Josh
Traduction : Frénésie
Langue | Hindi |
Genre | Masala |
Dir. Photo | K. V. Anand |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Aishwarya Rai Bachchan, Boman Irani, Chandrachur Singh, Sharad Kapoor |
Dir. Musical | Anu Malik |
Paroliers | Sameer, Nitin Raikwar |
Chanteurs | Udit Narayan, Alka Yagnik, Shah Rukh Khan, Hema Sardesai, Abhijeet Bhattacharya, Jolly Mukherjee, Mano, Suresh Peters |
Producteur | Ganesh Jain |
Durée | 157 mn |
Josh est le remake de West Side Story. Une fois qu’on le sait, il est préférable de l’oublier pour profiter sans arrière-pensée de ce film qui, s’il est loin d’avoir l’ampleur d’un chef-d’œuvre, n’en reste pas moins un film sensible, bien rythmé, interprété avec beaucoup de sincérité.
Dans la jolie ville de Vasco près de Goa, deux bandes s’affrontent : d’un côté celle de Max (Shah Rukh Khan), chrétienne, de l’autre celle de Prakash, hindoue. Arrive de Bombay le frère de Prakash, Rahul, qui s’insurge contre cette agressivité gratuite et tente en vain d’apaiser les rivalités. Il serait reparti très vite (nous aussi) s’il n’avait croisé les longues jambes et le regard bleu de Shirley (Aishwarya Rai), la sœur de Max.
Coup de foudre ! Non réciproque, on le regrette pour le sympathique Rahul qui va subir quelques avanies sous le regard moqueur de Shirley.
La générosité, la loyauté et la douce ténacité du jeune homme vont peu à peu toucher le coeur de la belle, mais aussi faire monter la tension entre Max et Prakash…
Josh signifie « passion, excitation » et c’est plutôt l’excitation qui habite la première partie du film. Ces garçons passent leur temps à se défier et s’affronter, pour rien. Cela ne donne même pas lieu à quelques belles scènes de « dishun », car soit le policier soit le prêtre vient les séparer avant que ça ne devienne intéressant, transformant la bagarre en parodie vaguement chorégraphiée. C’est là que la différence avec West Side Story est la plus décevante : alors que Bollywood est l’industrie même de la chorégraphie, dans ce film les danses sont approximatives et surtout mal filmées, on dirait que la caméra manque de recul, d’espace. Le réalisateur semble plus intéressé par les détails des costumes et des décors que par l’action et la danse.
Cela étant dit, la deuxième partie du film est plus captivante, l’histoire innove par rapport au scénario d’origine et on rentre pour de bon dans l’univers Bollywood, en changeant presque de registre pour s’installer dans le drame avec secrets de famille, honneur et trahison ; les personnages évoluent, dévoilent leur personnalité, sortent de la ’meute’. Le film prend du sens et on s’attache aux personnages.
Il faut dire que les acteurs jouent avec une grande sincérité. Shah Rukh Khan en premier lieu, qui disparaît devant ce Max teigneux, enfermé dans sa violence, dans son rôle de chef de bande et de frère surprotecteur, qui peu à peu va laisser affleurer sa sensibilité, sa douleur. Aishwarya elle aussi est bien dirigée, elle incarne une Shirley différente de la Maria d’origine, dotée d’une vraie personnalité, un mélange de candeur et de malice dont le point d’orgue est ce rire crispant que je ne lui ai entendu dans aucun autre film et qui disparaît au fur et à mesure que son personnage se construit, se libère de son image de « sœur du caïd », accepte l’idée d’être amoureuse, jusqu’à cette belle image de madone en fin de film, bien éloignée de la sauterelle en bermuda du début.
Sharad Kapoor (Prakash) fait le poids en leader de la bande d’en face, Chandrachur Singh (Rahul) a un peu trop la tête de l’emploi ‘gentil garçon’ et aurait mérité un peu plus de force dans le regard.
La musique d’Anu Malik est décevante, aucune chanson ne retient vraiment l’attention, sauf Apun Bole qui n’est pas devenue fameuse pour ses qualités musicales, mais parce qu’elle est interprétée par Shah Rukh Khan lui-même. Aïe, il aurait mieux fait de s’abstenir.
On attend en vain le fameux « maria, maria maria mariiiiiiiiiaaaaaa », même si avec « Shirley » ça aurait beaucoup moins bien marché, mais rien de ce genre n’arrive, vraiment rien même d’approchant. Pour finir, les clips romantiques sont franchement ennuyeux.
On ne regardera donc pas Josh pour ses clips musicaux, mais plutôt pour voir le Shah en racaille, pour voir Aishwarya dans toute sa fraîcheur, pour aller faire un tour du côté de l’Inde chrétienne, mélange de cultures indienne et latine, une influence bien mise en valeur dans les décors, les costumes et la mise en scène, qui nous transporte pour de bon dans cette petite ville du sud.
En regardant ce film, j’ai voulu comprendre pourquoi en France il n’était apprécié que moyennement et que de l’autre côté des Pyrénées il était pratiquement culte (parmi les fans de Bollywood, s’entend).
Josh est un remake de West Side Story qui en suit bien la trame au départ, mais qui introduit des modifications par rapport à son modèle en deuxième partie, West Side Story étant lui-même une transposition de Roméo et Juliette dans le New York des années 50.
Le réalisateur de Josh (le même que QSQT, décidément, il aime Roméo et Juliette) transpose lui l’action dans une petite ville à côté de Goa, Vasco, ancienne colonie portugaise jusqu’en 1961, dans les années 80, de sorte que la culture latine y est très présente.
La rivalité entre natifs et Portoricains de WST est transposée dans Josh entre descendants des colons portugais, catholiques et Indiens, hindous, mais le réalisateur n’insiste pas plus que cela, de sorte que la rivalité ethnique, essentielle dans le modèle (car elle permettait une critique de l’Americain Dream), passe ici au second plan, il ne garde que l’animosité entre les clans pour y développer l’histoire d’amour impossible. Shah Rukh Khan reprend le rôle de Bernardo (George Chakiris) et Aish celui de Maria (Nathalie Wood). Il y a beaucoup de clins d’œil au modèle original, en particulier dans la séquence d’ouverture et dans la chanson du carnaval. La première demi heure qui oppose les clans rivaux est un peu surjouée, mais une fois que l’histoire s’installe ça va mieux, pour atteindre une justesse de ton dans la deuxième, comme l’a souligné Maya dans sa fiche. Shah Rukh nous la joue voyou, avec quelques clins d’œil à des timbrés célèbres (Travis de TD, « you’re talking to me) et Aish est drôle en garçon manquée pour ensuite devenir une très bonne Maria.
Le point faible de ce Josh, comme l’a dit Maya, ce sont les chansons (la barre était très haute avec l’original), surtout Apun Bola qui n’aurait jamais dû exister, un vrai désastre, la chanson n’est pas belle et SRK et Aish sont loin de chanter bien. La love-song est très belle en revanche. Une autre est un copier-coller d’une chanson des années 50 dont je n’arrive pluss à me souvenir du titre et la chanson du carnaval est très bien en revanche. J’ai beaucoup aimé la séquence de danse sur Lola, Lola de Ricky Martin, de loin la meilleure chanson du film, mais elle n’est pas signée Anu Malik ! Le tout donne un bolly peu conventionnel, très imprégné de culture latine, ce qui explique, je crois, le succès outre-Pyrénées.