]]>

I Hate Luv Storys

Traduction : Je hais les histoires d’amour

Bande originale

Jab Mila Tu
Bin Tere
I Hate Luv Storys
Bahara
Sadka Kiya
Bin Tere (Reprise)
Bahara - Chill Version
Bin Tere - Remix

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Madhurifan - le 7 septembre 2010

Note :
(5/10)

Article lu 3532 fois

Galerie

C’est l’histoire de Jay, dit "J" (Imran Khan). Il n’aime pas les histoires d’amour, surtout celles qu’on voit au cinéma et qu’on aime tant sur Fanta. Pauvre garçon ! Mais, manque de pot pour lui, il est assistant réalisateur de Veer Kappor (Samir Soni), célèbre réalisateur de films romantiques… Si ce n’est pas de la malchance, ça ! Pour compenser son manque de romantisme il passe son temps à draguer avec son copain Kunal (Kavin Dave). Par un heureux hasard comme savent si bien en créer les scénaristes du monde entier, il croise Simran (Sonam Kapoor), quasiment fiancée à Raj (Sameer Dattani). Simran est le prototype de la romantique et Raj un type super sympa comme en rêvent toutes le futures mariées version Simran. Seul défaut, mais défaut freudien, il s’obstine à offrir des fleurs blanches à Simran alors qu’elle aime le rouge. Simran, Raj. Ca vous rappelle quelque chose ? Allons, les cloches, la Suisse ? Dilwale Dulhania Le Jayenge, bien entendu, bravo ! Eh bien figurez-vous que la Simran en question devient la patronne de Jay. Soyons sans pitié et faisons derechef voler en éclats ce suspens du troisième millénaire : ils vont tomber amoureux et après ce qu’il est convenu de nommer des péripéties, ils seront enfin réunis. Ça vous épate, pas vrai ? J’ai l’air de me moquer, comme ça, mais ces références clairement revendiquées sont en définitive plutôt réjouissantes et laissent même présager un joli film ludique.

Punit Malhotra est derrière la caméra pour son premier film en tant que réalisateur. Premier film mais ce n’est pas pour autant un inconnu car il a été assistant sur La Famille Indienne, Kal Ho Naa Ho et Paheli. Autant dire que c’est un habitué des productions Dharma. Il a bien appliqué la méthode indiquée dans le "Petit Karan Johar illustré pour premier film" : contruction carrée, enchaînements aux petits oignons, technique qui s’efface, réalisation banale mais efficace.

C’est la méthode habituelle des poulains de l’écurie Dharma pour leur première course : Tarun Mansukhani avec Dostana, Renzil D’Silva avec Kurbaan, Ayan Mukherjee avec Wake up Sid, Nikhil Advani (en nettement plus inspiré) avec Kal Ho Naa Ho par exemple.

Imran Khan, neveu d’Aamir du même nom et Sonam Kapoor, fille d’Anil du même nom, composent des personnages principaux à la limite de la caricature. Je dis "à la limite" pour être gentil. De la fille romantique au garçon sans illusions, voila des caractères qui donnent l’impression de n’être que l’assemblage d’un Lego de poncifs. Punit Malhotra, qui est également scénariste, ne s’est pas foulé le poignet avec ses héros. Cela dit, les deux comédiens font leur boulot avec sérieux, prenant des sourires niais ou des mines constipées à bon escient. Personnellement, je trouve Imran supérieur à Sonam (qui a dit que ce n’était pas difficile ?). Peut-être son visage et ses expressions sont-elles nativement conformes au personnage qu’il interprète. Mais chez nos deux protagonistes pas plus d’étincelle de folie ou d’humanité réaliste que de bouton d’acné sur le nez d’Aishwarya Rai en couverture de Vogue. Bah, en fin de compte c’est sans importance puisqu’ils représentent des prototypes.

Pour finir le tour du propriétaire, disons que la musique est aussi agréable à écouter que vite oubliée.

En résumé : un scénario banal comme une ornière sous les arcades de Connaught Place et des personnages plus lisses que la surface d’une bouteille plastique de Coca pas ouverte et abandonnée dans le désert de Gobi. On se demande comment Punit Malhotra peut s’en sortir.

