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Ishq

Traduction : L'Amour

Bande originale

Neend Churai Meri
Humko Tumse Pyaar Hai
Dekho Dekho Jaanam
Ishq Hua Hua … Kaise
M. Lova Lova (Ankhiyaan Tu Mila Le)
Kaise Kahoon Kaise Ho Tum
Ishq Hai Ishq Hai (Jab Nind Na Aaye)
Tu Jhootha

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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 23 septembre 2014

Note :
(4.5/10)

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Découvrir un vieux film de Bollywood que l’on ne connaissait pas, avec des acteurs que l’on aime, maintenant des super stars, c’est toujours une aventure et une surprise. Un peu comme déboucher une bouteille millésimée. Est-ce un bon cru ? S’agit-il une piquette qu’il n’aurait pas fallu laisser vieillir ? Énorme succès, à la troisième place au box-office de 1997 lors de sa sortie en Inde, Ishq a permis au couple Aamir KhanJuhi Chawla de renouer avec le triomphe, neuf ans après Qayamat Se Qayamat Tak. L’adjonction de l’autre couple – déjà – à la ville comme à la scène, Kajol et Ajay Devgan, était la cerise sur le gâteau. Qu’en reste-t-il ? Hélas, cette comédie romantique est passablement éventée et à classer plutôt dans la deuxième catégorie.

L’histoire débute par les retrouvailles de deux anciens amis devenus richissimes, Ranjit Rai (Sadashiv Amrapurkar) et Harbanslal (Dalip Tahil). Plutôt immondes par principe avec toute personne qui n’a pas la même fortune qu’eux, ils décident de marier ensemble leurs deux enfants afin d’augmenter encore leurs richesses. Et dans ce but, d’user de tous les stratagèmes possibles et imaginables afin qu’ils ne puissent pas se dérober, si l’envie leur en prenait. Or, l’envie va leur en prendre… Ajay (Ajay Devgan), le fils de Ranjit, alors qu’il est avec son meilleur ami, Raja (Aamir Khan), modeste mécanicien, croise la route de Madhu (Juhi Chawla) et de Kajal (Kajol). Il tombe follement amoureux de cette dernière, tandis que Raja et Madhu débutent de leur côté une longue suite de disputes et de crêpages de chignon, trop passionnés pour être honnêtes. Or Madhu est la fille de Harbanslal et Kajal, son amie, est aussi pauvre que Raju. On sent bien que ça ne sera pas si simple.

Commençant comme une grosse farce, le film, dans sa première partie, égrène des gags dont beaucoup ont vieilli ou sont carrément devenus insupportables avec le temps, notamment ceux sur les humiliations que font subir Ranjit et Harbanslal à leur personnel. Le côté « salauds de pauvres » aurait pu marcher si les acteurs avaient été bons. Or, ils n’ont l’air qu’hystériques et jouent abominablement mal. On retiendra en revanche, la longue scène d’environ 8 minutes qui voit Ajay en état d’hypnose amoureuse se lancer à la rencontre de Kajal aperçue sur une terrasse voisine. Il a tout juste oublié qu’elle était de l’autre côté de la rue. Lorsqu’il s’en rend compte, à mi-chemin seulement, il marche au-dessus du vide à 10 ou 15 mètres du sol sur un double tuyau qui relie les maisons. Raju tente très maladroitement de le sauver. Le duo comique entre Ajay Devgan et Aamir Khan fonctionne alors à plein régime. Un régal.

