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Black Friday

Traduction : Vendredi noir

LangueHindi
GenreDrame
Dir. PhotoNatarajan Subramaniam
ActeursKay Kay Menon, Anurag Kashyap, Nawazuddin Siddiqui, Pavan Malhotra, Aditya Shrivastava, Kishor Kadam, Imtiaz Ali
Dir. MusicalIndian Ocean
ParolierPiyush Mishra
ChanteurDominique Cerejo
ProducteurArindam Mitra
Durée143 mn

Bande originale

Bandeh
Badshah In Jail
Bharam Bhap Ke
Opening / Pre Blast
Bomb Planting
Memon House
RDX
Training
Chase [Black Friday]

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Lalita - le 18 juin 2009

Note :
(7.5/10)

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Black Friday raconte le déroulement des attentats de Mumbai de 1993 perpétrés suite à la destruction de la mosquée Babri par des extrémistes hindous l’année précédente. Il évoque aussi le massacre de centaines de musulmans durant les émeutes interreligieuses qui suivirent (900 morts en tout, principalement des musulmans). Le bilan fut lourd : les 13 bombes et 250 victimes en firent l’attentat le plus meurtrier qu’ait connu l’Inde. Tiger Memon et Dawood Ibrahim, mafieux musulmans notoires et cerveaux de l’opération, sont encore aujourd’hui recherchés par la police indienne et Interpol.

Le film, tourné comme un documentaire, mélange images de fiction et images d’actualité de l’époque. Il se construit en chapitres et s’articule autour des témoignages des différents suspects arrêtés. Ceux-ci révèlent au fur et à mesure de leurs interpellations la préparation puis la réalisation de leur crime. Anurag Kashyap prend le parti de coller aux faits sans surenchère. Les images nous rappellent un vieux film policier des années 80 sur une bande son heureusement en retrait. Peu de stars connues font partie du casting. Le seul visage familier est celui de Kay Kay Menon, interprétant l’inspecteur chargé de l’enquête. C’est sans doute ce casting quasiment anonyme qui permet l’immersion du spectateur dans ce récit inspiré de faits réels. Ce qui est aussi remarquable, c’est que le réalisateur met vraiment les pieds dans le plat. Alors que l’heure est au discours politique aseptisé dans le cinéma indien, surtout concernant les relations indo-pakistanaises, il n’hésite pas à montrer l’entraînement des membres du groupe terroriste au Pakistan (lieu d’où proviennent aussi les armes et les explosifs utilisés) et l’implication des services secrets pakistanais dans l’organisation des attentats. Il montre aussi sans détour la brutalité policière, récurrente dans la majorité des films indiens qui mettent en scène les membres des forces de l’ordre.

Il arrive malheureusement un moment où le rythme du film devient difficile à supporter. Les 2 heures 40 commencent à peser, surtout lorsque le réalisateur s’attarde sur l’entrée des armes en Inde. Même si s’attacher à réaliser un long métrage sans glamour, sans chansons, à l’image sale et un peu trouble paraît déjà radical pour un film indien, en termes de cinéma il aurait fallu user d’autres procédés pour dynamiser l’histoire. Kashyap se focalise trop sur l’aspect pédagogique de son œuvre en oubliant de lui insuffler une âme avec une mise en scène plus marquée. Mais Black Friday reste clair (ce qui est indispensable pour ceux qui ne savent rien ou pas grand-chose de ce qui s’est passé) et les découvertes de l’enquête sont assez intéressantes pour nous aider à tenir jusqu’à la fin.

Kashyap choisit d’ailleurs de finir en parlant des événements qui ont poussé les terroristes à agir : la destruction de la mosquée en 1992 et les affrontements. Des images glaçantes de victimes présentées dans la presse et des journaux télévisés s’enchaînent. Cette fin judicieuse tout en flash-back résume à elle seule le propos du film. En effet, loin de ne vouloir incriminer que les mafieux et tous ceux qui les ont soutenu, Anurag Kashyap montre surtout que dans cette affaire, le sang a répondu au sang sans aucune autre logique que celle de la violence aveugle. Les victimes innocentes de tous bords payent, comme d’habitude, le tribut le plus lourd.

Réalisé en 2004, le film fait forte impression au festival de Locarno. Pourtant, il ne reçoit l’autorisation de sortir en salle de la Cour Suprême indienne qu’en 2007 en raison des enquêtes en cours. Proposé pour représenter l’Inde aux Oscars, il est écarté au profit du beau mais pompeux Eklavya de Vidhu Vinod Chopra. Un mauvais choix de plus selon certains, qui crée une vive polémique. Black Friday est un film à voir pour qui s’intéresse à l’histoire contemporaine de l’Inde. Il a par ailleurs aujourd’hui un écho particulier en raison de l’actualité récente : en 2008, le pays a subi plusieurs attentats à la bombe en l’espace de quelques mois.

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