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Don


LangueHindi
GenresPolar, Classique
Dir. PhotoNariman A. Irani
ActeursAmitabh Bachchan, Zeenat Aman, Pran, Helen, Iftekhar, Om Shivpuri
Dir. MusicalKalyanji-Anandji
ParoliersIndeevar, Anjaan
ChanteursLata Mangeshkar, Asha Bhosle, Kishore Kumar
ProducteurNariman A. Irani
Durée166 mn

Bande originale

Main Hoon Don
Yeh Hai Bombay Nagaria
Khaike Pan Banaraswala
Jiska Mujhe Tha Intezar
Yeh Mera Dil

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Bhang - le 7 mars 2004

Note :
(8/10)

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Après Zanjeer, Deewaar et Sholay, nous retrouvons Amitabh Bachchan dans le rôle du "angry young man" qui fit son succès durant les années 70. Sous la plume des mêmes scénaristes (Salim et Javed), ce personnage fait à sa manière écho au malaise social que connaît alors l’Inde, en proie à une corruption généralisée. Véritable icône, il servira d’exutoire à une population révoltée qui se reconnaît dans ce personnage intransigeant.
Avec Don, dès la première image, le spectateur sait à quoi s’en tenir. Ce film fera taire ceux qui voudraient cantonner Bollywood à des productions sentimentales. En nous plongeant au coeur d’une intrigue mafieuse, le réalisateur Chandra Parot signe ici une oeuvre haletante dont le casting de rêve (Amitabh Bachchan, Zeenat Amaan, Pran) nous fait oublier les maladresses et le manque de moyens. La pègre n’est pas un milieu pour les tendres et pyaar ne sera pas le maître mot de cette production. Le générique assez expérimental annonce déjà la couleur ; en laissant la part belle à la musique survoltée de Kalyandji-Anandji, il préfigure d’ailleurs ce que sera le reste du film porté par les puissantes compositions du maître.

Don (Amitabh Bachchan), éminent membre d’un cartel international, règne sur la filiale indienne de l’organisation criminelle. Doté d’un sang froid hors du commun, ce personnage glacial s’impose autant par sa prestance naturelle que par la crainte qu’il inspire. Bref cet homme s’y entend pour gérer son business et ne tolère pas vraiment la contestation…

Ramesh, le frère de Roma (Zeenat Aman), n’assume justement plus sa difficile condition de gangster et décide de "se ranger". Une trahison qui ne peut être tolérée par l’organisation. Avec la conscience professionnelle qui le caractérise, Don se devait de corriger lui-même le récalcitrant. Une mort bien nécessaire puisqu’elle offre un rôle de composition à la sublimissime Zeenat Aman qui, coupe courte, visage dur et tailleur occidental, incarne ici l’archétype de la vengeance. Décidée à infiltrer l’organisation pour se venger de Don, Roma va même jusqu’à apprendre judo et karaté, bref joue des coudes pour finir par s’imposer auprès des autres malfrats par son courage et ses aptitudes au combat. Voilà pour l’esquisse, mais rien n’est si simple "chez Bollywood" et Don traqué de toutes parts meurt en pleine cavale…

Le commissaire (Iftekhar) qui le traque depuis toujours, garde le secret de sa mort et lui substitue un sosie : Vijay, afin d’infiltrer l’organisation. Malgré la ressemblance physique (et pour cause puisque c’est encore Amitabh qui s’y colle), Vijay est tout l’opposé du défunt parrain. Chantant du soir au matin dans les rues de Bombay il dispense sa bonne humeur et tourne en dérision les excès de la grande ville. (Il faut voir l’air hilare des figurants ravis d’être dans la rue aux côtés de Big B).

Malgré sa réticence première, Vijay, pour assurer l’avenir de deux enfants qu’il a recueillis, décide finalement d’accepter le marché proposé par la police. Par un procédé digne des plus grosses ficelles des scénarios bollywoodiens, notre homme, amnésique, se retrouve à la tête de l’organisation. Là, entouré des "petits soins" de ses camarades gangsters, Vijay reprend prétendument ses esprits et se glisse peu à peu dans l’esprit du malfrat qu’il remplace. En homme de goût, il ne tarde pas à tomber sous le charme vénéneux de la belle Roma qui ignore, comme les autres, la mort du véritable Don et mûrit sa vengeance. Mais la nature joviale de l’homme l’emporte et c’est un Don transformé qui s’adresse à ses troupes médusées, en chantant et en dansant ! Il faut noter à ce propos la chorégraphie particulièrement comique dont nous gratifie Amitabh : chantant à tue-tête qu’il est le parrain (Main Hoon Don Main Hoon Don), il invite tour à tour les belles plantes de l’assistance, à un pas de deux mi-valse mi-disco… Présenté ainsi, ce n’est peut être pas très encourageant, mais je vous assure que c’est à voir.

Encore une double performance sans accroc pour Amitabh qui interprète avec le même brio un trafiquant international ou un musicien insouciant, amateur de bétel et de bhang lassi. Très à l’aise dans son nouveau costume, Vijay transcende même le personnage austère de Don et charme ses sbires comme ses spectateurs. L’occasion pour nous d’apprécier les compositions de Kalyandji-Anandji comme Eeh Hai Bambay, Main Hoon Don ou le superhit Khai Ke Paan Banaraswala, une véritable ode aux multiples qualités des feuilles de bétel de Bénares (une vraie panacée)…
Pour les amateurs de sensations fortes, Don est sans doute ce qui se fait de mieux dans le plus pur style Massala de la fin des années 70. Au sommet de son art, Amitabh Bachchan, "le jeune homme en colère", donne la pleine mesure de cette facette de son répertoire. "Longues jambes" nous gratifie d’une pléiade de coups de pieds en tous genres et ni Zeenat ni Pran ne sont en reste. Certes les combats n’ont pas la précision d’HK et les coups ratent souvent leur cible de vingt bons centimètres. Il est clair qu’un acteur comme Pran, qui n’était déjà plus dans sa prime jeunesse, n’a pas l’athléticité d’un Shah Rukh Khan, mais les bruitages à la mode Bollywood et l’intensité de l’action nous font apprécier ces belles empoignades.
Même l’irrésistible Zeenat Aman s’adapte à la tonalité sombre et violente de ce polar, en interprétant avec la même intensité que ses partenaires masculins, un personnage dur et violent, animé par un dévorant désir de vengeance. A tel point que, performances physiques à l’appui, on serait presque tenté d’y voir un archétype jusqu’ici inconnu en Bollywood : "The Angry Young Woman". Amateurs de polars, de funk et de bétel, vous en rêviez ? Bollywood l’a fait !

A noter qu’un remake a été réalisé en 2006, également intitulé Don.

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