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Thanmatra

Traduction : Molecule

LangueMalayalam
GenreDrame
Dir. PhotoSethu Sriram
ActeursMohanlal, Nedumudi Venu, Meera Vasudevan, Arjun Lal
Dir. MusicalMohan Sithara, Bharathiyar
ParolierKaithapram
ChanteursKarthik, Sujatha, Unnikrishnan, P. Jayachandran, M. G. Sreekumar, Mohanlal, Sheela Mani, Vidhu Prathap, Sunil
ProducteurRaju Matthew
Durée144 mn

Bande originale

Ithaloornnu
Mindathedi
Mele Vellithingal
Ithaloornnu II
Mindathedi (Female)
Mizhikalil
Kaatru Veliyidai

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 19 septembre 2007

Note :
(8/10)

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Ramesh Nair (Mohanlal) est un modeste secrétaire au service de l’Etat. Son rêve était de devenir officier de l’IAS (Indian Administrative Service, sorte d’équivalent de l’ENA), mais il n’y est pas parvenu et doit se contenter d’un petit travail de fonctionnaire dont il s’acquitte avec sérieux. Il mène une vie familiale réussie, est marié et heureux père de deux enfants. Il partage un lien particulièrement fort avec son fils, qu’il entraîne depuis toujours pour qu’il réalise son rêve et devienne officier de l’IAS. Comme le système scolaire indien est fortement basé sur le « par cœur », Ramesh a trouvé toutes sortes d’astuces mnémotechniques pour aider son fils à tout retenir et réussir ses examens.
Bref il mène une petite vie tranquille, cellule familiale heureuse, cellule professionnelle stable… jusqu’à ce que ses cellules grises à lui ne commencent à montrer des signes de faiblesses. Ce sont d’abord de petits oublis anodins : ces détails énervants qu’on a sur le bout de la langue mais dont on ne parvient pas à se souvenir. Mais peu à peu il oublie le nom de sa femme, celui de son meilleur ami qu’il connaît pourtant depuis l’enfance, les paroles d’une chanson qu’il chante depuis toujours… jusqu’au jour où il confond sa maison avec son lieu de travail. Le verdict tombe, implacable : il souffre d’Alzheimer, comble du cynisme pour quelqu’un qui était doté d’une mémoire à toute épreuve. Peu à peu tous ses souvenirs s’effacent et il se « vide » complètement, au grand désespoir de sa famille.
Il décide alors de s’effacer et de retourner dans la maison de son enfance à la campagne, pendant que son fils va passer les entretiens tant attendus pour être reçu à l’IAS. Alors que son père sombre de plus en plus dans la maladie, lui se joue de ses examinateurs et triomphe.

Le cinéaste Blessy a réalisé avec ce film un coup de maître, maniant à la perfection les sentiments. Plutôt que de verser dans le pathos académique qui lui tendait les bras, il a opté pour le réalisme simple, et traite son sujet tout en délicatesse, sans le spectaculaire et la théâtralité qu’on aurait pu craindre. De même pour la musique, elle colle au sujet et les quelques chansons chorégraphiées se fondent dans la narration – pas de chansons en Suisse donc.
Par des plans simples et des détails anodins mais significatifs, il montre les progrès insidieux de la maladie, ainsi que les rapports humains, dans le monde du travail comme dans la famille, qui se nouent autour de Ramesh, rendant tous ces personnages attachants. On est d’autant plus touché quand ce monde tranquille et ordinaire vole en éclats. Au-delà du drame humain, le film prend même un certain côté mystique avec la relation très forte qui lie le père à son fils – qui communiquent toujours malgré la maladie. Même la maladie est prise avec un peu de philosophie (à moins que ça ne soit du fatalisme). Après tout, on vient au monde sans rien, et on en repart sans rien non plus, peu importe d’avoir des souvenirs ou pas lorsqu’on le quitte, au moins il n’y a ni souffrance ni regret pour le principal intéressé.

Tous les acteurs sont très bons, et c’est l’une des qualités majeures du film : il ne s’agit pas d’un one-man-show visant à étaler la performance de la star, mais d’un film humain qui montre comment ce drame est vécu par tout un entourage. Tous ont leur petite importance, c’est finalement surtout pour eux que les événements sont le plus difficile à supporter.
La plupart des acteurs sont des seconds rôles récurrents dans les films malayalams qui n’ont plus à prouver leur talent. Nedumudi Venu en particulier, immense comédien, est déchirant de dignité dans le rôle du père de Ramesh. Meera Vasudevan, qui tient pour la première fois un rôle de mère de famille, est parfaitement crédible, mais c’est surtout le jeune Arjunlal dans le rôle du fils qui étonne par sa maturité et son talent – il a d’ailleurs reçu le prix du meilleur jeune acteur.
Mohanlal crève l’écran dans le rôle principal. Débarrassé de tous ses tics d’acteur, il se fond dans la peau du personnage, lui trouvant une démarche et une gestuelle propre. Sa transformation progressive est impressionnante, tout en intériorisation et en dignité, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible, et qu’à force de désapprendre il retrouve l’innocence d’un jeune enfant.

Au final, Thanmatra – qui peut se traduire par ‘cellule’ ou ‘molécule’ – est un film bouleversant, mené de main de maître par Blessy, un des grands espoirs du cinéma en langue malayalam. A regarder absolument avec une boîte de kleenex à proximité, car c’est le genre de film qui vous touche au plus profond et que vous gardez en mémoire longtemps après l’avoir vu. Quant à Mohanlal, il a remporté le prix du meilleur acteur pour sa prestation époustouflante, rappelant qu’il n’est pas qu’une superstar mais aussi un authentique acteur de composition, comme on n’en fait plus beaucoup en Inde.

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