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Johnny


LangueTamoul
GenresPolar, Classique
Dir. PhotoAshok Kumar
ActeursRajinikanth, Sridevi
Dir. MusicalMaestro Ilaiyaraaja
ParoliersGangai Amaren, Kannadasan
ChanteursSujatha, S. P. Balasubrahmanyam, S. Janaki, S. P. Sailaja, Jency
ProducteurV. Gopinathan
Durée140 mn

Bande originale

Asaiya Kathula
En Vaanilae
Kaatril Endhan
Oru Iniya Manadhu
Senorita

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 29 décembre 2007

Note :
(8/10)

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Johnny (Rajinikant) est un voleur qui dévalise les riches pour essayer de rembourser les dettes de sa famille. Toujours en cavale, il n’a que son magnétophone de poche pour lui tenir compagnie. Il est fasciné par une chanteuse, Chitra (Sridevi), dont il enregistre les concerts. La célébrité de celle-ci cache en fait une solitude similaire à celle de Johnny, si bien qu’ils finissent par se rapprocher.
Un jour Johnny arrive dans une ville dont il vise la bijouterie. Pour sa plus grande surprise il y découvre son sosie !
Vidyasagar (Rajinikant aussi) est un modeste barbier, simple et naïf, qui vit seul avec ses poules. Un jour il recueille une pauvre fille, Bama (Deepa). Il tombe peu à peu amoureux d’elle, mais elle lui préfère un homme plus riche et le laisse brisé. Sa naïveté vole en éclat, et déçu par les femmes il devient mauvais.

Dans la filmographie pléthorique de Rajinikant, Johnny est un film qui sort du lot.
Sorti en 1980 à une période où le cinéma massala battait son plein du nord au sud, Johnny n’est pourtant pas qu’une énième variation sur le thème du double rôle.

Les doubles rôles permettent habituellement à l’acteur-star de faire étalage de son talent (s’il en a) et offrent des solutions narratives faciles pour une dramaturgie toujours efficace. Mais l’histoire de Johnny s’en démarque par une exploration particulière de ce thème, développé et nuancé comme peu l’ont fait jusque là dans le cinéma populaire.
Il ne s’agit pas d’une sempiternelle retrouvaille de frères jumeaux séparés à la naissance, qui vont venger le meurtre de leurs parents. Ici les deux sosies sont aussi différents qu’ils se ressemblent physiquement, et évoluent au long du film dans des directions opposées.

La belle Chitra, au coeur du drame

Les personnages sont dotés d’une vraie épaisseur psychologique, tout en nuances. Johnny a subit un traumatisme dans l’enfance, Vidyasagar va en subir un avec cette déception amoureuse qui va le rendre amère jusqu’à l’amener au pire. Cela évite au film de tomber dans le manichéisme primaire de la plupart des massalas.
D’ailleurs ce n’est pas du tout un massala : on oscille plutôt entre film noir et drame social, où le voleur est en quête de rédemption, et l’homme blessé de revanche.
Les trajectoires croisées des protagonistes sont bien rythmées et culminent dans un final nocturne sous la pluie, typique du polar. C’est un film au ton sombre voire désespéré, avec quelques touches d’humour de temps en temps, mais jamais d’extravagances. Au contraire, la mise en scène est sobre, mesurée dans l’expression des sentiments. Qu’il s’agisse de la colère ou de l’amour, il reste minimaliste : les scènes d’actions assurent le strict minimum du divertissement, quelques duos romantiques mais très sages libèrent le sentiment amoureux, sans qu’il y ait jamais de grand élan romantique avec les amoureux courant dans les champs ou s’enlaçant suavement.

Même si à l’époque Rajinikant au sommet de sa popularité avait gagné ses galons de star du cinéma d’action, il délaisse avec ce film ses personnages de héros populaire aux gimmicks dévastateurs pour camper un anti-héros solitaire, où il excelle tout autant. Parfaitement crédible et hilarant en barbier naïf, débordant de charisme et de colère contenue dans le rôle-titre, il livre là l’une de ses plus belles performances d’Acteur avec un grand A. Sridevi a un rôle discret mais important, différent de ce qu’elle faisait à l’époque. Ce n’est plus la petite fille joyeuse et espiègle mais une femme seule et introvertie dont la beauté lunaire éclaire les ténèbres où se débat Johnny.

Pour parachever le tout, la musique est une splendeur absolue. C’est un chef d’œuvre, avec des mélodies magnifiques et une belle variété de sons. C’est sans aucun doute l’une des toutes meilleures BO de Illayaraja. Des chansons comme Kattril engum gillum et En vaanile sont des merveilles à vous retourner l’âme. La chanson ‘funky’ Señorita I love you qui rappelle le son Bollywood Funk de l’époque (qui en fait n’était pas propre que à Bollywood), et la chanson Aasaiya kaatrula au rythme tribal hypnotisant sont du genre à vous rester en tête indéfiniment. Mais c’est aussi la musique de fond qui marque, elle est très travaillée et reprend un thème connu de la musique classique. Elle enrobe le film du début à la fin et concoure à lui créer une atmosphère très particulière, à la fois lyrique et oppressante. Elle est présente à tout les moments importants, notamment dans ce final sous la pluie, où le film comme la musique atteignent un paroxysme total. Il faut noter que la musique joue un rôle central dans le film, pas seulement parce que Sridevi tient un rôle de chanteuse, mais parce que le personnage de Johnny est un mélomane contrarié, pour qui la musique est vitale. Il se ressource littéralement en écoutant de la belle musique.

Un face à face inévitable

Bref vous l’aurez compris Johnny est un grand classique du cinéma tamoul des années 80. La mise en scène stylisée, le scénario intelligent, des interprétations de premier ordre et une BO somptueuse en font un film incontournable et unique, un film dont l’atmosphère particulière n’a pas vieilli.
A voir pour tous ceux qui pensent que Rajinikant est un mauvais acteur !

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