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Anaganaga O Dheerudu

Traduction : Il était une fois un guerrier

LangueTelugu
GenreFilm fantastique
Dir. PhotoSoundar Rajan
ActeursSiddharth, Shruti Hassan, Lakshmi Prasanna, Baby Harshita, Ravi Babu, Ali, Ramji, Phani
Dir. MusicalM. M. Keeravani, Salim-Suleiman, Koti, Mickey J Meyer
ParoliersChandrabose, Vedavyas
ChanteursShreya Ghoshal, Salim Merchant, Karthik, Rajiv Sundaresan, Sahiti, Chaitra, Anuj Gurwara, Geetha Madhuri, Abhijith, Rishikesh, S. P. Balasubrahmanyam
Producteurs Prasad Devineni, K. Raghavendra Rao
Durée135 mn

Bande originale

Ninnu choodani
Premalekha
Pralaya Kaalabelaa
Chandamaamala
Tharumukosthondi
Premalekha (Remix)
Yodha Theme

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Guiridja, Didi - le 30 décembre 2011

Note :
(6.5/10)

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Avis de Didi :

Il était une fois une grande firme cinématographique internationale qui voulait se tailler une part de gâteau dans le grand marché cinématographique indien. Pour cela elle développa des partenariats avec les industries cinématographiques locales et décida de produire un film de l’industrie cinématographique de l’Andhra Pradesh en langue telugu. Le résultat : imaginez un savant mélange entre le château de la Belle au Bois Dormant et la mosquée d’Hyderabad, mélangez des éléments de l’univers Disney (des méchants très méchants et des gentils très gentils), assaisonnés à la mode telugu (mode, comique, décors) et vous obtiendrez… Anaganaga O Dheerudu.

Quant à l’histoire, elle prend la forme d’un conte classique. Commençons…

Il était une fois une méchante sorcière nommée Irendri (Lakshmi Prasanna),

qui tenait à la fois de la sorcière de Blanche-Neige (rappelez-vous celle qui était narcissique et qui ne cessait de questionner son miroir), de la fée Carabosse de La Belle au Bois Dormant (celle qui est assez cruelle pour jeter une malédiction sur un nouveau-né) et de la Reine de Pique d’Alice au Pays des Merveilles (celle qui dit tout le temps "coupez-lui la tête !"), et qui avait réussi à capturer la force du serpent (Indian touch).

Elle s’en servit pour semer la désolation dans la contrée d’Anga Rashtram,

N’épargnant personne, pas même les pauvres enfants.

Les prêtres et leurs rituels étaient impuissants face à la force de la méchante sorcière.

Pour délivrer la contrée de l’emprise maléfique d’Irendri, il fallait un pouvoir bienveillant qui réussirait à anéantir les forces maléfiques de la sorcière, de son serpent et de ses sbires.

Seul pouvait y parvenir une enfant aux pouvoirs magiques habitant dans un monastère éloigné, Moksha.

Pour la conduire dans la contrée d’Anga Rashtram afin de détruire le charme maléfique d’Indira, elle était aidée d’un guerrier aveugle, Yodha (Siddharth).

Yodha n’avait pas toujours été aveugle. Avant l’avènement de la sorcière, il avait même été un charmant jeune homme, dragueur impénitent, amoureux de la belle Priya (Shruti Hassan).

La belle habitait un curieux village où les maisons étaient en forme d’escargots

Et où il y avait de curieux comiques travestis en femme, avec des moulins à vent à la place de la poitrine.

Yodha, Mokha, aidés de Druki, un père dont le petit garçon est endormi à cause du charme maléfique d’Irendri,

vont-ils réussir à vaincre la sorcière, son serpent et son armée de méchants ?


Au bout de 2 h 15 de débauche visuelle, on n’est que moyennement convaincu par cette alliance de cinéma telugu et de Disney. Le film possède certes des qualités indéniables : une histoire cohérente sans sous-intrigues partant dans tous les sens, une bonne alchimie entre Siddharth et Shruti Hassan, des scènes de comiques réduites au minimum syndical (faut bien faire travailler les comiques), mais on finit par avoir une overdose de méchants attifés de façon ridicule (des chaussures en piquants, des casques à tête de mort, etc.), de serpents déclinés sous toutes les formes et de manichéisme à outrance. Les scènes chantées sont sans surprise (sauf la robe immonde portée par Shruti sur un plan, monument de kitcherie) et les scènes de combat peu convaincantes.

