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Darr

Traduction : Peur

Bande originale

Tu Mere Saamne
Ang Se Ang Lagana
Jaadu Teri Nazar
Darwaza Band Karlo
Likha Hai Ye
Meri Maa Ne Laga Diye

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 19 septembre 2008

Note :
(5/10)

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Kiran Awasti (Juhi Chawla) est fiancée à Sunil Malhotra (Sunny Deol), un officier de la marine qui l’aime de tout son cœur. Tout semble se passer pour le mieux pour le jeune couple jusqu’à l’arrivée de l’étrange Rahul Mehra (Shah Rukh Khan), qui aime Kiran à la folie…

Un mois seulement après Baazigar, Shah Rukh Khan revient dans un rôle négatif, et c’est un nouveau succès. Inspiré, selon le réalisateur, par le thriller australien Calme Blanc, Darr promet beaucoup : une méga-star en devenir dans un rôle atypique, opposée à la superstar du film d’action patriotique, Sunny Deol. Le film commence en douceur par l’histoire d’amour du couple-vedette, nous présentant l’héroïne lisant une lettre de son fiancé resté en mer. L’élégance de la mise en scène du maître de la romance Yash Chopra est déjà décelable, et pourtant une voix off nous annonce solennellement dès le prégénérique que la partition amoureuse que l’on va nous jouer ne sera pas comme les autres, car elle sera marquée du sceau de la peur (darr). Cette intéressante mise en bouche laisse espérer un thriller sur l’amour fou, et on observe avec intérêt l’introduction du couple d’amoureux, auquel on compte s’attacher un peu avant que le méchant ne vienne tourmenter cette idylle.

Mais un premier problème apparaît rapidement : alors que le macho man Sunny Deol surprend par son relatif naturel, l’actrice principale Juhi Chawla, personnage-pivot du film car enjeu autour duquel les deux stars masculines vont s’affronter, est tout à fait insignifiante, laissant le spectateur de marbre. Et si on ne s’attache pas à l’héroïne, la passion amoureuse que lui vouent les deux hommes ne nous touchera pas ! Rien que pour cela, Darr est raté en tant que strict film de genre, à savoir une histoire d’amour fou censée bouleverser le spectateur.

Une autre frustration pour le même malheureux spectateur vient du fait que l’obsession de Shah Rukh nous soit imposée dès le début comme telle, de manière superficielle et arbitraire, puisqu’elle n’évoluera pas d’un pouce pendant toute la durée du film. On espérait plus de finesse chez un auteur confirmé comme Yash Chopra, qui en avait fait preuve dans ses anciens classiques comme Deewaar. Mais il ignore toute psychologie dans Darr, préférant se replier sur une vision idéalisée et simpliste de l’amour, sincère certes, mais qui ne suffit pas à donner vie aux stéréotypes amoureux qu’il nous présente… D’autant plus que l’alternance de cabotinage et de jeu affecté de Shah Rukh Khan, typique de ses débuts, ne plaira qu’à ses fans, bien que son charisme naissant nous évite l’ennui dans les scènes où il est présent, ce qui ne vaut même pas pour Juhi Chawla.

Pour ne pas arranger les choses, les scènes d’action (plusieurs courses-poursuites à pied), sont assez banales ; seules les deux confrontations entre Shah Rukh et Sunny, dans les vingt dernières minutes du film, sont distrayantes ; mais la maladroite empoignade finale sur le bateau qui rappelle, en beaucoup moins bien, celle des Nerfs À Vif de Scorsese, est indigne du talent du réalisateur. Un film plus récent comme Aetbaar avec Amitabh Bachchan, un petit thriller au scénario proche, est par exemple nettement plus réussi.

Chopra tournera ses deux films suivants avec Shah Rukh Khan, le guère plus convaincant Dil To Pagal Hai et le chef-d’œuvre Veer-Zaara ; cependant, on ne peut pas dire que le vieux maître sache diriger son acteur, bien que ce dernier soit le principal intérêt du film, tellement il est involontairement drôle dans le rôle. Qualité ou défaut de la technique de Chopra, le film accuse son âge, ce qui lui donne un petit charme rétro sans qu’il paraisse trop vieillot. Certes, le final tragique laisse tout de même une bonne impression, celle que l’idéaliste Yash Chopra est resté l’éternel romantique de Bollywood… Et pourtant, on ne peut cacher sa déception devant la vacuité de ce film moyen, pas mauvais mais fade, qui ne fonctionne pas vraiment.

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