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Holiday

Traduction : Vacances: Un soldat n'est jamais en permission

Bande originale

Shaayraana
Tu Hi To Hai
Blame The Night
Ashq Na Ho
Tu Hi Toh Hai (Film Version)
Palang Tod Naina
Palang Tod Naina (Version 2)

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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 2 décembre 2014

Note :
(5/10)

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Le sous-titre a déjà tout dit. Commençons par le générique de fin, une fois n’est pas coutume. Une annonce indique que ce film est dédié aux militaires indiens et à leurs familles. Vous êtes prévenus. C’est en effet à un hommage appuyé à l’armée indienne, et plus particulièrement à ses forces spéciales, que s’est livré A. R. Murugadoss dans ce remake hindi de son film tamoul de 2012, le blockbuster Thuppakki, où Vijay tenait le rôle du héros. Il y a donc un message, nous y reviendrons, et aussi de l’action, du rire et de la romance. Manque juste un peu d’émotion. Bref, nous sommes dans un masala pur jus.

L’intrigue commence au retour de Virat Bakshi (Akshay Kumar) à Bombay. Le jeune homme, officier dans un régiment militaire, rejoint pour les vacances sa ville et sa famille. Cette dernière, en ordre de bataille sur le quai de la gare, le conduit illico, sans même lui laisser le temps d’enfiler un vêtement civil, chez les Thapar pour rencontrer Saiba (Sonakshi Sina), la fille à marier. Bien que séduit par la jeune femme qui lui apparaît douce, délicate et réservée, il rejette l’union arrangée par ses parents. Mais les apparences sont trompeuses, Saiba est en fait une boxeuse de talent tout à fait décomplexée qui s’est brièvement prêtée au jeu des convenances sociales. Virat, décidé à réviser ses positions sur le mariage lorsqu’il l’apprend, est quant à lui un membre éminent de la DIA (Defence Intelligence Agency), le renseignement des forces armées indiennes.

Fortuitement, lors d’un trajet en bus avec son ami, le sous-inspecteur Mukund Deshmukh (Sumeet Raghavan), Virat tombe par hasard sur un attentat à la bombe… Il va devoir se dévoiler. La comédie jusqu’ici romantique bascule alors dans le film d’action et le thriller. Virat réussit à capturer le terroriste et le livre à la police. Mais l’homme s’échappe de l’hôpital grâce à la complicité d’un policier. Virat va le rattraper et le faire parler, grâce à des méthodes musclées peu orthodoxes bien qu’assez banales. Il découvre qu’une cellule d’agents dormants prépare une attaque en série dans plusieurs lieux de Bombay. Une lutte sans merci débute à ce moment-là entre lui et le chef terroriste, Ali (Freddy Daruwala, excellent débutant), tel un gigantesque jeu de stratégie qui aurait la ville pour cadre.

Holiday se laisse regarder grâce au suspense bien mené de la traque du chef terroriste et à cette dimension de jeu d’échecs aux mesures de la mégapole. Cela donne au passage quelques belles images de Bombay, y compris du bidonville de Dharavi. Les metteurs en scène de Bollywood n’hésitent plus à sortir régulièrement des studios de Filmcity et à profiter de la cinégénie extraordinaire de Bombay. A cet égard, le scénario est intéressant et aurait pu donner lieu à un film haletant de bout en bout, si tel avait été le parti retenu par Murugadoss. Le problème est qu’il ne choisit pas vraiment cette option, tout en étant tenté de le faire. A l’opposé, Holiday aurait tout aussi bien pu se poursuivre très agréablement dans la romance ou dans la comédie pure, centrée sur le quiproquo amoureux. C’est le dosage entre ces directions divergentes qui pose problème.

La romance passe trop vite au second plan et les gags montrant la jeune fiancée délaissée sans explications au profit de la noble cause n’amusent pas vraiment. Ce qui ne fait pas rire en fait, c’est surtout l’attitude d’acceptation de ladite bien-aimée et la place de potiche que lui a réservée le scénario. Rejetée, puis désirée, rejetée de nouveau, larguée deux jours avant les fiançailles, etc., non seulement elle continue à aimer son homme, dont elle ignore l’activité réelle (le savoir aurait pu constituer une excuse à sa tolérance), mais elle lui court après sans cesse. Saïba est une boxeuse, mais à l’exception de la scène où Virat le découvre, la suite n’exploite absolument pas ce filon. Impasse scénaristique sur une profession qui aurait permis par exemple d’en faire une vraie partenaire du héros dans les combats. Autre aspect dérangeant du long métrage, le message assumé, formulé à plusieurs reprises, de l’obligation de sacrifice pour sauver sa ville, son pays, etc. Cet impératif ne s’impose pas exclusivement au valeureux soldat qui a choisi le métier des armes, mais il s’étend aussi à ses proches, à sa famille.