Le rêve Disney d’une ouverture sur le marché indien s’est révélé un bide au box-office (27 crore) en dépit d’une sortie mondiale, à tel point que les versions tamoules et malayalam qui étaient prévues ont été remballées dans les cartons, le public telugu ayant peut-être été dérouté par une histoire courte, sans sous-intrigues partant dans tous les sens. Le film a même été interdit aux moins de 13 ans aux États-Unis pour sa "violence et ses images effrayantes" (les piquants des chaussures des méchants ? les seins-moulins à vent des comiques travestis ? la robe de Shrutti ?). Un comble, pour un film qui se voulait familial !

Anaganaga O Dheerudu peut malgré tout vous permettre un dépaysement, parfois comique, pendant 2 h 15.

Ma note : 6/10

Avis de Guiridja :


Qu’est-ce qui peut pousser une fan inconditionnelle des films tamouls (et de Rajini la superstar) à franchir la frontière et à aller voir ce qui se passe du côté de nos amis telugus ? Un Disney, bien sûr !!

L’histoire :

Il était une fois dans un pays lointain appelé Anga Rashtram une méchante sorcière, Irendri (Lakshmi Prasanna). Cette dernière acquit le pouvoir du dieu-serpent et à s’en servir pour terroriser la population d’Anga Rashtram. Afin de mettre fin à l’ascension de cet être maléfique, un gourou réussit à s’opposer à elle. Malheureusement, Irendri parvint à enfermer son âme dans un médaillon en attendant l’heure de son retour.

Plusieurs années passèrent, et les gens d’Anga Rashtram oublièrent Irendri. Malheureusement, un mal frappa les enfants du pays et aucun guérisseur ni aucune prière ne vint à bout de ce mal. C’est ainsi qu’un homme du village d’Agarthala, Druki (Ramji), fut envoyé dans l’ashram voisin afin de ramener avec lui l’enfant du prodige Moksha, (Baby Harshita). Cette enfant possédant des pouvoirs divins est la seule qui puisse venir à bout de ce mal inconnu. Lorsque Druki arrive à l’ashram, il obtient l’accord d’emmener l’enfant avec l’escorte d’un guerrier aveugle, Yodha, (Siddharth).

Avant de partir, une fête est donnée durant laquelle Yodha, Druki, Moksha et les autres sont attaqués par des hommes masqués.
Yodha prouve que, malgré son handicap, il reste avant tout une fine lame et arrive à bout de ses adversaires. Cependant il remarque qu’une marque est gravée sur le front de ses agresseurs. Cette marque lui rappelle le dessin qu’il y avait sur le médaillon de sa bien-aimée Priya (Shruti Hassan).

Ce mystère taraude notre héros qui se met en chemin vers Agarthala accompagné de Moshka et de Druki.

Disney a décidé depuis 2008 de cibler certaines de ses productions, c’est à dire, un film répondant à des critères bien précis afin de toucher un public ciblé contrairement aux grandes productions Disney "américaines" doublées dans toutes les langues et qui inondent tous les pays. Ces productions sont diffusées et distribuées uniquement dans la zone choisie avec possibilité d’un sous-titrage anglais (ex : Roadside Romeo, Zokkomon et Do dooni chaar pour le nord de l’Inde, Trail of the Panda et High School Musical China pour la Chine). Cette volonté est motivée par la prise de conscience que Disney a beau être un géant en Occident, il n’arrive pas à percer dans ces industries cinématographiques très fermées qui se suffisent à elles-mêmes. Ainsi, en sortant de cette habitude de tout faire eux-mêmes, ils ont développé des partenariats avec des producteurs locaux (Yash Raj Films et A Bellyful of Dreams Entertainment entre autres pour l’Inde) afin d’avoir une accroche avec le public visé. De plus, le fait de faire appel à des acteurs indiens reconnus pour interpréter les rôles principaux et effectuer le doublage des voix permet d’avoir un impact encore plus fort auprès de la population locale et ainsi une chance de vendre et de s’implanter à long terme.

C’est dans cette optique qu’a été réalisé le film Anaganaga O Dheerudu : un film pour le sous-continent indien avec une star bankable et un respect des codes des films locaux qui permettra d’asseoir Disney. Le projet est confié à des locaux avec la mise à disposition d’un budget "made in Disney".

La question étant, quel en sera le résultat ?