Eh bien, curieusement, il ne s’en sort pas trop mal. La bonne idée c’est d’avoir parsemé I Hate Luv Storys de références à divers blockbusters, essentiellement ceux des productions Dharma (il n’y a pas de mal à se faire du bien). Je dis la bonne idée mais je devrais plutôt dire la seule idée. Pour le coup, on se prend à jouer les Sherlock Holmes cinéphiles et ça c’est amusant. En tout cas plus amusant que le scénario. Surtout que les références touchent tous les domaines, tous les niveaux, ce qui permet à chacun de jouer et trouver quelque chose. C’est un peu l’esprit Ecole des Fans si vous voulez. Quelques exemples. Références musicales avec la panoplie Chopra-Johar (DDLJ, Kuch Kuch Hota Hai, etc.), références à des décors (Saawariya), des chorégraphies (La Famille Indienne), mais aussi des détails (ce qui ressemble aux chutes du tournage de Dostana, sur la plage, qui servent de fond à la garçonnière d’Imran) moins évidents, voire des plans et des objets. A vous de jouer pour en identifier le maximum.


Le résultat, c’est qu’une fois compris qu’il n’y a rien à attendre au niveau de l’histoire, on peut se consacrer à plein temps à cette chasse au trésor. Cela procure une sorte de plaisir gamin qui masque le temps.

Et, en définitive, à la fin du film on se sent plutôt heureux d’avoir passé un moment pas désagréable. Les deux heures et quelque s’écoulent plutôt facilement. On pourrait même se le diffuser une seconde fois juste pour continuer la partie de détective.

Ce qui est regrettable c’est que Punit Malhotra avait de la matière pour un film bien plus original. On peut se prendre à rêver de ce qui se serait passé avec un peu d’ambition et moins de volonté de rentrer dans le rang. Si c’était l’absence d’illusions qui avait triomphé. On aurait alors eu une véritable histoire sur les rapports entre l’amour et l’espèce de standardisation des sentiments que façonne le cinéma romantique. Mais ça, c’est inimaginable pour ce genre de film.
Entendons-nous bien, je ne méprise pas les films comme I Hate Luv Storys (j’adore DDLJ ou Pyaar Impossible ! et j’ai un tarif de gros chez Kleenex) mais même si on aime se laisser aller dans ces histoires à l’eau de rose, on peut conserver un minimum de distance et chercher un contenu. Ici, pas de vagues ni de critiques. Même si les mimiques d’Imran lors de chaque scène sentimentale semblent dire "quelle misère, qu’est-ce que je fais ici", la révolte s’arrête là. On reste dans le registre de la blague de collégien pré-pubère.

I Hate Luv Storys est un film de plus à classer dans la catégorie McBollywood. Un de ces films de la génération multiplexes dont la technique de fabrication est 100 % industrielle. Acteurs avec un nom connu (mais pas trop chers si possible), pour la partie buzz. Réalisateur inconnu à un tarif défiant tout concurrence. Pas ou peu de seconds rôles célèbres. Quelques noms pour la musique qui se doit d’être suffisante pour soutenir l’absence d’histoire. Chouette affiche et plan de com massif. Au final, un budget serré et maîtrisé. Du travail de pro, quoi… Ici, en prime, un probable coup de main du papa Anil ou du tonton Aamir. I Hate Luv Storys est à classer sur la même étagère de 10 centimètres de long que Badmaash Company par exemple. Celle où les derniers arrivés poussent et dégagent les plus vieux de quelques semaines qui ont déjà déserté les mémoires.

Il fait partie de ces films dont la carrière cinématographique s’arrête après le premier week-end en salle, non pas à cause d’un échec imprévisible mais parce qu’ils ont été conçus pour rapporter le maximum entre le vendredi (en Inde, les films sortent le vendredi), et le dimanche soir. Des films qu’on retrouve en DVD à une vitesse hypersonique puis, dans la foulée, sur le câble ou le satellite. Bref, un vrai film indien de pure distraction, avec son public, ses codes, ses idoles en fleur et son degré zéro de réflexion. Inutile de le dire (je me demande même pourquoi je le dis), à des méga-années lumière d’un Mani Ratnam ou même d’un Yash Chopra en forme.

Mais si vous voulez passer deux heures et que vous cherchez de quoi vous vider la tête, I Hate Luv Storys devrait faire l’affaire.


Note : 5/10 - Pas indispensable. Si vous ne le voyez pas, vous vous en remettrez.


Commentaires
10 commentaires