promotion d’un film : c’est le premier metteur en scène ayant eu sa photo sur l’affiche, à côté des stars !
Et pour cause, le réalisateur sait y faire : sur l’ensemble de sa carrière, ses films ont rapporté un total de plus de 100 crore (c’est-à-dire 1 milliard !) de roupies.
Shankar a percé dans le milieu du cinéma au début des années 90 avec toute la nouvelle vague de réalisateurs et techniciens qui ont changé le cinéma du sud puis de l’Inde : les Santosh Sivan, AR Rahman, Jeeva, Priyadarshan, P.C. Sriram et quelques autres.
Il débute comme assistant auprès du réalisateur S.A.Chandrashekar. Le premier producteur à lui donner sa chance est le célèbre K.T.Kujumon, qui l’aidera notamment pour son deuxième film Kadhalan.

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Sur le tournage de Gentleman avec Madhu et Arjun

Une recette à succès, un parcours quasiment sans faute

Il s’est imposé comme un maître dans le domaine des divertissements commerciaux haut de gamme, jusqu’à devenir une franchise à part entière à l’égal de Rajinikant. Un film de Shankar est synonyme de grand spectacle, de glamour, de musiques entêtantes mises en image de manière grandiose. A chaque fois c’est un divertissement total qui vous en donne pour votre argent… C’est tout ce que demande le grand public, et c’est ce qui fait la force de ses films, ainsi que leurs limites.

Non content de divertir, il aborde à chaque fois des problèmes sociaux bien réels qui gangrènent la société tamoule, et contre lesquels ses héros de celluloïde luttent jusqu’à la dernière minute. Le succès de Shankar est donc celui d’une formule. Le cinéma masala du sud a toujours eu des héros invincibles et moralisateurs qui veulent changer la société. Shankar a adapté ce schéma au cinéma moderne de son époque. Il a réinventé le film de justicier social. Chacun de ses opus obéit à un schéma qu’il répète sans cesse, s’inspirant sûrement de ses héros de jeunesse, car le film de héros social était un genre prolifique dans les années 80. Gentleman, son premier film, l’a remis au goût du jour, inspirant ainsi nombre de jeunes réalisateurs qui le copieront inlassablement… sans parvenir à l’égaler !

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Aussi populaire qu’un acteur

Sorti en 1993, Gentleman reste son meilleur film à ce jour. Il y inaugure son personnage fétiche de justicier, abordant en fond des questions délicates de caste et de justice. Avec une musique de AR Rahman dont chaque chanson est devenue un classique aujourd’hui, le film a fait un carton énorme à l’époque. Dans Mudhalvan le héros se voit proposer un poste de ministre temporaire pour voir s’il pourrait faire mieux que les politiciens en place, dans Indian un ancien combattant pour l’indépendance (freedom fighter) prend les armes pour éradiquer la corruption de l’Inde actuelle, dans Anniyan un ’superhéros’, réincarnation du dieu de la mort, vient punir les corrompus et éradiquer le mal sur terre…
Aucun de ses films n’atteindra le niveau de Gentleman, du point de vue artistique (à part peut être Indian, avec Kamal Hassan), mais en termes de succès populaire, le renom de Shankar s’est accru de manière exponentielle à chaque nouvelle sortie jusqu’à atteindre des proportions inégalées pour un réalisateur indien.

Un professionnel à part entière

S’il a réussi à se faire sa place, c’est aussi que le réalisateur a su évoluer avec son temps. Il est parvenu à suivre aussi bien l’évolution technologique que les changements du public, et ce que cela imposait à sa fonction de réalisateur. Il s’est mué en un redoutable homme d’affaire, sachant vendre ses films comme personne : casting alléchant avec les meilleurs acteurs et actrices du moment, images à la pointe de la technologie, musiques de AR Rahman à chaque fois très populaires (ses BO se vendent encore aujourd’hui, plus de 10 ans après, malgré le piratage) et forte promotion.
Shankar a une capacité étonnante à extraire le meilleur de chaque technicien, il est d’ailleurs réputé comme très exigeant. Il oblige tout le monde sur le plateau à éteindre son portable, ce qui est rare en Inde, ses tournages s’étalent souvent sur près d’une année ce qui là aussi est très rare quand on sait qu’un film tamoul peut être bouclé en quelques mois à peine. Enfin, à l’instar de certains réalisateurs hollywoodiens il inclut une clause de confidentialité et d’exclusivité : aucun technicien ou interprète du film n’est autorisé à participer à un autre projet pendant le tournage de ses films, et encore moins à en dévoiler le moindre détail sous peine de renvoi immédiat.
Cela assure à ses films une promotion toute faite basée sur le mystère qui les entoure. Même lorsqu’il s’agit d’une nouvelle collaboration, Shankar prouve son talent. Pour Anniyan il s’était brouillé avec son acolyte et ami de toujours A.R.Rahman, trop occupé avec ses projets internationaux ; à la surprise générale, il opte alors pour le jeune compositeur star du moment, Harris Jeyaraj, qui délivre une BO étonnante portant autant la patte de Shankar, que celle du musicien.
Shankar fait partie de ces réalisateurs qui participent activement à la conception d’un long métrage, dans son intégralité, en pilotant méticuleusement chaque technicien avec un souci du détail digne d’un orfèvre. Il s’est construit une réputation d’Entertainment Man de Kollywood… mais il a fini par s’y enfermer.