Étant fan de Disney, il était tout simplement impensable pour moi de passer à côté de ce film, qui plus est, un film réalisé pour le sud de l’Inde. Maintenant, que les choses soient claires, nous parlons d’un film Disney, donc, que les adeptes de masala et de films néo-réalistes passent leur route, il n’y a rien pour eux, pas même un os à ronger dans Anaganaga O Dheerudu.

Pour les autres, c’est par ici que ça se passe.

L’histoire du film n’est pas la plus originale qui soit, un guerrier qui doit se battre contre une méchante sorcière pour sauver son amour et protéger une jeune fille, il y a plus original. Par contre, le bon point, c’est que cette trame universelle s’adapte très bien à la culture indienne. Ainsi, le spectateur n’est pas dépaysé par le contexte (cf l’Anthologie du cinéma Tamoul, année 50/60). Ce que l’on peut regretter, c’est qu’à trop vouloir jouer la carte de la sécurité, il n’y a aucune prise de risque, et malheureusement cela se ressent dans le film qui est très linéaire. Anaganaga O Dheerudu pèche ainsi au niveau scénaristique sans pour autant tomber dans le gros navet indigeste. Ainsi, à aucun moment on est pris par l’émotion en se retrouvant à parler à son écran : "Non !!! Mufasa, tu peux pas mourir !!!! Simba, c’est pas de ta faute !!!!!!!!!!!! (cette phrase fonctionnant aussi avec Baloo et Mowgli, Maman ours et Koda, la Bête et la Belle). Il n’y a pas de suspense, on sait à l’avance ce qui va se passer, ce qui est le cas pour une grande partie des films de toute façon, me direz-vous, mais tout de même, il y a cette "routine" qui s’installe dès le début du film et qui fait qu’on reste un peu sur notre faim. Les personnages sont tous des caricatures et, sans pour autant mal jouer, personne n’arrive à transcender le carcan de son personnage et à se détacher pour marquer le spectateur. Personne ? Pardon, je parle (ou j’écris) trop vite. Il y en a une qui effectivement ne laisse pas indifférent, j’en parle un peu plus tard si vous le voulez bien (et même si vous ne le voulez pas, soit dit en passant d^.^b).

les acteurs sont justes dans l’ensemble, Siddharth m’a agréablement surprise. En effet, on ne peut pas dire que le jeune homme est carré comme une montagne de muscles, mais finalement son physique s’accorde au personnage car il a ce côté "prince charmant" qui colle bien au film plus que le côté guerrier. Il rend Yodha attachant et séduisant dans les scènes romantiques, comique dans les scènes correspondantes et juste crédible dans ses combats. Les producteurs auraient peut-être dû changer le titre car sincèrement, il n’y a pas grand-chose de guerrier dans ce film. C’est comme si l’on vous disait que le héros de La Belle au bois dormant est un guerrier… Vous voyez bien qu’il y a quelque chose qui cloche…

Shruti Hassan, qui n’en finit plus de faire parler d’elle dans les films du sud, est juste parfaite dans ce film. Elle a la silhouette gracile qui renforce ce côté belle gitane insaisissable, ses mimiques, son visage, tout colle avec son personnage. De plus elle est vraiment mise en valeur aussi bien dans les clips que dans le film.

La petite Baby Harshita et toute mignonnette, désolée c’est le seul mot qui me vient à l’esprit après l’avoir vue dans le film. On a clairement envie de la protéger.

Parlons maintenant de la grande méchante jouée par Lakshmi Prasanna. Elle est juste magistrale ! Elle honore parfaitement la lignée des grandes méchantes de Disney. Elle a la prestance de Maléfice et la noirceur d’Ursula ainsi que le charisme de Jafar. Lakshmi s’amuse à être Irendri, prend un plaisir fou à jouer cette méchante sorcière et ça se voit. Il faut dire qu’ils l’ont bichonnée, à coup de maquillage et de robe psychédéliques, elle s’imprime sur votre rétine et impossible de rester indifférente face à elle, en particulier ses concertations avec Sarpini. Pour moi, elle est tout simplement mon énorme coup de cœur du film.

Les personnages secondaires sont bons, sans plus.

Les costumes sont vraiment dignes d’un conte de fée. On n’a jamais vu un guerrier avec un habit brodé de la sorte, mais c’est pas grave (quand je vous dis qu’il a l’allure d’un prince !).

Shruti aussi est largement mise en valeur avec des robes écrins qui accentuent sa fine silhouette et comme je le disais un peu plus haut, c’est Irendri qui bénéficie du maquillage et des costumes les plus impressionnants.

