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Fashion


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La critique de Fantastikindia

Par Jordan White - le 6 janvier 2009

Note :
(7.5/10)

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Meghna, jeune femme originaire de Chandigarh rêve de monter à Mumbai pour devenir top model. Après quelques contacts professionnels, guidée par son agent, elle se voit bientôt offrir la possibilité de monter sur scène pour un prestigieux couturier. Apparaissant bientôt sur toutes les couv’, se grisant des attentions dont elle fait l’objet, elle perd peu à peu le sens des réalités et ce malgré les avertissements de sa rivale top model Shonali déjà considérée comme dépassée mais respectée par ses pairs comme une valeur sûre. Leur rivalité faite de détestation et de fascination réciproques conduira Meghna là où elle n’était pas prête à aller.

Nouveau film de Madhur Bhandarkar (Chandni Bar, Page 3, Traffic Signal) Fashion est un long-métrage ambitieux qui décrit avec minutie le monde de la mode, ses coulisses, son énergie comme ses travers. Trois heures de spectacle fait de gloss et de paillettes, mais aussi et c’est tout l’intérêt, de zones d’ombres et de figures météoriques, brisées en plein élan qui alimentent les rumeurs les plus folles comme les drames les plus terribles. Superbement photographié, Fashion nous plonge dans les arcanes en apparence dorés du milieu, sous les feux des rampes, avec des héroïnes en robes échancrées, des défilés de mode se succèdant à une cadence infernale et des fêtes noyées dans l’alcool et les drogues. Le tableau est dressé. Madhur est très bien entouré par ses actrices dont la débutante Mughda Godse, épatante dans un second rôle très bien écrit (elle mériterait un FilmFare).

Dans les rôles principaux, Priyanka Chopra (Miss Monde 2000 rappelons-le), et Kangna Ranaut s’affrontent en combats singuliers sur les podiums. Leur rivalité sur scène ou en backstage est le fil conducteur d’une histoire certes prévisible dans ses grandes lignes mais s’assurant les services d’un metteur en scène visiblement inspiré pour mettre à jour les failles et les fêlures de personnages tout sauf parfaits. L’ambivalence est reine dans Fashion, c’est un de ses points forts.

Après les potins de Page 3 (la troisième page des tabloïds), l’ambiance moite d’un bar dans Chandni Bar, Madhur décrit ici les états d’âme de jeunes filles à qui la gloire sourit vite mais dont la chute n’est jamais très loin derrière le fard du super succès. Originaire de Chandigarh, Meghna va l’apprendre à ses dépens après avoir eu des étoiles plein les yeux. Lors du premier défilé auquel elle assiste, assise à quelques rangs de ses idoles (des créateurs dont elle connaît tout mais qui l’ignorent pour le moment poliment), elle découvre, envoûtée, la reine de la soirée : Shonali, top model star, arrivée au sommet en quelques shows, accroc à la cocaïne qui une fois sur scène devient LA fille à suivre, incontournable, fille que les couturiers s’arrachent. Le schéma classique du rise and fall, que Scorsese a pu magnifier, est ici fort bien exploité, avec ses défauts et ses qualités. Le film le plus proche dans la thématique de la course-poursuite au rêve de gloire reste Showgirls de Paul Verhoeven dont on retrouve ici le goût pour une certaine démesure. On ne doute pas un seul instant que Meghna parviendra très vite à être en une de tous les mags, qu’elle fera même celle très convoitée de Vogue.

Tout est question de tempo, et aussi de rencontres. Avec des hommes et des femmes. Le portrait de Vinay comme celui de l’ami proche de Meghna relancent sans arrêt l’intérêt du film dans sa capacité à aborder toutes les sexualités et les fantasmes de papier glacé qui naissent de chaque regard, de chaque pose. Les modèles se succèdent, les modes une fois dépassées en laissent arriver d’autres. Les célébrités d’hier sont vouées à laisser leur place. Mais en filigrane le besoin de satisfaction d’images et de sons, la recherche du concept, de l’accroche publicitaire parfaite, eux demeurent et restent des valeurs sûres. Shonali avertit Meghna sur la gloire qu’elle tient entre ses mains et qui peut basculer du jour au lendemain. Quand on voit arriver Shonali pour son show, on comprend que Meghna veuille marcher sur ses traces. Tout en se disant qu’à un moment donné un lien va se briser.

La première partie avec ses défilés que n’auraient pas reniés nos propres créateurs possède une énergie bouillonnante et un visuel des plus soignés. Le moindre détail scintille. Les dialogues pétillent également, avec des reparties s’enchaînant les unes aux autres sans temps mort. Suivant l’ascension irrésistible d’une Meghna d’abord penaude, peu confiante à son arrivée à Mumbai, Fashion montre à quel point la page peut vite être tournée pour devenir un top model aussi froid que prétentieux. Au risque de s’éloigner de ses proches, convention de scénario connue mais qui ici fonctionne malgré quelques scènes un peu trop forcées ou au suspens trop appuyé. Faut-il pour autant adorer la Mode, s’intéresser aux top models passés et actuels pour aimer Fashion ? De la même façon que Chak de ! India était un film passionnant par son sujet universel, Fashion captive par l’excellence de son interprétation et de sa réalisation. On y sent aussi l’importance par rapport au sujet des showstoppers : le modèle programmé à la fin du show est chargé de donner la touche finale de perfection par sa seule présence. Madhur va chercher la sensibilité à fleur de peau sous le vernis craquelant, les démons intérieurs et les remises en question qui fâchent. La deuxième partie plus grave, maîtrisée, mélancolique resserre l’étau autour de Meghna, de sa pause nécessaire, et montre une Shonali totalement dépassée, couvée et déjà ailleurs. Sonnant comme un avertissement au rêve de gloire qui comporte sa part de compromis, parfois dur, toujours réaliste, Fashion est un thriller glamour qui interroge autant qu’il émeut, même si cette émotion arrive tard et vaut aussi amertume, à l’image d’un final qui ne laisse aucun doute sur le transfert opéré d’une personnalité à une autre. Meghna y est alors sans doute plus Shonali que jamais. La rédemption de Meghna est aussi une quête d’identité. Il fallait du talent pour la rendre attachante.

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