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Go Goa Gone


LangueHindi
GenreComédie horrifique
Dir. PhotoLukasz Pruchnik, Dan McArthur
ActeursSaif Ali Khan, Kunal Khemu, Vir Das, Puja Gupta, Anand Tiwari
Dir. MusicalSachin-Jigar
ParoliersAmitabh Bhattacharya, Priya Panchal
ChanteursShreya Ghoshal, Sachin Sanghvi, Krishna D.K., Bornalee Deuri, Suraj Jagan, Jigar Saraiya, Kunal Khemu, Raj Nidimoru, Talia, Anand Tiwari
ProducteursSaif Ali Khan, Sunil Lulla, Dinesh Vijan
Durée111 mn

Bande originale

Slowly Slowly
Khoon Choos Le
Babaji Ki Booti
Khushamdeed
I Keel Dead Peepal

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 9 juillet 2013

Note :
(7.5/10)

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Hardik (Kunal Khemu), Luv (Vir Das) et Bunny (Anand Tiwari), sont trois amis colocataires qui travaillent dans une société de Bombay. Hardik ne pense qu’aux filles et finit par se faire virer. Luv, qui partage avec Hardik le gout de l’alcool et de la marijuana, était prêt à abandonner sa vie de « débauche » pour la charmante Priyanka. Mais elle le plaque au moment où il allait lui proposer le mariage. Bunny, le garçon sage de la bande, aspire à gravir l’échelle professionnelle et se voit proposer par sa direction de faire une présentation à Goa.

Les deux autres sautent sur l’occasion pour faire une pause dans leur vie décousue. Voilà le trio embarqué pour la cité balnéaire, lieu de toutes les fêtes où les jolies filles sont légion. Sur place, ils rencontrent Luna (Puja Gupta), une « amie » Facebook de Luv. Elle les invite à une de ces « raves » exclusives, réservée à la jeunesse dorée du monde entier. Ça se passe sur une petite ile isolée, à quelques encablures de Goa. La voiture de Bunny est mise en gage sur le champ pour louer une barque à moteur, et nos trois larrons se retrouvent à la nuit tombée, au paradis des teufeurs.

L’événement semble organisé par la mafia russe, emmenée par Boris (Saif Ali Khan). L’alcool coule à flots. La drogue s’avale comme des « smarties ». Les filles sont aussi jolies qu’accessibles. Qu’il est loin le temps du bureau, placé sous le regard inquisiteur de Steve Jobs…

Go Goa Gone est une comédie loufoque et rafraichissante menée tambour battant par le duo Raj&DK qui nous avait déjà donné Shor in the City en 2011. Nous retrouvons un petit groupe de jeunes gens peu convaincus par ce que le monde des adultes peut leur offrir. Mais à la différence de leur film précédent, les auteurs-réalisateurs ne nous présentent pas trois compères qui luttent pour leur survie dans les bas-fonds d’une ville hostile. Hardik, Luv et Bunny ont au contraire un métier confortable et vivent à l’occidentale, dans un Bombay mondialisé et presque rutilant. De Luna, on ne sait rien, mais on imagine sans difficulté qu’elle évolue dans le même univers. Se marier et fonder une famille n’est pas sa préoccupation première. C’est une jeunesse indienne résolument moderne qui nous est montrée en filigrane.

Le quartet va se retrouver face à l’hostilité anthropophage d’une multitude de zombis tous plus répugnants les uns que les autres. Le dégoût, bien plus que la peur, est le sentiment qui assaille les protagonistes comme les spectateurs. Il est probable que la production ait engagé de vrais fêtards se trouvant sur les lieux au moment du tournage, pour constituer leur armée de morts-vivants affamés. Même s’ils font de leur mieux pour effrayer, ils ne sont crédibles à aucun moment. Et c’est tant mieux… Alors passé le premier haut-le-cœur, on rit à leur démarche somnambulique. On applaudit quand leur tête en décomposition explose.

L’horreur comique n’est en rien une nouveauté au cinéma, mais à Bollywood, le genre est une rareté, et Go Goa Gone une (presque) première. Les zombis ne font simplement pas partie de la culture indienne. Évidemment, les accusations de plagiat ou d’inspiration indues se sont abattues sur les auteurs dès lors que le projet a été annoncé. On a parlé de copie de Shaun of the Dead par exemple. Il est vrai que quelques gags sont déjà vus et que l’image de fin ressemble furieusement à celle de Ghosts of Mars de John Carpenter. Cela n’en fait pas une copie. On trouve des dizaines de films où un petit groupe se trouve confronté par hasard à une adversité aussi mystérieuse qu’atroce.

