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Mirchi

Traduction : Piment

LangueTelugu
GenreMasala
Dir. PhotoR. Madhi
ActeursAnushka Shetty, Prabhas, Sathyaraj, Brahmanandam, Sampath Raj, Subbaraju, Richa Gangopadhyay, Adithya Menon
Dir. MusicalDevi Sri Prasad
ParolierRamajogayya Sastry
ChanteursMika Singh, Kailash Kher, Devi Sri Prasad, Anitha, Vijay Prakash, Geetha Madhuri, Suchitra, Chinnaponnu
ProducteursV. Vamsi Krishna Reddy , Pramod Uppalapati
Durée154 mn

Bande originale

Mirchi
Yahoon Yahoon
Idhedho Bagundey
Pandagala
Barbie Girl
Nee Choopula
Darlingey

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Brigitte Leloire Kérackian
Publié le

Note :
(7/10)

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Mirchi , qui signifie « piment » en français, a un titre qui laisse supposer des séries de bagarres et de combats musclés. Promesse tenue, sachant que les personnages sont plus complexes qu’on ne l’imagine.

Le réalisateur, qui fait ses débuts avec le film Mirchi — Koratala Siva — était le scénariste du film Munna (2007), dans lequel Prabhas jouait le rôle principal.
Mirchi a été produit par le frère de Prabhas, Pramod Uppalapati, ainsi que V. Vamsi Krishna Reddy, sous la bannière de la société de production UV Creations. Le film a reçu 6 récompenses au niveau national, Nandi Awards, ainsi que celle de meilleur film « Nandi Award Best Feature Film (Gold) », et de meilleur réalisateur « Best First Film of a Director for 2013 ».

L’entrée en matière est extrêmement classique : dans une ville européenne, le jeune musicien Jai sauve une jeune fille des griffes du fils d’un homme riche. Un peu froide au départ, Manasa se laisse charmer par la bonne humeur du jeune homme. Cependant, elle est consciente que la tradition de son village ne lui permettra jamais de continuer à vivre dans une telle spontanéité. Elle préfère donc se séparer de lui et le congédie à regrets. On ne voit pas la déception de Jai qui, de son côté, repart en Inde, à Hyderabad.

Nouveau chapitre : il entre à l’université et devient l’ami d’une petite frappe locale entourée de bagarreurs plutôt minables. Il le convainc de modifier son agressivité en douceur en lui présentant quelques ravissantes jeunes filles dans une boîte de nuit (on n’y croit pas un instant, mais bon ! l’histoire doit bien avancer). Comme un ange providentiel, il est donc invité dans la maison familiale et retrouve Manasa, la cousine ébahie ! Il ne semble pas tirer de gloire particulière à avoir conquis le cousin de Manasa pour le faire renoncer à sa carrière de caïd de l’université. Il maintient son credo : « Notre vie est entre nos mains et nous sommes acteurs de nos destins ! »

Accepté par le clan violent des parents et oncles de la jeune fille, il fait figure de gendre idéal. Elle lui révèle ses sentiments amoureux, et la famille l’accepte comme gendre : c’est alors qu’il relate son passé et ses motivations pour s’introduire dans cette famille, au cours d’un long flashback.

Ici commence une description des lois qui régissent les villages. Sans administration locale forte, ni police incorruptible, les traditions claniques perdurent. Il faut faire allégeance au chef, de père en fils. Ce chef de clan ou de village joue le rôle de protecteur, de juge, d’appui pour obtenir une place à l’université, de maître demandant une loyauté absolue en toutes circonstances. Le clan et la solidarité interne forment le noyau de toute la communauté, et assurent une cohérence à celle-ci, impossible à quitter.

Fils de la famille rivale, Jai s’est battu contre les oncles de Manasa dans le passé, à l’encontre des principes de non-violence de son père. En effet, pendant de nombreuses années, ce dernier, héritier d’un clan local respecté, a fait de la pacification et des principes de négociation et de dialogue sa ligne de conduite. Son épouse effrayée par l’univers violent de ces villages ruraux refusa d’élever son fils dans cette ambiance et quitta le père de Jai pour élever leur fils en ville. Devenu adulte, Jai retrouve son père mais applique des méthodes trop musclées pour protéger le village, à l’opposé des préceptes paternels. Par ses tactiques inattendues, il parvient à déjouer une embuscade sans se faire connaître.

L’excellent cadrage des combats et leurs chorégraphies suscitent une montée d’adrénaline et nous font suivre les stratégies raffinées de notre héros. Des combats assez sanglants, des attaques à l’arme blanche, des joutes à mains nues, des voitures qui volent dans les airs : les amateurs en auront pour leur argent.

Prabhas, dans le rôle de Jai, est totalement convaincant en tant que fils prodigue prêt à retourner une situation inextricable par sa ténacité, dans un premier temps, et par son intelligence et son exemplarité dans un second temps. Afin d’illustrer les deux facettes du personnage — le jeune étudiant innocent du début et le fils viril ---, son look, sa coiffure, tout est étudié pour illustrer la rupture entre les 2 périodes de narration.

Les chorégraphies, sur des chansons de Devi Sri Prasad, sont énergiques et les mélodies nous restent dans l’oreille. Une chanson avec une ambiance western et le célèbre Darlingey apportent des ruptures de rythme, mais la très belle chanson et remarquable chorégraphie d’Ihedo Bagundey apportent une touche créative bien agréable.
Prabhas est très athlétique et forme un beau couple avec Anushka Shetty, jouant Veenu, sa dame de cœur. Une excellente scène humoristique de leur rencontre vaut le détour !
Le scénariste-réalisateur casse les codes convenus en lançant un joli clin d’œil à l’ingéniosité des filles qui ne veulent pas de mariage arrangé. Cependant, l’image de la jeune fille bonne à marier si elle n’a pas fait trop d’études, car elle restera la gardienne du foyer, semble malheureusement encore d’actualité dans les villages du Telangana.

Le drame intervient et cause le bannissement de Jai par son père qui l’accuse d’avoir provoqué des représailles meurtrières. Jai accepte la sentence de son paternel et quitte tout dans une scène terriblement poignante.
On comprend enfin que Jai est entré dans la famille rivale pour rompre avec les cycles de violence et pour changer les comportements. Il se montre même prêt à sacrifier sa vie afin de modifier la vision des choses de ces familles opposées.
La cause semble totalement perdue. Les oncles agressifs, garant d’un honneur d’un autre âge, adeptes de vengeances sanglantes, ont le visage tordu de brutalité.
Tout l’art du réalisateur sera de rendre crédible le postulat de son personnage principal : renoncer à la violence primaire pour prendre le chemin plus ardu de l’apaisement, du pardon et même du sacrifice, pour que ses convictions touchent ses interlocuteurs.

Ce récit de dévouement et d’abnégation en vue d’apaiser les haines ancestrales est une excellente histoire, pleine de valeurs. Le parcours surprenant de Jai est mis en valeur par la mise en scène énergique du réalisateur. On passe un très bon moment avec Prabhas et Anushka Shetty dans leur flirt fait d’œillades et de messages subliminaux.
Prabhas ne s’est pas ménagé dans les scènes d’action et d’échanges avec ses rivaux. Un bon film donc, parmi les meilleurs de Prabhas à mon avis, avec des personnages bien développés, une philosophie de la non-violence, ponctuée de coups de poings certes, mais on sait que ce sera pour le triomphe du « bien ».

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