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AR Rahman et Shankar

Un artiste frustré ?

Pourtant il a essayé de déroger plusieurs fois à sa formule fétiche. Dès son deuxième film, Kadhalan en 1995, il réalise un thriller bien maîtrisé, qui marche bien et est même doublé en Hindi. C’est lui qui repère Aishwarya Rai et lui offre son premier rôle principal au cinéma, dans le film romantique Jeans qui est aussi un gros succès doublé dans la plupart des langues de l’Inde. Le film la fait connaître, même si c’est en fait Mani Ratnam qui l’avait repéré un an plus tôt pour Iruvar. Mais à chaque fois pour pouvoir financer ces films un peu différents, il doit faire quelques grosses productions fidèles à sa recette, qui immanquablement marchent beaucoup mieux.
La limite est peut être franchie en 2000 quand avec Boys, il s’essaye au teen-movie à l’indienne… et connaît le premier échec de sa carrière. En fait le film n’est qu’un semi-échec, mais de la part d’un réalisateur considéré comme infaillible, la situation est vécue comme un camouflet.

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Sur le tournage de Sivaji avec Rajini et Suman

En 2005 il retourne donc à ce qu’il fait le mieux, avec Anniyan où il mélange les grandes lignes d’Indian aux codes des films de super héros. Encore une fois c’est un succès tonitruant, le plus grand de sa carrière. Il est doublé dans toutes les langues, y compris en Hindi. Anniyan reste à ce jour le film doublé le plus lucratif en Telugu sous le nom de Aparachitudu. A un moment une rumeur attestait même qu’il sortirait en France. Dans la foulée on lui confie le méga-projet Sivaji. Pour la première fois son nom est associé à LA Superstar du cinéma tamoul : Rajinikant. Une combinaison alléchante, qui est surmédiatisée dès le jour de son lancement et jusqu’à sa sortie, sans que rien ne filtre quant à l’histoire du film (un coup de maître en matière de publicité). Sivaji est un raz-de-marée qui réduit au silence tous les autres films même hindis. Il sort à l’échelle internationale, doublé en Inde dans plusieurs langues notamment en Telugu. Le plus étonnant c’est qu’au moment de sa sortie le film marche bien partout, y compris au nord de l’Inde alors qu’il n’est pas encore doublé ni sous-titré.

Shankar, le producteur découvreur de talents

Le simple réalisateur s’est donc peu à peu mué en businessman émérite. Mais pour autant l’artiste qui sommeillait en lui n’est pas resté inactif, puisqu’il porte également la casquette de producteur.
Sa carrière dans ce rôle clé du cinéma indien commence quand il fonde sa première société de production, « S films » à la fin des années 90. Il commence par co-produire certains films, comme Mudhalvan. En 2000 pour avoir plus d’indépendance et pouvoir produire un film à lui tout seul, il lance une autre société de production « S Pictures » et s’affranchit de la pression des producteurs.
Malheureusement sa première production ambitieuse, Boys, n’est pas vraiment une réussite et menace d’entrée la fragile structure. C’est aussi pour la renflouer qu’il doit enchainer les grosses productions de studio ces dernières années (Anniyan, Sivaji).
Avec sa société, Shankar réinjecte les sommes engrangées par ses réalisations dans de petits films exigeants, souvent très personnels, à des années lumières de ce qu’il fait en tant que réalisateur. En 2004, à peine remis de l’échec de Boys il donne à son ancien assistant Balaji Shaktivel 200 000 roupies pour réaliser un projet qui lui tient à cœur : Kadhal. Ce film réaliste abordant le problème des castes se révèle le phénomène de l’année, ramenant 10 fois sa mise, sans compter des projections dans plusieurs festivals internationaux.

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Shankar entre Mani Ratnam et Vasantha Balan au festival de Cannes 2007

Par la suite le film Veyyil, un drame là aussi très réaliste, connaît le même destin et participe au festival de Cannes 2007 dans la section « Cinémas du monde ». Sa production suivante, Imsai Arasan 23am Pulikesi est moins personnelle mais plus originale : il s’agit d’une comédie sociale historique en costume, avec le comédien Vadivelu dans le rôle-titre. Pour la toute jeune société de production c’est un succès public sans précédent, qui lui ouvre de nouveaux horizons : celui des villages, des petites villes, bref le public populaire qui forme la plus grande partie du public tamoul, et qui n’était jusque là pas vraiment visé par des films pointus comme Kadhal ou Veyyil.

