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I Am

Traduction : Je suis

LangueHindi
GenreDrame
Dir. PhotoArvind Kannabiran
ActeursNandita Das, Juhi Chawla, Rahul Bose, Manisha Koirala, Purab Kohli, Arjun Mathur, Sanjay Suri, Abhimanyu Singh
Dir. MusicalAmit Trivedi, Rajiv Bhalla , Vivek Phillip
ParoliersAmitabh Bhattacharya, Amitabh Varma
ChanteursKK, Rekha Bharadwaj, Karthik, Mame Khan, Kavita Seth, Mohan, Rajiv Bhalla
ProducteursOnir, Sanjay Suri
Durée108 mn

Bande originale

Baangur
Issi Baat Pe
Bhojhal Se
Aankhein
Saye Saye
Wundoo Yeredoo
Bhojhal Se (Remix)
Issi Baat Pe (The Bombay Bounce Club Mix)
Baangur (Remix)

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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 10 janvier 2012

Note :
(8/10)

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Il y a quelque temps de cela, je vous avais décrit, dans une news, l’heureuse initiative du réalisateur Onir pour faire un cinéma résolument différent par les thèmes abordés de ce que produit l’industrie cinématographique hindi. Peinant à trouver le financement de ce film auprès de producteurs frileux, le réalisateur avait eu recours aux réseaux sociaux et avait fait de chaque personne participant au film, quel que soit sa donation ou son implication, des « co-propriétaires ».
Après avoir fait le tour des festivals, avoir bénéficié d’une sortie quasi confidentielle en Inde, le film est sorti en DVD. En voici la chronique.

I AM AFIA

Afia (Nandita Das) est une jeune femme indépendante et moderne, vivant à Calcutta où elle travaille comme conceptrice de sites Internet. Trompée par son mari (dans tous les sens du terme puisqu’il refusait de lui faire un enfant sous des prétextes fallacieux alors qu’il se donnait du bon temps avec une autre femme), elle décide d’avoir un enfant tout seule, comme les femmes libérées occidentales des années 80, par insémination artificielle. Mais Afia vit en Inde et va devoir se battre contre les préjugés sociaux et contre ses propres angoisses, car il est difficile de concevoir la maternité complètement affranchie de toute relation charnelle.

I AM MEGHA

Megha (Juhi Chawla) est partie il y bien des années de son Cachemire natal, chassée, avec sa famille, par le conflit interreligieux, mais elle y retourne afin de vendre la maison familiale et de rompre toute attache avec cette région. Une fois là-bas, elle retrouve son ami d’enfance, Rubina (Manisha Koirala), mais rien n’est plus pareil entre elles. Le passé douleureux marqué par la guerre, le déchirement et le déracinement, que Megha croyait avoir bien enfoui, ressurgit à chaque instant. Tout, dans son village natal porte les stigmates de la guerre et il va bien falloir que Megha s’y confronte et qu’elle ouvre aussi les yeux sur les souffrances des autres.

I AM ABHIMANYU

Abhimanyu (Sanjay Suri) est un jeune homme dont la réussite professionnelle — c’est un brillant réalisateur de documentaire pour la télévision — contraste avec son manque d’épanouissement affectif. Il ne sait pas, en effet, s’il aime les hommes ou les femmes et cette ambigüité dans son identité sexuelle l’empêche de construire une relation affective quelle qu’elle soit. Car Abhimanyu cache, sous une autre identité, un lourd passé d’enfant abusé sexuellement par son beau-père. Pour se reconstruire, il va devoir faire face aux démons qui le hantent.

I AM OMAR

Jai (Rahul Bose) est un jeune cadre dynamique habitant Bombay. Contrairement à Abhimanyu, avec qui il a eu une relation passagère et tourmentée, Jai assume son homosexualité dans la mesure du possible étant donné que cette orientation sexuelle est considérée comme un délit en Inde selon l’article 377 du Code pénal (depuis 2009, la Haute Cour de Justice de New Delhi a abrogé cet article, mais l’histoire se situe avant). Un soir, dans un bar, il rencontre Omar. Il lui plaît, il le drague et tous deux partent dans un endroit isolé à l’abri, dans l’intimité de la voiture de Jai. Or, nos deux amants sont surpris par un policier véreux qui les traite comme des délinquants et qui entend bien profiter de la situation pour arrondir ses fins de mois.

I AM tient à la fois du film à sketches et du film choral : chaque personnage fait l’objet d’une histoire indépendante qui illustre une question sociétale de l’Inde contemporaine, mais les différents destins des uns et des autres sont reliés de façon plus ou moins marquée. Par exemple, Megha est une amie d’Afia ; Abhimanyu et Jai se connaissent et ont eu une relation ; Afia est la conceptrice du site Internet de Jai et Abhimanyu rencontre Megha alors qu’il réalise un reportage au Cachemire. C’est justement ce lien entre les personnages qui fait la transition entre les différentes histoires qui nous mènent aux quatre points cardinaux de l’Inde : c’est ainsi que nous allons de Calcutta au Cachemire, puis à Bengalore pour finir à Bombay. La transition est très bien amenée du point de vue narratif et cinématographique, sur de très belles mélodies. Ce fil narratif et musical qui tient l’ensemble et donne cohérence au métrage est sans aucun doute l’une des principales réussite de I am. Quant aux histoires, elles sont de qualité variable non pas par le sujet, car tous ont incontestablement leur intérêt, mais par la narration. I AM ABHIMANYU est la meilleure d’entre elles. Onir, tout en finesse, traite le difficile sujet de l’abus sexuel d’un mineur par un membre de sa famille sans jamais tomber dans le voyeurisme ni le sordide en utilisant le montage parallèle pour évoquer métaphoriquement et pudiquement cette abjecte réalité. I AM MEGHA est aussi une réussite pour traduire cinématographiquement le souvenir du passé, pour évoquer la déchirure du rejet, de l’intolérance, des blessures béantes. I AM AFIA par son style elliptique et la volonté de placer le personnage principal dans différentes situations illustrant chacune un préjugé semble parfois beaucoup plus convenu. Finalement, I AM OMAR est l’histoire qui m’a semblé la moins réussie par rapport aux autres où le non-dit, en l’occurrence le « non-montré » est beaucoup plus évocateur émotionnellement. Pour I AM OMAR, le réalisateur en montre trop, certainement pour donner à son histoire un côté sordide et glauque.

Vous l’aurez compris, sans glamour, ni paillettes, I AM, comme son titre l’indique, évoque, à travers le questionnement identitaire de ses personnages, les évolutions sociales qui tentent d’émerger dans un Inde contemporaine où les désirs des uns se heurtent aux préjugés des autres, où il faut refermer les douloureuses blessures du passé, où des visions rétrogrades cohabitent avec des aspirations de modernité. Si vous n’êtes pas un nostalgique des films présentant une image de l’Inde idéalisée et figée dans le parampara, I AM vous permettra de revoir, avec beaucoup de plaisir, des actrices — Juhi Chawla, Manisha Koirala — que l’on n’a plus guère l’occasion de voir dans les films contemporains.

Source images : site du film



Bande-annonce

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