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EMI

Publié jeudi 16 octobre 2008
Dernière modification mardi 7 octobre 2008
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Par Jordan White

Rubrique Albums
◀ Fashion
▶ Dostana

Chirantan Bhatt signe ici une BO qui risque de faire du bruit et de profiter d’un bouche-à-oreille positif. Autant celle de Dostana du duo Vishal Shekar est attendue par les fans de la première heure avec impatience, autant celle d’EMI est arrivée sans crier gare au moment où l’on pouvait le moins s’y attendre. Une surprise de taille.

Chirantan revisite en plus de six chansons les principaux courants contemporains qui font la pluie et le beau temps du Bo avec une facilité déconcertante : depuis le r’n’b jusqu’au disco en passant par la ballade folk et une pointe de flamenco, comme on avait déjà pu l’entendre sur U me Aur Hum ou Ugly aur Pagli. Le jeune compositeur se permet des audaces et prend des risques. La production est d’une excellente qualité et il fait intervenir la crème de la chanson indienne.

Tout commence par la plage Chori Chori qui doit être une des expressions les plus courantes dans les chansons. On pense à Chori Chori Chupke Chukpe comme aux tubes des années 70. Chori Chori appartient depuis les premières paroles à Sunidhi Chauhan. Elle montre ici qu’il ne faut pas l’oublier et que l’on peut encore compter sur elle. Démarrant avec un clin d’oeil à la musique chinoise avec une pointe d’ironie (à la manière de la BA de Chandni Chowk to China), la chanson met tout de suite dans l’ambiance électro/r’n’b avec un premier pont misant sur la musique orientale pour donner une inspiration particulière à la chanson. Certes, le couplet a quelque chose de répétitif. Mais inviter la musique d’inspiration arabe (comme Mission Istaanbul s’inspirait de la musique pop turque avec Jo Gumshuda par exemple et la venue d’Ege) est une belle idée que n’aurait pas renié le duo Vishal/Shekhar pour leur Dard-e-Disco, plus orienté dance cela dit. Une chanson qui sert d’ouverture idéale.

Raffiné, le second morceau Aakhon Hi Ankhon Mein change d’ores et déjà d’ambiance musicale avec une belle intro à la guitare acoustique. L’instrument permet de mettre en avant la voix de Mohit Chauhan, déjà remarquable sur le titre Yaad Teri Aye d’Ugly aur Pagli. Une puissance et une douceur mêlées qui laissent cours à une belle émotion. On peut même franchement être ému par cette mélodie inspirée faisant intervenir le zither, instrument magnifiquement utilisé par R.E.M. pour citer un groupe américain qui en avait fait un usage très intéressant il y a plus de dix ans avec leur album New Adventures on Hi-Fi sorti chez Warner. Guitare, batterie et quelques notes de violon font partie des instruments mis en valeur par ce morceau ô combien attachant. On se délectera également du petit sifflement qui est la marque des chanteurs qui se permettent de mettre un peu de légèreté en maîtrisant totalement leur art. Mohit Chauhan démontre des capacités vocales qui n’ont rien à envier à celles de Sukhwinder Singh ou Shaan.

L’auditeur, qui est loin d’être au bout de ses surprises, pourra ensuite écouter le titre éponyme EMI, faisant de Sanjay Dutt la vedette du morceau. Il est bien épaulé par des choeurs féminins enthousiastes, et on se régale de sa voix chaude parfaitement captée de l’ambiance bass and drum de ce titre à la fois joyeux et possédant un esprit ironique marqué (la fin des premiers couplets). Petite touche de hip-hop pur et dur avec le passage plutôt marrant à 2min 10s. On sent Sanjay suffisamment à l’aise pour se permettre de prendre cela avec sérieux mais aussi un certain second degré. A noter une fois de plus l’inspiration prodigieuse du pont à 3min 07 avec l’arrivée du piano et une voix féminine plus qu’agréable soulignant les claps de mains.

Inspiré, prodige, Chirantan se permet même un revival disco totalement grisant avec Aaja Bhi Mera Jaan. Petite intro synthé/guitare puis Shaan vient poser sa voix sur quelques notes énergiques. Les violons n’ont plus qu’à se joindre à la fête accompagnés d’un beat imparable. Le couplet et le refrain sont fantastiques. Un tube destiné aux dancefloors bien sûr. Le morceau tient la route après dix écoutes successives. C’est un peu le Deewangi Deewangi de 2008, un morceau qui s’impose comme un des titres les plus vendeurs du disque. La promo a d’ailleurs commencé et ne risque pas de s’arrêter là.

Impossible de ne pas évoquer Roshan Har Dil, qui démarre comme un morceau qui serait issu d’un film de Mukesh Bhatt, avec des trompettes et un piano enivrants. Le plus beau demeure le premier couplet et le refrain qui l’accompagnent, même si les paroles soufflées sont parmi les plus simples qui existent. Une fois de plus, les violons sont à l’honneur, sans sombrer dans la démesure usante. Une belle démonstration de folk song aux accents hispaniques entrant facilement dans la tête, et de surcroît très mélodique. On peut penser pour ce titre à l’effet produit par une chanson de Honeymoon Travels intitulée Pyaar Ki Hai Kahani.

Superbe BO que celle d’EMI, de celles qui surprennent, étonnent et s’imposent comme des références. Et un compositeur à suivre de très près…


Année : 2008

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