La photographie est en demi-teinte. Les décors naturels sont de toute beauté (ex : ceux de Turquie), les paysages, les couleurs, rien n’est laissé au hasard. Par contre les décors en papier mâché… laissent un peu à désirer. Visiblement, ce chef-opérateur, Kovelamudi Raghavendra Rao, était un adepte des péplums/épopées durant les années 80, ce qui expliquerait ce choix "artistique", personnellement, je n’ai pas vraiment accroché. Il y a aussi pas mal de décors et paysages en image de synthèse un peu comme dans Le Seigneur des Anneaux, ou le film 300. C’est quelque chose que je n’apprécie pas plus que ça. Au final on s’y habitue mais bon, pour une production Disney qui veut percer il aurait été bon de viser la gamme au dessus. Idem pour les effets spéciaux, certains sont vraiment bluffants et de grande qualité (ex : Sarpini, la scène avec les corbeaux), les autres sont de l’ordre de ce qu’il se fait de plus médiocre à ce jour tous pays confondus.

Encore une fois, on pourrait rajouter au casting le "câble" si cher au cinéma du sud de l’Inde et présent à chaque fois que l’un des personnages doit sauter. Et autre petit point négatif, le côté sanglant. Pour un Disney tout public, c’est moyen. On ne peut pas dire que ce soit plus choquant qu’un masala de base bien bourrin où ça saigne de partout avec les machettes à tout va, mais bon, on n’avait pas besoin de voir les méchants se faire égorger en gros plan non plus.

La musique du film est très agréable et assez éclectique.

  • En effet, le générique du film, et thème de Yodha, par exemple ne fait pas "typé" musique indienne, il a plutôt un petit côté musique irlandaise que j’aime assez (cette musique, une fois que vous l’avez en tête c’est fini, impossible de fredonner autre chose !).
  • Chandamaamala est une jolie chanson d’introduction de Yodha dansante dans le style rondo avec une part belle dédiée à la flûte et aux percussions (je vous conseille d’écouter cette chanson sans les parties parlées qui coupent et cassent un peu la chanson).
  • Le thème d’Irendri est aussi très classe, la chanson m’a moins emballée sans pour autant être mauvaise, question de goût je suppose.
    -*Premalekha est une chanson toute douce et romantique. Elle est mélodieuse et rappelle un peu la chanson Chaand Sifarish de Fanaa. Ceci n’est pas anodin car elle a été composée par Saleem-Sulaiman (qui sont à l’origine de la bande son de Fanaa).
  • Enfin, ma chanson préféré du film, Ninnu Choodani, qui est pour moi un clin d’œil voire un hommage à un hit du cinéma tamoul : Paatu Paadava de Then Nilavu.
  • A noter la présence de la plus belle voix du cinéma Tamoul, S.P. Balasubramanyam sur une chanson du film : Tarumukosthundi Samayam.

J’ai vraiment apprécié cette BO qui se différencie agréablement des BO du sud ordinaire avec le "dappa" et la "love song" de circonstance.

Vous trouverez sur certaines critiques du net des avis partagés quant à l’opportunité d’insuffler une couleur "Moyen-Orient" à un film du Sud de l’Inde ou par rapport à la musique qui serait "copiée" en partie. Personnellement, ces aspects du film ne m’ont pas sauté aux yeux et ne m’ont pas plus choquée/gênée que ça.

Ce qui est vraiment frustrant, c’est la qualité irrégulière qu’on constate dans les dernières productions indiennes qui veulent sortir du carcan habituel du film indien lambda. Ce qui est dommage, c’est que Dinsey est resté frileux quant à ce film et cela se ressent. Ils ont voulu faire "couleur locale" sans tomber dans le masala de base, tout en innovant mais pas trop. Ainsi, on se retrouve avec un produit hybride pas complètement finalisé qui loupe un peu sa cible de base : un public familial indien. Les spectateurs ne se sont pas reconnus dans ce film et l’ont boudé, de ce fait, alors qu’il devait être doublé en tamoul et en malayalam, il n’a pas été projeté dans les autres états du sud et la version DVD du film ne bénéficie que d’un sous-titrage anglais. Disney ne s’est impliqué que financièrement sans apporter sa plus-value et son savoir-faire et cela se ressent dans le produit final.

Pour finir, Anagana Odheerudu n’est pas le meilleur ni le pire Disney qui existe. Pour peu que vous soyez indulgent et que vous aimiez les Disney, vous y trouverez votre compte. Car il y a du mauvais, certes, mais il y a du bon aussi.

Ma note : 7/10

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