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Anand

Traduction : Joie

Bande originale

Zindagi Kaisi Hai Paheli
Kahin Door Jab Din Dhal Jaaye
Maine Tere Liye Hi Saat Rang Ke Sapne
Na Jiyaa Lage Na

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Vidhan - le 1er août 2005

Note :
(7/10)

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Sorti en 1971, Anand, réalisé par Hrishikesh Mukherjee, nous conte l’histoire d’un homme (Anand) qui se sait condamné par un cancer mais qui garde le sourire et ne pense qu’à faire le bonheur des gens qu’il aime et notamment du docteur Bhaskar Banerjee, un jeune cancérologue qu’Anand surnomme affectueusement « Babu Moshai » (que l’on pourrait traduire par Monsieur Papa). Ce dernier va voir sa vie bouleversée par sa rencontre avec ce patient hors du commun.

L’histoire d’Anand (qui signifie joie ou béatitude), inspirera Karan Johar -même s’il l’a toujours nié- lorsqu’il écrira Kal Ho Na Ho. Ce que l’on sait moins c’est que Anand fut très librement inspiré par Ikiru, réalisé par le maître Akira Kurosawa en 1952.
Le film de Mukherjee nous rappelle que la vie n’est pas quelque chose d’acquis. Il faut donc en savourer tous les instants. Il souligne également l’importance de l’amitié et du destin chez l’être humain.

Anand fut un énorme succès en Inde, surtout auprès des millions de fans de l’Indian Lover de l’époque : Rajesh Khanna. Ce dernier est tout simplement parfait dans son rôle. Il ne joue pas. Il est Anand. A la fois attendrissant, facétieux et agaçant, sa joie de vivre, sa touchante tristesse refoulée et son innocence apportent de la chaleur dans un film qui prend son temps et qui ne part pas dans tous les sens.

Loin des films hindis commerciaux qui envahissent les écrans de nos jours, Anand a tout d’un film bengali d’art et d’essai aussi bien dans la forme que dans le fond. Rien d’étonnant à cela puisque son réalisateur Hrishikesh Mukherjee, ancien assistant du grand Bimal Roy, est bengali. C’est la raison pour laquelle tout y est épuré ; pas de musique envahissante, pas de mouvements de caméra donnant la migraine, pas de milliers de figurants, pas de couleurs chatoyantes, pas d’histoire d’amour impossible. Le spectateur est agréablement bercé par quelques travellings lents dont quelques mouvements de louma, un peu inutiles il est vrai mais pas dérangeants pour autant. La photographie est simple et les couleurs chaleureuses sans pour autant être éblouissantes. Bien entendu, un film indien sans un soupçon de mélo ne serait pas vraiment un film indien. Anand ne fait donc pas exception à la règle. Néanmoins, le mélo est ici minime, tout comme l’utilisation de la musique servant ponctuellement à illustrer des scènes comiques ou des moments dramatiques.

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Kal ho na ho

Tout le film est centré autour du point de vue du jeune cancérologue timide, sensible, consciencieux, obnubilé par son travail et sceptique quant à la nature humaine. Ce personnage est interprété par un certain Amitabh Bachchan. C’était là son premier grand rôle après sa première remarquable apparition cinématographique dans Saat Hindustani sorti plus tôt la même année et qui lui valut le National Award du meilleur espoir masculin.
Ce film permet de redécouvrir avec un certain plaisir un jeune Amitabh Bachchan à qui on ne prédisait pas encore et malgré sa première récompense, un grand avenir. On disait que son nom était trop compliqué à retenir et que son look ne correspondait pas à celui des jeunes premiers de l’époque. On était loin de se douter alors qu’il allait, à lui seul, créer un nouveau concept de héros cinématographique… Ainsi Anand est devenu le film témoin de la naissance d’une légende vivante du cinéma indien actuel. Le jeune "Big B", pourtant novice, non seulement partagea sans complexe l’affiche avec un Rajesh Khanna adoré par des millions d’Indiennes, mais il réussit même à lui voler la vedette grâce à la sobriété de son jeu. Il est clair que son rôle devait mettre en valeur celui de "la star". Or ce qui toucha le public fut l’évolution du comportement de ce cancérologue face à l’incapacité de soigner un patient gentil, jovial, honnête, aimé de tous et qui ne souhaite pas partager sa peine et son chagrin. La différence entre les natures respectives des deux personnages crée une véritable alchimie, mise en valeur par les interprétations parfaites du jeune Bachchan et du charismatique Rajesh Khanna. Les autres comédiens sont également irréprochables.

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Les plaisirs simple de la vie

Pour la petite histoire, Rajesh Khanna qui avait un planning de tournage très chargé, n’arrêtait pas de confondre les noms de ses partenaires féminines pendant les prises. Cette confusion constante finit par exaspérer le réalisateur, pourtant patient.

Ce film nous permet de redécouvrir l’Inde sépia des années 70, dirigée par Indira Gandhi, qui était plus proche du communisme russe que du capitalisme américain. L’Ambassador était la voiture à la mode. Les femmes avaient toutes opté pour le look de Sharmila Tagore, ancienne actrice fétiche de Satyajit Ray (et mère de Saif Ali Khan). Raj Kapoor, à qui le film est dédié, devait initialement tenir le rôle d’Anand, mais Hrishikesh Mukherjee abandonna ce choix car étant très proche de Raj Kapoor, il ne pouvait supporter l’idée de le voir mourir. Le rôle du cancérologue devait initialement être tenu par une autre superstar de l’époque : Mehmoob. Mais ce dernier présenta Amitabh au réalisateur qui fut convaincu de son choix après lui avoir fait jouer, pour un bout d’essai, la scène finale du film.

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Une belle amitié

La bande originale d’Anand est extrêmement agréable à écouter et tout à fait reposante. La douce voix du regretté Mukesh, chanteur attitré de Raj Kapoor, y est pour beaucoup. La chanson „Kahin door jab din“ résume à elle seule tout le film. Son texte mélancolique a profondément marqué toute une génération d’Indiens et d’Indiennes.

Le plus gros défaut du film est sans doute sa lenteur. Ceci n’était pas préjudiciable à l’époque. Or aujourd’hui, le spectateur est habitué à des films au traitement et à l’action plus rapides, dont le montage fluide permet d’éviter les temps morts. Par ailleurs, la perception des choses a évolué au détriment du regard de l’innocence. En effet on s’émerveille de moins en moins car notre regard est blasé par tout ce que l’on a déjà vu au cinéma jusqu’à présent. Du coup, voir ou revoir Anand, un vieux film indien de 1971, peut être un vrai supplice pour le spectateur actuel. Cependant, en faisant un petit effort sur soi-même, on peut arriver à apprécier cette œuvre qui doit être vue au moins une fois dans sa vie.

Anand est un petit film doté de cinq grandes qualités :
 Un scénario à la fois simple et astucieux utilisant avec habileté la méthode « préparation - paiement » pour aboutir à un final d’une grande intensité dramatique particulièrement réussi.
 La sobriété de la mise en scène.
 La beauté des dialogues écrits par un Gulzar inspiré.
 L’honnêteté du jeu des comédiens.
 Les chansons que toute une génération d’Indiens a fredonné dans sa jeunesse.

Initialement un long métrage sans prétention, Anand est donc un film à découvrir pour les plus jeunes d’entre vous et à redécouvrir pour les plus anciens…

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Une scène finale inoubliable…
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