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Maryan


LangueTamoul
GenreDrame
Dir. PhotoMarc Koninckx
ActeursDhanush, Ankur Vikal, Jagan, Parvathi Menon, Appukutty, Uma Riyaz Khan, Salim Kumar, Vinayakan, Imman Annachi
Dir. MusicalA. R. Rahman
ParoliersDhanush, Vaali, Kabilan, Blaaze, Kutti Revathi, A. R. Rahman, Brian Kabwe
ChanteursJaved Ali, A. R. Rahman, Chinmayee, Swetha Mohan, Shakthisree Gopalan, Yuvan Shankar Raja, Haricharan, Vijay Prakash, Nakash Aziz, Blaaze, Madras Youth Choir
ProducteurOscar V. Ravichandran
Durée140 mn

Bande originale

Nenjae Ezhu
Innum Konjam
Naetru Aval
Sonapareeya
Enga Pona Raasaa
I Love My Africa
Kadal Raasa Naan

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Savoy1 - le 17 septembre 2013

Note :
(7.5/10)

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Le milieu des pêcheurs tamouls a décidément le vent en poupe cette année. Après David et l’orphelin de Kadal, voici donc Maryan.
Mais ici le héros titre est extrait de son milieu d’origine, puisqu’il va être amené à émigrer vers le Soudan. Afin d’aider au recouvrement d’une dette, contractée par le père de sa bien-aimée, il va rejoindre les ouvriers qui participent à la construction d’infrastructures industrielles en plein désert africain.

Le film débute sur les derniers jours passés là-bas par notre pêcheur déraciné, la présentation de son personnage et de celui de son compagnon de labeur. Cela fait deux ans qu’il n’a vu son Inde du Sud natale. Son lien, c’est la cabine de téléphone publique du coin, c’est la ligne au bout de laquelle l’attend une demoiselle enamourée.
Sur le chemin du retour vers l’aéroport, dans une camionnette surchauffée, en compagnie de son ami, le jeune homme va se remémorer ce qui l’a amené ici. Et c’est l’objet de la première partie du métrage.

Et nous voici embarqué dans une énième romance à l’eau de rose.

D’un côté, l’univers viril de la pêche, de l’autre le petit monde des femmes qui vaquent à leurs occupations familières. D’un côté, un héros hâbleur, Maryan (Dhanush), tout entier dévoué à la mer, insensible à la gent féminine. Collé à ses basques, son confident, rondouillard et gaffeur de service.

De l’autre, cette jeune fille (Parvathi, dieu quel nom ;) ), en quête d’indépendance, fière représentante d’une condition féminine sur la voie de l’émancipation. Elle s’amourache du jeune type régulièrement croisé, et décide de prendre les devants, quitte à brusquer les choses.

Tout cela est donc bien joli, frais comme il faut. On sourit aussi. Mais l’ennui guette, tant le déroulement des événements est cousu de fil blanc. Rien d’original, ni d’étonnant, dans cette chronique d’un amour annoncé. L’auteur de ces lignes avoue que, si l’histoire s’était déroulée dans les milieux sociaux typiques du cinéma Bollywood, il n’y aurait trouvé carrément aucun intérêt.

Heureusement, nous sommes en bord de mer, au Sud, chez les petites gens pétris de tradition. Certains événements anodins peuvent alors être suivis d’un œil attendri. Surtout quand les deux acteurs principaux sont si attachants. Et que les décrochages musicaux nous embarquent dans les vagues, au milieu d’une foule de figurants typés, aux tenues colorées.
Dans ces moments, la banalité passe au second plan, une certaine joie de vivre prend le dessus pour le plaisir des yeux et des oreilles.

Oui, mais voilà, comme on l’aura deviné tout n’est pas si rose. Un petit potentat local, ayant des vues sur l’héroïne, devient le débiteur du père de celle-ci, en aidant ce dernier à l’acquisition d’un bateau. Il espère ainsi s’attirer les bonnes grâces du paternel, devenu son obligé lorsque les finances viennent à manquer. C’est alors que Maryan, désormais sensible au charme de sa « Roxanne », s’inscrit au programme d’embauche de main-d’œuvre indienne à destination de l’Afrique, afin de proposer le salaire ainsi gagné à l’usurier.