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Kadhal et Veyil : 2 classiques produits par Shankar

Ce flair en matière de production rappelle une chose : Shankar un œil expert pour déceler de nouveaux talents. Dès son premier film il révèle Prabhu Deva. Dans le mythique clip Chikku bukku rayile, qui est la première chanson rap du cinéma indien, l’acteur-danseur met le feu à l’écran dans une chorégraphie qui impressionne encore aujourd’hui. Shankar lui donne le rôle principal de son film suivant, Kadhalan, faisant passer le danseur dans la case acteur. Celui ci occupera le haut de l’affiche pendant tout le milieu des années 90. Dans Jeans il a lancé Aishwarya Rai, qu’on ne présente plus aujourd’hui, en lui offrant son premier rôle à succès. Si Boys a été un échec, il a permis de lancer deux jeunes acteurs qui font aujourd’hui parler d’eux. Bharat est devenu une star montante incontournable du cinéma tamoul (Pattiyal, Koodal Nagar), alors que Siddarth est une véritable star dans le cinéma telugu (Bommarillu, NvNv), et tourne même des films à Bollywood (Rang De Basanti). En matière de réalisateurs il a donné leur chance à certains de ses anciens assistants : Balaji Shaktivel (Kadhal, Kalloori), Vasantha Balan (Veyyil), et Chimbudevan (Imsai Arasan 23am Pulikesi), qui ont tous fait preuve d’un talent réellement intéressant, et sont tous des réalisateurs dont les films suivants sont très attendus par les critiques comme par le public.

Ces succès, que ce soit avec la casquette de réalisateur ou celle de producteur, en font un personnage paradoxal, mais finalement très indien : d’un côté le réalisateur strict attaché à une formule efficace mais basique, et de l’autre le technicien perfectionniste, découvreur de talents émérite, producteur avisé de films de qualité. Tout cela en fait une personnalité incontournable du cinéma au sud de l’Inde, et accessoirement le réalisateur le mieux payé.
Son projet fétiche : Robot, rebaptisé Endhiran et sorti en 2010, un film de science-fiction qui se passe à Madras dans un futur où les hommes côtoieraient les machines, est un des plus gros budgets de tous les temps en Inde (plus d’1 milliard de roupies) et rassemble la Superstar Rajinikanth et Aishwarya Rai.

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Filmographie

Réalisateur :
2018 - 2.0 avec Rajinikanth, Akshay Kumar, Amy Jackson - Musique : AR Rahman

2015 - i avec Vikram, Amy Jackson - Musique : AR Rahman

2012 - Nanban - Mon pote avec Vijay, Jeeva, Srikanth

2010 – Endhiran - Robot avec Rajinikanth, Aishwarya Rai - Musique : AR Rahman

2007 – Sivaji : The Boss avec Rajinikanth, Shreya, Nayantara - Musique : AR Rahman

2005 – Anniyan avec Vikram, Sadha, Vivek, Prakash Raj - Musique : AR Rahman

2003 – Boys avec Siddharth, Genelia, Bharath, Vivek, Senthil, Nakul, Manikandan - Musique : AR Rahman

2001 – Nayak (Hindi) avec Anil Kapoor, Rani Mukerji, Amrish Puri, Sushmita Sen - Musique : AR Rahman

1999 – Mudhalvan avec Arjun, Manisha Koirala, Sushmita Sen - Musique : AR Rahman

1997 – Jeans avec Prasanth, Aishwarya Rai, Nasser - Musique : AR Rahman

1996 – Indian avec Kamal Haasan, Manisha Koirala, Urmila Matondkar - Musique : AR Rahman

1994 – Kadhalan avec Prabhu Deva, Nagma, Raghuvaran, SPB - Musique : AR Rahman

1993 – Gentleman avec Arjun, Madhubala, - Musique : AR Rahman

Producteur :
2008 – Arai en 305il Kadavul - Réal : Simbhudevan avec Prakash Raj - Musique : Sabesh Murali

2007 – Kalloori - Réal : Balaji Shaktivel avec Tamanna - Musique : Joshua Sridhar

2006 – Imsai Arasan 23am Pullikesi - Réal : Simbhudevan avec Vadivelu, Nasser - Musique : Sabesh Murali

2006 – Veyil - Réal : Vasantha Balan avec Parthiban, Bharat, Bhavana - Musique : GV Prakash

2004 – Kadhal - Réal : Balaji Shaktivel avec Bharat, Sandhya - Musique : Joshua Sridhar