On grince vraiment des dents, lorsque Virat utilise sciemment sa sœur dans un piège tendu aux terroristes. Il justifie son comportement, lorsque son ami Mukund le lui reproche, en disant que sacrifier deux ou trois vies est mieux que risquer celle de milliers de personnes tout aussi innocentes. C’est pour le moins discutable, voire glauque, d’autant qu’il en rajoute et fait après coup une leçon de civisme à sa petite sœur, tout de même un peu chagrinée d’avoir été manipulée et mise en danger. En substance : « Si les soldats donnent leur vie pour ta sécurité, cela te paraît normal, par conséquent, tu peux bien aussi donner la tienne, si c’est pour sauver etc. » Le sacrifice par procuration en quelque sorte ! Grrr ! La dédicace finale du générique, mentionnée plus haut, montre a posteriori, hélas, qu’il ne s’agit pas de second degré. On espère aussi une astuce scénaristique — après tout, un personnage peut défendre des opinions qui ne soient pas celles du réalisateur — et un rebondissement qui place le héros face à un choix cornélien, comme d’avoir à sacrifier son amour par exemple. Que nenni.

Par ailleurs, à plusieurs reprises, le film frise fortement l’amateurisme, jusque dans les scènes d’action. Dans l’une des principales scènes de combat, à l’issue de quoi Virat, l’homme providentiel, vient tout seul à bout d’une tripotée de terroristes, il en massacre rapidement et allègrement une bonne dizaine. Jusque-là tout va bien, c’est normal dans ce genre de film, même si l’on est peu porté comme c’est mon cas sur ces épisodes obligés. Mais, il en arrive d’autres, et tout ce petit monde attend gentiment son tour d’être qui embroché, qui assommé, qui révolvérisé… Aucun n’aurait l’idée malvenue de s’en prendre à lui pendant qu’il s’occupe à supprimer son collègue et, surtout, aucun ne fait usage de son arme à feu. Prière de ne pas déranger la chorégraphie du combat ! Le héros a lui aussi quelquefois un certain retard à l’allumage, comme dans la scène du bus, avant le premier attentat. Lorsque Virat se décide enfin à courir après le fuyard qui vient de poser la bombe, il s’écoule un laps de temps suffisant pour lui permettre de montrer sa belle foulée de sprinteur. Ce ne sont que quelques exemples très apparents de maladresses.

Autre défaut patent : les effets spéciaux. Cela saute aux yeux, même à ceux d’une non spécialiste qui fait facilement abstraction des ficelles et des détails techniques si l’histoire est assez prenante. Mais, comme il y a beaucoup d’explosions dans Holiday, le spectateur était en droit d’attendre un peu plus de soin dans la mise en images d’un bus, de voitures ou d’immeubles qui s’embrasent. Est-ce le budget qui a manqué ? Le film aurait coûté, hors cachet d’Akshay Kumar, frais promotionnels et de copies, dans les 30 crore (4,9 millions de dollars), ce qui semble modeste comparativement au coût des grosses machines comme Ek Tha Tiger, Don 2 ou Robot par exemple, ou même au budget du Ghajini de 2009 du même réalisateur, avec Aamir Khan, qui était de 65 crore. Ou bien, dans ce secteur, le cinéma indien a-t-il encore un long chemin à faire pour atteindre la qualité des productions internationales ? Sans doute un peu des deux.

Pourquoi regarder ce film alors ? Parce qu’en dépit de toutes les réserves formulées, s’il est souvent agaçant, il n’est pas ennuyeux. Murugadoss a assez de savoir-faire pour injecter un minimum d’humour avant de passer les bornes, et cela fonctionne. Il nous ramène au masala qu’on souhaite voir et non au film plus sérieux avec lequel il tente de flirter. Et pour les admiratrices d’Akshay Kumar, parce que l’acteur est très en forme sur ce film. Il aurait perdu une douzaine de kilos pour tenir le rôle d’un homme bien plus jeune qu’il ne l’est. Cette cure de rajeunissement le rend plus crédible, on peut même dire « gracieux », jusque dans les chorégraphies qui ne sont pourtant pas son point fort. Sonakshi Sina s’améliore, elle a appris à diversifier ses mimiques et sa gestuelle. Dommage que son rôle ne lui permette pas de le montrer davantage. Dans l’emploi du méchant, le jeune Freddy Dariuwala est une découverte, on aimerait le revoir bientôt, et Govinda apporte une touche de comique bienvenue lors de sa brève apparition.

Il n’y a pas grand-chose à dire de la musique de Pritam, assez agréable mais sans morceau marquant. Du reste ses chansons sont réduites à la portion congrue, quatre seulement. Les sportifs apprécieront Tu Hi To Hai, sur fond de stade, de rugby et autres sports. Le morceau final Ashq Na Ho vaut surtout pour l’interprétation d’Arijit Singh dont on a chaque fois plaisir à retrouver la voix chaude dans divers films, depuis quelques années.

Tout compte fait, Holiday est un remake non nécessaire, une machine à rapporter de l’argent, toutefois les fans d’Akshay Kumar seront à la fête et les autres pourront quand-même apprécier sa performance. Et puis, si on consent à laisser au vestiaire son esprit critique, on passe 2 heures ½ de suspense sans temps mort, cela compte pour un thriller, non ?


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