]]>

Halla Bol

Traduction : Fais-toi entendre

LangueHindi
GenreFilms semi-commerciaux
Dir. PhotoNatarajan Subramaniam
ActeursAjay Devgan, Vidya Balan, Pankaj Kapoor, Sanjay Mishra, Darshan Jariwala
Dir. MusicalSukhwinder Singh, Vanraj Bhatia
ParoliersSameer, Mehboob Kotwal, Dushyant Kumar
ChanteursSukhwinder Singh, Harshdeep Kaur, Sneha Pant, Amjad Farid Sabri
ProducteurSamee Siddiqui
Durée142 mn

Bande originale

Barsan Lagi
Is Pal Ki Soch
Jab Tak Hai Dum
More Haji Piya
Shabd Gurbani
Halla Bol Theme

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 29 mai 2008

Note :
(6.5/10)

Article lu 1941 fois

Galerie

Ashfaque (Ajay Devgan) est un jeune homme qui rêve de faire carrière à Bollywood. Membre d’une troupe de théâtre de rue dirigée par Sidhu (Pankaj Kapoor), il ne tarde pas à obtenir ses premiers rôles au cinéma et, en adoptant le pseudonyme de Sameer Khan, il devient une grande star. Mais cette vie de paillettes et d’hypocrisie l’éloigne de sa femme Sneha (Vidya Balan). Un événement tragique lors d’une soirée va alors bouleverser la vie de notre héros…

Avec Halla Bol, Rajkumar Santoshi renoue avec l’une de ses spécialités, le film engagé. Ce film-là est même plus auteurisant qu’un polar comme Khakee, l’un de ses tous meilleurs films, où la dénonciation des flics et des politiciens véreux s’intégrait à un film de genre musclé, avec scènes d’action et portraits de policiers héroïques. On a droit plutôt ici à un pur film social, comme Damini, son film de procès féministe de 93. Cet aspect semi-commercial est renforcé par la raréfaction des chansons (2 dont une tronquée).

La première partie du film se présente comme une satire au vitriol d’une vedette imbue d’elle-même. Le sujet est alléchant, d’autant plus qu’on va croiser plusieurs stars dans leurs propres rôles (Kareena Kapoor, Jackie Shroff, Tusshar Kapoor), un procédé roublard auquel Santoshi nous a habitués (Aamir Khan dans Damini, Govinda et Juhi Chawla dans Andaz Apna Apna, Amitabh Bachchan dans Ghatak, et même la légendaire Lata Mangeshkar dans Pukar). De plus, Ajay Devgan a la finesse et l’autodérision nécessaires pour le rôle de cette star qui joue à fond la fausse modestie, nous proposant toute une série de parodies et de fausses pubs assez sympathiques. Malheureusement, ces situations légères ne sont pas assez percutantes, et on a déjà vu cent fois ces histoires de caprices de stars.

Quelques scènes réalistes qui s’écartent de l’humour sont tout de même intéressantes. La séquence où Devgan, debout au fond de la salle lors de la projection en public de l’un de ses films, est soudain reconnu et acclamé par les spectateurs, rappelle par exemple la première de Kaho Naa… Pyaar Hai en janvier 2000, le film qui lança le phénomène Hrithik Roshan : dès la fin de la projection en effet, les spectateurs se ruèrent sur l’acteur, devenu star du jour au lendemain, et il fallut que la police vienne pour l’escorter hors du cinéma… La scène où la star Sameer Khan, victime d’une campagne calomnieuse, est honnie par le public, qui brise les vitrines des cinémas projetant ses films et brûle son portrait dans la rue, est également criante de vérité : il est hélas déjà arrivé en Inde que des stars suscitent indirectement des actes de violence suite à des scandales qu’elles ont involontairement provoqués.

On pense particulièrement à la campagne de diffamation dont Hrithik Roshan fut la victime en décembre 2000. De fausses rumeurs, peut-être instaurées par la mafia de Bombay, selon lesquelles la star aurait dit du mal du Népal et de ses habitants, provoqua de véritables émeutes dans ce pays : cinémas attaqués, films hindis retirés de l’affiche, posters à l’effigie de Hrithik brûlés, plusieurs émeutiers abattus par la police… Il fallut que l’acteur démente formellement les propos qu’on lui attribuait pour que les violences cessent. Bref, ces passages du film de Santoshi sont très parlants, nous rappelant que l’industrie du cinéma bollywoodien n’est pas qu’une usine à rêves, et qu’elle peut être à la source d’une forme de hooliganisme qui n’a pas grand-chose à envier aux actes de vandalisme perpétrés dans les stades de football en Occident.

Bien entendu, dans la deuxième partie du film, l’acteur égoïste, le héros de cinéma interprété par Devgan va redevenir l’homme honnête qu’il était autrefois, voire un vrai héros populaire, notamment grâce au soutien de sa femme. Cette dernière est heureusement incarnée par la charmante Vidya Balan, et le couple qu’elle forme avec le héros est crédible, si bien que le film tend alors vers le thriller, et se laisse regarder avec plus d’intérêt. Mais les séquences mémorables, présentes dans la plupart des précédents films de Santoshi, se font rares, et le film s’achemine un peu trop tranquillement vers une fin conventionnelle. Peu de répliques fortes ou de monologues puissants, presque aucune course-poursuite haletante ni fusillade bien sèche, qualités que l’on trouvait à peu près toujours chez ce réalisateur, même dans l’imparfait Family.

Qu’on ne n’y trompe pas cependant : Santoshi n’est pas encore un has been fini, c’est toujours le bon artisan que l’on connaît, avec tout son savoir-faire. On retrouve ici son style efficace, son exigence dans la direction d’acteurs (mention spéciale au solide Pankaj Kapoor), il livre avec Halla Bol un film assez ambitieux inspiré en partie de faits réels, avec un très bon Ajay Devgan, son acteur fétiche des années 2000… Pourtant, on a quand même l’impression qu’il ne croit qu’à moitié à son propos et que, sur un canevas qui semblait original au départ, il se contente d’enchaîner les rebondissements classiques, sans ennui mais sans grande surprise non plus. Ce dernier opus est plutôt bon, mais on s’attendait à nettement mieux de la part de ce maître du western urbain sans concession, qui nous livre peut-être ici son film le moins inspiré depuis les mid-nineties. Et si le couple principal est impeccable, il ne parvient pas à porter le film à bout de bras comme le faisaient les héros des deux réalisations précédentes du cinéaste, Akshay Kumar et Amitabh Bachchan, deux acteurs qui bouffent l’écran, sauvant complètement un projet improbable comme Family.

Halla Bol est donc un film bien fait, avec de bonnes idées à la base, mais qui se révèle un peu terne, froid et sans grande tension, ce qui est un comble de la part d’un spécialiste du thriller ! Echec au box-office, le film est donc avant tout à conseiller aux aficionados du réalisateur ou de l’une de ses stars.

Commentaires
7 commentaires