Le duo amoureux Juhi Chawla – Aamir Kahn, un peu trop cabotin (peut-être la rançon du premier succès Qayamat Se Qayamat Tak), a quant à lui vieilli, sauf dans les parties dansées, et leurs disputes surjouées passent assez mal aujourd’hui. Curieusement, c’est le couple Kajol – Ajay Devgan, alors au début de leur véritable love story, qui s’en sort le mieux, car plus sobre, même s’il ne fait jamais vraiment des étincelles. Tous les quatre sont très beaux (eh oui !, même Ajay est au top) et c’est pour ça qu’on les regarde jusqu’au bout. On retiendra encore ici, dans un emploi un peu plus complexe et étoffé qu’habituellement, l’éternel Johnny Lever, la surprise du film. Enfin un second rôle qui le sort de ses pitreries récurrentes, sans doute son meilleur. Dans la dernière partie du film, il s’en tire parfaitement bien et c’est lui qui prend les choses en main pour amener le dénouement de l’intrigue.

Car la seconde partie est beaucoup plus sombre. Finies les plaisanteries. Les deux pères se révèlent être ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire abjects, pervers, pour arriver à leurs fins. Cela donne lieu à des scènes incroyables et surtout improbables entre père et fils, Ranjit – Ajay, ou père et fille, Harbanslal – Maddhu, qu’on a beaucoup de mal à croire. Comment ces jeunes gens sains et normalement constitués peuvent-ils être dupes si aveuglément de ces deux crapules et continuer à les respecter après ce qu’ils leur font subir pendant plus de deux heures ? Même dans des familles traditionnelles où le respect des aînés est la règle. Il est vrai que des géniteurs indignes, on en a vu d’autres en ces années là dans le cinéma indien.

Comme dans pas mal de masalas des années 90, le basculement progressif de la bouffonnerie vers un genre plus dramatique est en effet une recette éprouvée. Elle l’est encore plus chez Indra Kumar qui nous ressert, en compagnie de ses deux scénaristes, une resucée avec quelques variantes de son film Dil, tourné sept ans auparavant (les deux pères méchants, les dialogues criés plus que parlés dans la première partie – ici c’est insupportable –, une intrigue qui se gâte salement avant que tout rentre à la toute fin dans l’ordre de la comédie). La meilleure réalisation de Kumar dans ces années-là (et même à ce jour) reste Mann, et cela n’a rien d’étonnant puisqu’il lui avait suffi de piocher dans la besace de Leo Mc Carey — et de son chef-d’œuvre, Elle et lui —, pour trouver un scénario.

Côté musique, on s’attendait à quelque chose de solide avec Anu Malik aux manettes. Bien sûr, elle est parfois un peu datée, mais on a plaisir à écouter Neend Churai Meri ou Ishq Hua Hua … Kaise par exemple, qui marque le moment où Raja et Madhu prennent conscience qu’ils sont amoureux l’un de l’autre, sans doute le meilleur morceau avec le triste et lancinant Ishq Hai Ishq Hai. En revanche on a plus de difficultés à accepter la chorégraphie indigente qui accompagne les morceaux, et frise fréquemment le ridicule, en dépit de la beauté étonnante des acteurs. Ils ne peuvent pas grand-chose les pauvres, affublés de surcroît de tenues grotesques. A cet égard, Mr Lova Lova bat des records ! Bottes transparentes, bottines et mini-jupes à pois ou chemises pareillement à pois… on se demande où ils les ont dégotées. L’entente entre Aamir et Juhi rachète un peu la platitude des figures imposées par… Saroj Khan et son fils Raju, ce qu’on peine à croire.

Parvenu à ce stade, on se dit qu’on a vérifié une fois de plus qu’un grand succès au box-office ne fait pas forcément un grand film. Et pourtant, 1997 est aussi l’année de Pardes, Dil To Pagal Hai ou Hameshaa, des romances tout aussi datées, mais que l’on peut revoir de temps en temps sans déplaisir. Ici, on va jusqu’au mot « fin » en raison de la fraicheur et de la grâce des quatre jeunes acteurs, on ne le redira jamais assez, mais on n’a pas forcément envie de le visionner une seconde fois. En conclusion, Ishq, un film pour les fans de Kajol, de Juhi, d’Ajay ou d’Aamir. Exclusivement.

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