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Zubeidaa


Bande originale

Dheeme Dheeme
Main Albeli
Mehndi Hai Rachnewali
So Gaye Hain
Hai Na
Pyaara Sa Gaon
Chhodo More Baiyyan

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La critique de Fantastikindia

Par Marine - le 28 janvier 2014

Note :
(6/10)

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Peu après la Partition, en Inde, une jeune fille de famille musulmane, Zubeidaa (Karisma Kapoor), souhaite devenir actrice. Seulement son père (Amrish Puri bien évidemment) brise son rêve et la marie au fils d’un ami qui revient du Pakistan. Mais alors que Zubeidaa pourrait trouver le bonheur auprès de son mari et de son fils nouveau né, un conflit entre les deux familles entraîne le divorce des deux jeunes. C’est sa rencontre avec un maharaja (donc un hindou) qui va sortir l’héroïne de sa solitude.

Avant d’aller plus loin, il faut replacer ce film au sein de la filmographie de Shyam Benegal. Zubeidaa est la dernière partie d’une trilogie basée sur les personnages féminins d’une famille musulmane. Le premier est Mammo qui était projeté au cours de cette 10e édition de l’été indien au musée Guimet. Sorti en 1994, ce film a pour héroïne Farida Jalal, veuve musulmane baladée entre l’Inde et le Pakistan. Le second est Sardari Begum, sorti en 1996, qui met en vedette Kiron Kher dans le rôle d’une chanteuse et courtisane tuée lors d’une émeute à Delhi. Contrairement à ce que les avertissements de début du film nous racontent, ces histoires sont tirées de faits réels de la vie de la famille de Khalid Mohamed, le fils de Zubeida Begum. Journaliste, éditeur, et critique de cinéma, on lui doit également des réalisations comme Fiza (2000) et Tehzeeb (2003).

En sortant de la séance, la première constatation est plutôt désolante. Le réalisateur a une vision très sombre de ses personnages et ne leur laisse aucune chance de salut sinon la mort (oui c’est joyeux).
Les femmes du film n’ont aucune liberté, sauf dans la mort donc. Mandira (Rekha) en tant que reine ne peut pas être jalouse de la seconde femme de son mari. La mère de Zubeidaa n’a rien à dire dans les décisions que prend son mari pour la famille. La seule qui semble libre est la danseuse Rose, mais quand on la voit plus vieille, dans la misère avec pour seuls compagnons ses chats… on se dit qu’elle le paye bien cher. Ça sonne presque comme une menace pour la spectatrice.
Le réalisateur n’est pas plus tendre avec les hommes qui ont tous pléthore de défauts. Le père est tyrannique et volage, le premier mari est lâche, le beau-frère est manipulateur, le maharaja est prisonnier de son désir, etc. Désolée, mais pas de quoi rendre amoureuse une femme.
Tous les personnages sont condamnés par leur condition : les femmes à cause de leur sexe et les souverains de leur devoir. Ici, effectivement, Zubeidaa est la seule dont la condition échappe à sa naissance. On remarquera d’ailleurs que Zubeidaa est toujours sous la tutelle d’un homme, sauf quand elle est divorcée. Mais ça ne dure pas.

Dans Zubeidaa, ce qui est intéressant, c’est l’Histoire vue à travers l’histoire : la Partition, les royaumes après l’indépendance, la classe moyenne musulmane à cette époque. En fait, on s’intéresse plus à ces détails qu’à l’histoire de la pauvre femme. Il faut avouer que le procédé, un fils qui enquête pour savoir qui était sa mère, devrait nous aider à éprouver de l’empathie pour Zubeidaa. Or il n’en est malheureusement rien. Quant aux scènes « romantiques » entre Zubeidaa et son raja (Manoj Bajpal), elles ont fait rire la salle du Musée Guimet. Est-ce parce que le jeu est trop daté ? Ou parce que le public était hermétique à ce genre ? Un peu des deux sûrement. Côté scénario, une chose m’a chiffonnée : pourquoi le fils recherche tant sa mère et renonce très facilement à son père, peut-être encore en vie ?

Karisma Kapoor a reçu le Filmfare Award de la meilleure Actrice de la part de la critique pour son interprétation. Pourtant, moi qui l’apprécie beaucoup (ce qui est rare à la rédaction de Fantastikindia), j’ai été très déçue. Dans le duel qui l’oppose à Rekha, elle est complètement écrasée par la prestance de sa rivale. Et le jeu de Surekha Sikri (qui joue le rôle de la mère de Zubeidaa) est beaucoup plus intense. Alors, à qui, à quoi à la faute ? J’ai ma petite idée, même si certains diront qu’elle est tirée par les cheveux, mais Karisma Kapoor est malheureusement infantilisée à l’écran par les coiffures qu’elle porte. Cela fait passer son comportement pour une succession de caprices alors qu’il s’agit juste d’une femme qui souhaite être heureuse. Pas facile de passer pour une femme à la recherche de l’amour et de la liberté quand on porte les couettes de Laura Ingalls. Mais dans l’ensemble il n’y a rien à dire sur la distribution féminine. Ces actrices sont superbes.
Pour ces messieurs, Rajit Kapoor qui détient le rôle principal est passe-partout. Manoj Bajpai est plus à l’aise dans son rôle de Maharaja que dans celui d’amoureux transi. Et Amrish Puri excelle dans l’art d’être odieux.

Un dernier mot sur la musique qui est plutôt réussie. Le générique de début, So Gaye Hain, que l’on retrouve à plusieurs reprises dans le film, est une merveille. On remerciera le génie d’A.R. Rahman.
En somme, ce film qui a reçu un National Film Award de meilleur film est bon pour un dimanche après-midi pluvieux…


So Gaye Hain

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