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Anjaana Anjaani

Traduction : Étranger, étrangère

Bande originale

Anjaana Anjaani Ki Kahani
Hairat
Aas Paas Khuda
Tumse Hi Tumse
Tujhe Bhula Diya
I Feel Good
Anjaana Anjaani
Tujhe Bhula Diya (Remix)
Aas Paas Khuda (Unplugged)

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La critique de Fantastikindia

Par Soniya - le 22 février 2011

Note :
(7/10)

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Le pitch de départ est trompeur : deux inconnus se rencontrent au moment où ils s’apprêtent à mettre fin à leur jour. Sujet casse-gueule, de quoi s’attendre à un bon Bollywood "old style", des effets dramatiques costauds, du mélo et des larmes. Et puis on jette un œil aux premières images du film, avec une Priyanka guillerette et un Ranbir au bon look de pin-up, et on commence à se douter que si Anjaana Anjaani ne fera pas forcement dans la psychologie poussée, on risque de se retrouver devant un film sympathique.

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Moi aussi je veux un ballon !

New York, la crise financière éclate, l’égoïste et désagréable businessman Akash (Ranbir Kapoor), qui veut gagner toujours plus, perd cette fois toutes ses billes et celles de ses associés. Il se retrouve dans la situation du loser seul au monde et, incapable de le supporter, le voilà qui se retrouve sur la rambarde d’un pont new-yorkais, prêt à sauter. C’était sans compter la présence de la volubile Kiara (Priyanka Chopra), agent perturbateur, complètement soûle, un peu excentrique, et qui compte bien elle aussi faire le grand saut. Mais le destin se met en travers de leurs résolutions suicidaires et prend un malin plaisir, non seulement à les réunir une nouvelle fois à l’hôpital, mais aussi à faire systématiquement échouer leurs tentatives de suicide.

Comme toute bonne héroïne indienne, Kiara y voit un signe, et propose à Akash de se donner quelques semaines, jusqu’à la nuit du nouvel an, pour régler leurs affaires et surtout réaliser tous leurs derniers souhaits, afin de quitter ce monde sans regret.

Le film se met alors sur des rails "déjà-vus", mais toujours intéressants, en tentant de répondre à l’éternelle question : "S’il ne vous restait que quelques jours à vivre, que feriez-vous du temps qu’il vous reste ?".

Kiara et Akash se rendent assez vite compte que cette question en entraîne d’autres, et notamment la plus importante : "Est-ce que je sais vraiment ce que je veux ? Ce qui me rend heureux ?". Est-ce qu’Akash n’est qu’un businessman obsédé par la réussite ? Est-ce que Kiara ne pourra jamais aimer d’autres hommes que son amour de jeunesse Kunal (Zayed Khan), qui lui a brisé le cœur ? Se greffe à cette première intrigue l’inévitable histoire d’amour des deux personnages principaux, qui au début ont bien du mal à se supporter : le postulat de départ étant la mort à brève échéance, toute histoire d’amour devient impossible même si, au fil du film, leurs affinités apparaissent évidentes. Et l’on sait bien qu’à Bollywood les histoires d’amour impossibles sont toujours les meilleures.

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Un bon exemple de look coordonné dans un couple : le jean-doudoune

Le film montre avec suffisamment de subtilité que ce qu’on pense être, ce qu’on pense nous définit, n’est pas forcément ce qui nous rend heureux. Et qu’en arrêtant de regarder son nombril, en s’ouvrant aux autres, en changeant un peu d’air, il est possible de voir le monde avec une nouvelle perspective. Bien sûr, la perspective reste ici très indienne (on ne fait pas l’amour avant le mariage, nos jeunes gens sont pleins aux as et lookés comme des gravures de mode même par temps de crise, et les héros ne sortent finalement jamais de leur communauté de "NRIs"), mais l’évolution de Kiara et Akash, et leur remise en question, est bien présente à l’écran.

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Une version personnelle du bonnet de bain par Ranbir

Et le réalisateur Siddharth Anand, habitué des comédies romantiques bien menées (Salaam Namaste, Ta Ra Rum Pum, Bachna Ae Haseeno), a eu la bonne idée de pimenter son scénario de dialogues piquants et de situations incongrues. Nous avons donc entre autres : une voiture qui ne démarre que si on lui parle (ma mère fait la même chose avec la sienne), des dernières volontés loufoques, une traversée du désert américain avec arrêt dans une communauté de cow-boys gays (une remise en cause de l’imagerie américaine digne des frères Coen) et des garde-côtes avec le sens du timing. Alors bien sûr, les Etats-Unis (New-york, le désert, Las Vegas, San Francisco) sont, une fois encore, un décor de carte postale, et aucun acteur occidental n’a un vrai rôle, mais Anjaana Anjaani a au moins le mérite d’éviter les clichés sur l’Occident, ou de les revisiter avec humour.

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Poursuivis par des cow-boys gays…

La musique, moderne, est sympathique et entrainante, et les clips joliment illustrés, sans qu’il n’y ait vraiment un morceau qui s’impose, à part pour moi la très belle mélodie de Tumse Hi Tumse.

Sur la longueur, le film aurait peut-être gagné à être un peu plus ramassé, mais l’histoire est définitivement bien ficelée, et dans sa dernière partie, elle reprend du rythme avec une très chouette scène de fin. Et les acteurs ont visiblement l’air de s’amuser à cabotiner, avec un Ranbir qui n’en finit pas de faire oublier une allure de fils-à-papa en alignant les compositions convaincantes, mais surtout avec une Priyanka rarement vue aussi à l’aise : très marrante en jeune femme délurée, très émouvante en amoureuse trahie, il émane de sa prestation une confiance d’actrice qui n’a plus rien à prouver et qui prend un réel plaisir à jouer. Même Zayed Khan fait une prestation décente, c’est dire !

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S’aimer, nez contre nez…

Dans les sorties de 2010, Anjaana Anjaani est à la hauteur d’un Lafangey Parindey, par son originalité et la qualité de sa réalisation (avec un peu moins de cohérence et de réalité sociale peut-être, mais plus de second degré).

En un peu plus de 2 h, Kiara et Akash apprennent à faire le deuil de leur ancienne vie sans pour autant passer par le suicide : se tournant vers les autres, ils trouvent la force nécessaire pour rebondir vers un amour et une réussite qui leurs correspondent plus. Définitivement un film très sympathique !

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