Nous voici de retour au Soudan. Et la première partie de s’achever sur l’attaque soudaine de la camionnette des employés, par des rebelles surgis de nulle part. Comme souvent dans le cinéma indien, va pouvoir débuter, après une très longue mise en bouche, l’histoire pour laquelle nous nous étions déplacé.

En effet, le film est inspiré du récit, réel, de la captivité de l’un de ces otages de soldats du désert. Des victimes de l’éternel conflit entre deux conceptions du progrès, si ce ne sont celles de la vie. Le scénario va alors se resserrer sur les conditions de vie de nos deux prisonniers, suivant le parcours de leurs geôliers au travers de paysages arides et de ruines clairsemées. Dans l’attente de nouvelles de leur patron, en proie à la barrière de la langue, ne subsistent, pour nos travailleurs indiens, que l’espoir des retrouvailles avec leur pays, alimenté par les souvenirs.

Barrière de la langue, écrivions-nous. C’est là tout le génie de cette deuxième partie, qui va s’extraire de l’usage de la parole, pour privilégier les gestes, et surtout, oh surtout, la musique. Et Maryan de devenir un film de Rahman, autant que de son réalisateur Bharatbala.

Lors d’une séquence nocturne au coin du feu, les rebelles entament chants et danses. Rythmes africains bientôt rejoints par les sonorités et notes indiennes, chères à leurs infortunés spectateurs. Sur des images vibrantes d’émotions, on se met alors à rêver au rapprochement des peuples, à naïvement espérer que la misère sera balayée par une musique universelle. Et Rahman de révéler une fois de plus sa maîtrise de la sono mondiale.

Malheureusement, ce ne sera que le rapprochement d’une nuit. Les rapports de force doivent reprendre leurs droits. Soutenues par les teintes cramées de la photo du chef opérateur de Johnny Mad Dog, autre œuvre sur les conséquences de la guerre sur la jeunesse en terre africaine, les images de Bharatbala, devenues moins fonctionnelles qu’en début de métrage, illustrent désormais l’errance psychologique, autant que physique, de notre ex-pêcheur.

Avec toujours de moins en moins de mots prononcés à l’écran.

La poignante scène, mimée par les prisonniers, d’un repas servie par une hôtesse imaginaire, achèvera d’enfoncer le clou. Signant par là même la reconnaissance d’un auteur, en dehors des clous d’un art populaire purement commercial. Confirmant le charisme du grand Dhanush, après le récent Raanjhanaa. Amenant la preuve d’un cinéma masala donnant toute sa mesure dans ses deuxièmes parties. Et c’était loin d’être gagné.


Et les ultimes barrières émotionnelles de tomber, lorsque s’élèvent les deux dernières chansons, hymnes à l’espoir et à l’amour. Refrains entraînants repris jusqu’à plus soif, sur des images mêlant mirages et réalité, beauté des paysages et souffrance de l’homme. À pleurer, la gorge serrée, les doigts enserrant les bras de son siège.

Post-scriptum : Aparté et coup de gueule.

À l’encontre du sous-titrage, authentiquement innommable, de la copie projetée en salle. L’intégralité des caractères accentués est ici remplacée par des signes de ponctuation et autres symboles. J’ai bien dit : l’intégralité ! La lecture en devient parfois à la limite du soutenable, si l’on y ajoute les traductions en « franglais » ici aussi quasi-systématiques. J’aurai beau jeu de dire que je m’en fiche, personnellement et égoïstement, vu que l’important, c’était d’assister au spectacle sur grand écran. Mais on ne peut, avec ce genre de gros souci, définitivement plus convaincre personne de nous accompagner à la découverte du cinéma indien. La version originale, déjà rédhibitoire pour beaucoup, devient carrément un obstacle insurmontable.

Triste constat d’un sabordage à tous les niveaux, sociaux comme culturels, d’une société qui ne jure plus que par la rentabilité et les économies. Si, si, réfléchissez bien, et vous trouverez le rapport.

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