]]>
La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974, Laurent - le 12 septembre 2006

Note :
(8/10)

Article lu 2627 fois

Galerie

Sarika (Urmila Matondkar), une jolie célibataire, tombe amoureuse du séduisant Karan (Saif Ali Khan), qu’elle prend pour un riche homme d’affaires. Un beau jour, elle est arrêtée et emprisonnée pour un crime qu’elle n’a pas commis. Découvrant qu’elle a été manipulée par Karan depuis le début, elle jure de se venger…

L’avis de Laurent :

Urmila Matondkar a un parcours atypique : connue à l’origine comme une jeune actrice classique aux numéros de danse sensationnels, elle a prouvé depuis qu’elle était également à l’aise dans des rôles négatifs (Kaun, Pyaar Tune Kya Kiya) et dans des films d’épouvante (Bhoot, Naina). Actrice fétiche de Ram Gopal Varma, c’est encore une fois dans une production de celui-ci qu’on la retrouve ici : premier long métrage du surdoué Sriram Raghavan, Ek Hasina Thi est un sombre thriller où elle excelle dans un rôle de femme blessée et impitoyable. De plus, on retrouve toutes les qualités qui font la réputation des productions RGV : c’est un film de genre court, sec, réaliste, qui va à l’essentiel, sans chansons et aux comédiens sobres et impeccables.

Et en parlant de comédiens, c’est contre toute attente Saif Ali Khan qui fait la plus grosse impression : il avait déjà révélé sa finesse de jeu dans le splendide Dil Chahta Hai, mais il est peut-être ici encore meilleur en play-boy mielleux, au charme hypnotique et à la personnalité trouble. C’est à une passionnante spirale de mensonges et de manipulations qu’Urmila et lui vont se livrer dans le film, un implacable et fatal duel psychologique auquel même une femme flic zélée (la glaciale Seema Biswas, une autre membre du clan Varma, impressionnante) ne parviendra pas à mettre fin.

Ek Hasina Thi est donc un très bon thriller, tranchant comme le rasoir, d’une cruauté assez rare, probablement l’une des meilleures oeuvres du genre jamais faites à Bombay. Le film n’a d’ailleurs à peu près rien à voir avec une production de Bollywood, et ressemble beaucoup plus à un film noir américain, dans lequel le personnage de la femme fatale manipulatrice aurait été transposé au masculin.

La note de Laurent : 7,5/10

L’avis de Suraj :

Cette production de Ram Gopal Varma a le mérite d’explorer un genre relativement peu exploré en Inde, le film de vengeance féminin. En effet, depuis le formidablement malsain Anjaam, qui avait révélé Madhuri Dixit, bien peu de cinéastes s’y étaient risqués. Sriram Raghavan s’y attelle avec réussite, donnant par la même occasion à Urmila Matondkar et Saif Ali Khan deux rôles inhabituels parmi leurs meilleurs.

La comparaison avec Anjaam semble évidente, car au-delà du thème commun les deux films partagent un schéma narratif similaire : la relation de départ qui tourne mal envoie la femme en prison où elle est maltraitée et en ressort pour se venger impitoyablement. Les similitudes s’arrêtent à ces grandes lignes, puisque ce thème classique est actualisé au contexte contemporain. La vengeance d’Urmila est celle d’une femme moderne des grandes villes, là où celle de Madhuri était inscrite dans un contexte un peu plus traditionnel. Le personnage masculin n’est plus un psychopathe, mais un séducteur froid et calculateur qui utilise toute sa tête et son charme dans ses affaires douteuses.

La réalisation sèche et efficace va droit au but. Si la première partie laisse présager une jolie histoire d’amour, on bascule brutalement dans le drame le plus glauque. La transition est particulièrement réussie que ce soit dans la mise en scène ou le personnage d’Urmila qui se pare peu à peu d’un voile de ténèbres. Saif Ali Khan plus magnétique et charismatique que jamais est une révélation dans ce rôle à contre-emploi. Sriram Raghavan, ancien assistant de Ram Gopal Varma, fait forte impression pour son premier film. Également scénariste, sa maîtrise du suspens et de la direction d’acteur a de quoi étonner pour un coup d’essai. Un réalisateur à suivre de près.

Ek Hasina Thi est la preuve s’il en était besoin que de ce côté-ci de l’Asie on sait aussi faire des films de vengeance. Dans une industrie qui magnifie la pureté et l’innocence de l’amour, ce thriller sec, réaliste, et redoutablement efficace montre en quelque sorte l’envers du décor.

La note de Suraj : 8/10

Commentaires
2 commentaires