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Ishaqzaade

Traduction : Enfants de l'Amour

Bande originale

Ishaqzaade
Chokra Jawaan
Pareshaan
Jhallah Wallah
Aafaton Ke Parinde
Pareshaan (Remix)
Jhallah Wallah (Remix)

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 11 octobre 2012

Note :
(7.5/10)

Article lu 2947 fois

Parma Chauhan (Arjun Kapoor) et Zoya Qureshi (Perineeti Chopra) se détestent depuis l’enfance. Ils perpétuent ainsi la tradition familiale qui veut que les deux clans s’affrontent pour le contrôle de la petite ville fictive d’Almore en Uttar Pradesh. Les élections approchent et les deux patriarches, Surya Chauhan l’hindou et Aftaab Qureshi le musulman, s’opposent une fois de plus pour le poste de MLA (Member of the Legislative Assembly, le député de l’état).

Parma est un bon à rien, un peu voyou, qui cherche désespérément à aider son grand-père en utilisant les méthodes peu orthodoxes de ses hommes de main, au grand désarroi de sa mère. Zoya a un peu plus les pieds sur terre. Elle se rêve MLA comme son père, mais c’est en cachette qu’elle achète un pistolet, l’accessoire indispensable de tous les membres des deux tribus.

Une réception est organisée chez les Qureshi à l’occasion du début de la campagne électorale. Chand (Gauahar Khan) la danseuse vedette de la ville, prostituée à ces heures, est bien évidemment le clou de la soirée. Mais elle est attendue au même moment chez les Chauhan pour participer à la fête d’anniversaire de Surya. Pour sauver la situation, Parma mène une bande de gros-bras chez les Qureshi afin d’enlever Chand et ses musiciens. Le coup audacieux réussi mais l’affront renforce encore un peu plus la haine entre les deux familles…

Raconter plus avant l’histoire dévoilerait le formidable retournement de situation qui se produit juste avant l’entracte. Car si Ishaqzaade est bien une variation autour de Roméo et Juliette, les amants sont loin d’être innocents ; et c’est presque par chance qu’il ne s’entretuent pas dès le début du film. Ils perpétuent les codes sociaux de leur clan jusqu’à ce que la mère de Parma, veuve et reléguée dans sa propre famille, exhorte Zoya : "Essaye de transformer cet animal en être humain".

Ces deux amants ont parfois des airs de Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, très loin de la de la référence indienne que constitue Qayamat Se Qayamat Tak. L’amour n’est pas immédiat, au contraire même, et ce sont leurs familles qui scellent réellement leur destin commun. L’absence de coup de foudre, et le fait qu’ils en viennent au lit très facilement, écartent Ishaqzaade des canons habituels de Bollywood. C’est en revanche une tragédie assez classique, avec une unité d’action, de lieu et de temps (l’intrigue se déroule en quelques semaines tout au plus) ainsi qu’une une histoire forte et simple à vocation universelle.

L’opposition des deux familles est très claire même si rien n’est dit d’un lourd passif que l’on devine. La religion, toujours évoquée dans le film comme pomme de discorde, n’est finalement qu’un signe distinctif d’appartenance. Les deux clans luttent pour le pouvoir et au fond, les deux patriarches se respectent et se comprennent. Le film prend bien garde à ne pas présenter l’hindou ou le musulman sous un meilleur jour. Ils sont tous les deux également abjects dans leur rage à préserver leur honneur, ce qui n’est en réalité qu’un prétexte pour conserver leur pouvoir. Plus encore qu’en présentant un couple mixte amoureux, c’est mettant à nu leurs motivations profondes et en exposant l’absurdité de leur antagonisme clanique qu’Ishaqzaade délivre un message fort de tolérance interreligieuse.

Les révolvers et autres fusils sont omniprésents, ça défouraille à tout-va. Mais au delà du fait que les armes constituent un outil de travail indispensable aux deux clans mafieux, elles sont aussi à l’évidence un signe de virilité. Dans ce monde, un homme doit être armé et le faire savoir. En se procurant un pistolet et en l’utilisant, Zoya transgresse l’ordre établi et montre une volonté d’émancipation. C’est un personnage fort qui n’imagine pas une seconde s’ouvrir les veines comme Madhumathi dans Qayamat Se Qayamat Tak. Elle, elle veut se venger et tuer, à la manière d’un homme. Musulmans et hindous sont renvoyés dos-à-dos, mais seule Zoya arrive à se hisser à égalité avec les hommes ; montrant que le fait d’être une femme est un obstacle bien plus grand que la religion dans la société fondamentalement phallocrate d’Ishaqzaade.