Ce film présente au contraire de nombreuses originalités. La première est bien sûr de voir la trouille métaphysique qu’inspirent les femmes aux trois garçons. Bien plus que la peur d’être dévoré, c’est le fait de devoir se défendre physiquement contre une femme qui fait hurler Luv dans l’image qui précède. Et lorsqu’il la transperce de son parapluie phallique, la transgression est à son comble. Ça ne marche pas bien sûr, n’est-elle pas morte en réalité ? Il va falloir y mettre les poings, indistinctement contre les hommes et les femmes. L’éclatement des codes est jubilatoire.

Une autre particularité notable réside dans l’usage massif de substances plus ou moins licites. Les personnages fument, ce qui a valu aux auteurs et producteurs de devoir intégrer l’écœurant message antitabac au début comme à l’entracte du film. Ça ne suffisait visiblement pas aux censeurs sourcilleux, alors Saif Ali Khan lui-même a dû y aller de son petit couplet contrit. Mais le comité des bien-pensants a mal vu et n’a peut-être pas bien écouté. Non seulement les personnages boivent beaucoup (de bière), mais ce qu’ils fument, c’est essentiellement du cannabis. Même si son usage est toléré par endroits en Inde, la différence de traitement par la censure est risible. Pour en remettre une couche, la prodigieuse chanson du générique de fin, Babaji Ki Booti (l’Herbe de Babaji), est une ode drolatique au paradis artificiel. En mettant les jeunes rieurs de son côté, Go Goa Gone dénonce formidablement une société coincée.

Le jet de la morale aux orties est illustré par l’intervention quasi divine du sauveur, en la personne de Boris. Bollywood a souvent dépeint les aventures d’un trio de trois jeunes hommes un peu perdus. C’était le cas de 3 idiots, du médiocre Pyaar Ka Punchnama ou de Delhi Belly pour ne citer que trois exemples récents. Go Goa Gone innove en ajoutant un « grand-frère » indo-russe — ou russo-indien selon le point de vue — peroxydé, qui s’aime tellement lui-même qu’il a été jusqu’à se faire tatouer son propre nom sur son avant-bras. Flanqué de son fidèle Nikolai, c’est une caricature désopilante du héros ultra-viril, évoluant totalement en marge du monde civilisé.

Saif Ali Khan incarne avec délectation ce fameux Boris qui joue avec une égale habileté du couteau et des armes de poing. Il a eu l’intelligence de se mettre en retrait et de laisser la place aux jeunes. Ses interventions n’en sont que plus percutantes. Ses réparties fameuses comme I kill dead people (Je tue les morts), Do you want to eat Nikolai ? (Tu veux manger Nikolai ?) ou sa version avec l’accent russe d’I’ll be back resteront dans toutes les mémoires. Les premiers rôles sont tenus par les trois jeunes, menés par un Kunal Khemu remarquable de désinvolture et de drôlerie. Ses deux acolytes, tout comme Puja Gupta, sont également parfaits chacun dans leur genre. Nous avons même le plaisir d’entr’apercevoir Soha Ali Khan en image de la femme idéale, et Pitobash Tripathy en officiant d’une sorte de cérémonie satanique dédiée à la drogue.

Go Goa Gone ne contient pas de chanson chorégraphiée. Mais la musique est bien présente, nerveuse, jeune et moderne. Les paroles des trois morceaux resteront dans toutes les têtes, de Khoon Choos Le qui fait le générique d’ouverture avec son « Foutu lundi. Tu es de retour pour me sucer le sang. », à Babaji Ki Booti dans le générique de fin et que je n’ai pas pu m’empêcher d’inclure à la fin de cet article. La chanson titre Slowly Slowly n’est pas en reste. Le texte peut être compris par les « optimistes » comme un message de dissuasion contre les drogues dures. Les autres s’amuseront de son « Trouve-toi de l’herbe, roule-toi un joint. Mais fais-le lentement-lentement. » 

Go Goa Gone est un excellent divertissement. Il nous embarque avec une belle énergie dans un périple improbable et terriblement rafraichissant. Il y a bien quelques longueurs lorsque les zombis se font trop pressants, mais cela ne dure pas. L’histoire, cohérente malgré le sujet, n’a finalement que peu d’importance. On regarde le petit groupe évoluer pour rire de bon cœur et prendre un sacré coup de jeune.

Ce nouvel opus de Raj & DK constitue une des belles surprises du début de l’année 2013. On aurait pu craindre le pire, on a le meilleur !


 


Bande-annonce


Babaji Ki Booti

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