Cependant, comme souvent dans le cinéma indien, les femmes sont à la fois le coté de la raison, voire du bien, et la colonne vertébrale du film. Zoya, parfaitement interprétée par Parineeti Chopra dont c’est le deuxième film, en est le personnage central. La mère de Parma, si douce et si fragile, est extrêmement touchante dans sa tentative désespérée de faire quelque chose de son grand dadais. Gauahar Khan (parfois orthographié Gauhar Khan) joue quant-à elle un rôle de prostituée au grand cœur caractéristique d’Helen au tournant des années 70. Ce n’est pas par hasard si un des personnages de la maison-close fredonne les paroles de Piya Tu Ab To Aaja tiré de Caravan. Elle est formidable aussi bien dans ses numéros de danse que dans ses sourires tristes qui rappellent Belle Watling d’Autant en Emporte le Vent.

A l’inverse, les hommes sont souvent des brutes, à l’image des dizaines de gorilles de chacune des deux familles. Arjun Kapoor est la révélation du film dans le rôle de Parma. Il exsude la virilité et excelle dans ce personnage de salaud je-m’en-foutiste et immature qui comprend doucement puis essaye de s’amender. Les deux chefs de famille sont des don typiques du cinéma indien. Ils jouent de leur position de patriarche jusqu’à la folie criminelle, ce qu’Ishaqzaade dénonce par un texte affiché à la toute fin du film et qui nous ramène brutalement à la réalité indienne ; celle qui fait un millier de morts par an dans les crimes "d’honneur".

Aditya Chopra a écrit une histoire résolument moderne. Habib Faisal, scénariste à succès de Ta Ra Pum Pum à Ladies vs Ricky Bahl, l’a réalisée d’une manière formellement très originale dans la filmographie de Yash Raj Films. Car Ishaqzaade ne nous cache rien de la réalité : les abords de la ville sont poussiéreux, les déchets s’amoncellent dans les ruelles crasseuses, les fils électriques pendouillent, même le bucher a l’air d’être installé dans un terrain vague. Ici pas de chanson chorégraphiée en Suisse ou dans des paysages idylliques, pas de personnage fortuné à l’excès, pas de maison tellement propre qu’on pourrait manger par terre.

La bande son est variée et accompagne remarquablement le film. Les chansons sont toutes très agréables. Aafaton Ke Parindey est un rock brutal avec des guitares électriques saturées jouée au moment des génériques. Sans être totalement géniale, elle reste dans l’oreille et invite à secouer la tête de haut en bas. Les deux chorégraphies de Gauahar Khan sont bien intégrées au film et très plaisantes à l’œil, son sourire y est certainement pour beaucoup. Jhalla Wallah est ravissante et amusante. Chokra Jawaan est quant à elle une chanson faite pour danser typiquement indienne et au contenu explicite. Mais la meilleure chanson du film est sans conteste Pareshan avec son refrain entêtant.

Ishaqzaade est le succès surprise du début de l’année 2012. Malgré l’absence d’acteurs de premier plan, il a drainé à juste raison les foules indiennes aussi bien dans les grands multiplexes urbains que dans les petits cinémas de quartier. C’est un film d’aujourd’hui, énergique et sans temps mort, qui nous montre une jeunesse en train de se libérer du joug de la tradition. Cette tragédie moderne a su éviter l’écueil du mélo gluant et l’histoire d’amour éternelle qui nous est montrée saura émouvoir même les moins sensibles.

Commentaires
11 commentaires
En réponse à madhuza - le 17/10/2012 à 12:07

ça fait longtemps que j’attendais la critique de ce film que j’ia aodré. il ya, c’est vrai un gout d’inachevé mais ça ne chnage rien. le film ets vraiment bien fait et les deux acteurs bluffants. j’ai vraiment craqué pour arjun kapoor, très mignon. très beau film en tout cas, je le regarde en boucle

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housna le 27/11/2015 à 20:56

il faut absolument que je le vois !!!
Je suis mais plus que d’accord avec toi Raphael pour moi Parineeti est une nouvelle Kajol plus moderne mais toute aussi déjanté.
Et puis c vrai qu’Arjun Kapoor ne reste pas désagréable à regardé, il a un petit côté mauvais garçon mais très attendrissant.
J’me suis déjà un peu spoiler en écoutant les bandes sons mais ça m’a donnée envie de regarder le film, je suis d’ailleurs étonnée que tu n’est pas parlé de la chansons titre Ishaqzaade avec Javed Ali et la très talentueuse Shreya Goshal elle est juste hyper belle les paroles sont touchante et romantique
En bref je dois absolument voir ce film

raphael le 14/12/2014 à 14:50

je l’ai vu hier , excellent ! une histoire poignante entre hindous et musulmans , une photographie qui montre la vraie inde:ici,pas de palais somptueux,de grands immeubles avec bmw garée devant,pas de vacances en suisse,pas d’étudiants qui vont a l’université en lamborghini(suivez mon regard)de très belles scènes dures mais émouvantes ;parineeti est extraordinaire,c’est pour moi la nouvelle kajol,ou la nouvelle rani,au choix.elle apporte l’insolence et le coté rebelle qui manque au cinéma indien en ce moment.Arjun est très convaincant aussi,la chanson chokra jawaan est un pur bonheur !…voila le genre de film qui peut rendre crédible le cinéma indien en france !a voir absolument,mème en dvd avec image mauvaise,st approximatifs et décalés par rapport a l’image !

Masette le 08/04/2013 à 13:51

Super critique et super film. J’ai adoré. Tout en intensité et un propos plutôt novateur, ni mélo, ni guimauve, d’une lucidité extrême. Une bonne grosse claque…

Marine le 28/03/2013 à 16:37

Plusieurs mois plus tard…

Vu ! Effectivement, les deux acteurs principaux sont bons : Parineeti est plus que charmante et Arjun déborde de testostérone. Mention spéciale également à la mère de Parma et à la prostituée au grand coeur. Elles permettent, chacune à leur manière, de faire progresser Zoya et Perma. Ce qui arrive à l’intermission n’est pas étonnant, par contre, ce qui est choquant, c’est la réaction des deux familles. A côté, Capulet et Montaigüe sont des enfants de coeur.

Enfin le message est plutôt clair. A la fin, on se retrouve avec un vilain goût amer dans la bouche. Je suis contente d’avoir vu le film, mais je ne vais pas retenter l’expérience. Pas tout de suite en tout cas.

ps : je suis d’accord, la bande son est assez sympathique.

eddy le 28/10/2012 à 15:40

imparfait mais sensible. Le film aborde des thématiques fortes pour l’Inde. Un film générationnel, sans doute, qui a le mérite de divertir tout en faisant réflechir. A voir !

Leeloo le 21/10/2012 à 01:46

Beaucoup aimé les acteurs, Parineeti Chopra est délicieuse, énergique, un vrai espoir du cinéma ! Arjun Kapoor s’en sort plutot bien aussi, un ton en dessous. Mais alors que tout partait bien… les twists mal maitrisés et approximatifs viennent tout gâcher. J’ai beaucoup ri la dernière demi-heure, clairement pas la réaction désirée. Dommage.

Mllex le 17/10/2012 à 14:21

Ce film m’est totalement entré dans les tripes.
Les acteurs sont géniaux, surtout Arjun, grosse révélation de l’année, c’est mon gros coup de cœur !

madhuza le 17/10/2012 à 12:07

ça fait longtemps que j’attendais la critique de ce film que j’ia aodré. il ya, c’est vrai un gout d’inachevé mais ça ne chnage rien. le film ets vraiment bien fait et les deux acteurs bluffants. j’ai vraiment craqué pour arjun kapoor, très mignon. très beau film en tout cas, je le regarde en boucle

clem le 12/10/2012 à 14:55

un petit gout de manque mais l’histoire est belle et parineeti bluffante !

alma le 12/10/2012 à 10:02

ça donne envie ! :-)

Marine le 11/10/2012 à 18:44

Bon vendu ! Celui-là faut que je le vois. ;)