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Musafir

Traduction : Le voyageur

Bande originale

Ishq Kabhi Kario Na (Flea Market Trance Mix)
Saaki (Psychedelic Insomnia Mix)
Door Se Paas (Missy In The Pool Mix)
Rabba (Agony And Ecstasy Mix)
Tez Dhaar (Sex On Wheels Mix)
Ishq Kabhi Kario Na (Paradiso Mix)
Ishq Samunder (Back To Life Mix)
Rama Re (The Boys Are Back Mix)
Rabba (Kinky in Ibiza Mix)
Rabba (Farewell To Sadness Mix)
Sun Suniyo (Anjuna Laguna Mix)
Tez Dhaar (Billa’s Journey Mix)
Phir Na Kehna (Crazy In Zanzibar Mix)
Ek Dil Ne (Casa Brittona Mix)
Rabba (Kiss Of Death Mix)
Yaar Mangyasi (Eternal Moment Mix)

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 21 mars 2005

Note :
(7.5/10)

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Galerie

Après le succès énorme de Kaante, et un passage par la production, Sanjay Gupta nous revient derrière la caméra avec ce film, Musafir, toujours avec son acteur fétiche, Sanjay Dutt, et toujours dans son genre favori, le film noir.
Il retrace ici le parcours mouvementé de Lucky (Anil Kapoor), un orphelin qui a galéré toute sa vie de meurtres en combines foireuses et qui compte bien se trouver une place au soleil grâce à un dernier gros coup, pour le compte du Don Billa (Sanjay Dutt). Malheureusement la malchance lui colle à la peau, et en l’espace de 24 heures il se retrouve trahit par celle qu’il aimait (Koena Mitra), et traqué à la fois par un flic aussi tenace que corrompu (Mahesh Manjrekar) et par Billa qui veut se venger. Il se rend à Goa espérant se refaire, où il s’éprend de Sam (Sameera Reddy) une jeune femme aussi belle que dangereuse, dont le mari lui propose un marché : tuer sa femme, en échange de la somme exacte qu’il doit rembourser à Billa…

Ce qui frappe immédiatement lorsqu’on voit le film, c’est son visuel ultra travaillé. Tant au niveau du look des acteurs qu’en matière de décor et de photo le film a fait l’objet d’un travail assez sidérant.
Anil Kapoor dans un rôle d’anti-héros, nous revient au premier plan avec un look inédit qui le rajeunit considérablement. Mal rasé, bandage à la main, lunettes fashion, cheveux courts et teints, blouson en cuir… il traîne l’air fatigué de quelqu’un à qui la chance n’a jamais sourit, et qui compte bien lui forcer la main.
Sanjay Dutt incarne le Don Billa, et c’est véritablement lui qui est le plus impressionnant. Il multiplie les clins d’œils à certains célèbres méchants de films, et dégage un charisme surnaturel digne des plus grands d’entres eux, à tel point que son ombre plane sur tout le film. Il vole littéralement la vedette, car il faut dire que son personnage est aussi le plus travaillé. Il est doté d’une multitude d’attributs qui lui donnent une classe inimitable : bouc finement taillé, lunettes, cigare, blouson en cuir clouté, bottes à éperons, cheveux peroxydés, et surtout son inséparable couteau-papillon.
Musafir est un vrai film de mecs, pourtant les femmes n’y sont pas négligées. Comme dans tout bon film noir on a droit à de jolies filles qui viennent tenter le héros, à ceci près qu’elles ne sont pas (toutes) là pour faire la décoration. Même si on ne peut pas nier qu’elle embellissent sérieusement le cadre, elles jouent un rôle clé, et c’est l’une des forces du film. Sameera Reddy interprète le rôle de Sam, sorte de femme-enfant du genre fatale, qui s’enivre des nuits de Goa, pour mieux oublier ses problèmes. Elle dégage une sensualité, un pouvoir de séduction irrésistible tout en laissant entrevoir une fragilité d’enfant blessé. Son personnage est doté d’une réelle profondeur, et Sameera Reddy l’interprète à la perfection.

La musique est bien présente, à travers quelques bonnes chansons dans le genre pop (Sun Suniyo et même electro-techno-goa, pour coller à la géographie : Ishk Kabhie Kario Na, Door Se Paas. Dans l’ensemble c’est une bonne BO, qui alterne ces chansons modernes où on peut admirer le déhanché captivant de Sameera Reddy, et les chansons plus traditionnelles du cinéma hindi. On retrouve une chanson arabisante (Oh Saathi re) où on a droit à la danse du ventre de Koena Mitra, très… fascinante là encore, mais aussi une très belle chansons triste : Zindagi Mein Kohi Kabhi Na Rabha. La mise en image et les chorégraphies sont soignées, et même si parfois les chansons ne tombent pas très à propos, le soin dont elles ont fait l’objet force l’attention.

Côté photo, le style Company a décidément fait école. On en use et on en abuse surtout, mais ici il est utilisé à bon escient car il sert le propos du film.
Dans Company la photo volontairement salie, les décadrages, effets d’accélérés/ralentis dans l’image, et le montage clipesque étaient utilisés de temps en temps ce qui faisait la force du film en lui permettant de développer son propos. Dans Musafir, tout cela est poussé encore plus loin : on retrouve du début à la fin ce que Company avait apporté. C’est en adéquation avec le propos du film : flashback, confrontation des points de vues, doute. Le film utilise différents filtres de couleur. Pour les scènes à Goa (qui n’a jamais autant ressemblé à Cuba), l’image est jaunie suggérant la chaleur, pour les images de nuit et de pluie elle est bleuté, pour les scènes d’intérieur au début un filtre vert a été utilisé. La stylisation va jusqu’aux cadrages, très savants et travaillés. Il n’y a pas une minute sans décadrage classieux sur un quelconque élément de décor ou sur une entrée de personnage.

Au delà du visuel, la mise en scène inspirée regorge de bonnes idées. Le scénario s’inspire de U-Turn, le film de Oliver Stone avec notamment Jennifer Lopez, mais il n’a rien à envier à l’original, ce serait plutot l’inverse et ce sur de nombreux points. S’il nous réserve bien les surprises et retournements de situation auxquels on est en droit de s’attendre, il est surtout d’une incroyable noirceur ce qui est plus surprenant. Il est en effet peu courant de voir des films indiens avec autant de personnages négatifs. Le cynisme les caractérise tous, jusqu’au prénom du personnage principal. Ici il n’y a personne à sauver, tous sont des meurtriers, du héros à l’héroïne, même les flics sont corrompus jusqu’à l’os et prêts à tout pour réaliser le moindre profit. Dans le genre très codifié et sécurisant des films indiens il est rare de voir des histoires où on n’ai aucun personnage auquel se fier… même le héros est un meurtrier, et si on s’attache à lui c’est uniquement parce que les autres sont encore pires. Plongé au milieu de tout cela il lutte pour sa survie, tout en ne pouvant faire confiance à personne. Le parti pris n’est pas celui de l’action, il n’y a en fait qu’une seule scène de fusillade et quelques poursuites pas spécialement palpitante. Le réalisateur a en effet préféré développer le coté psychologique, autour du chemin de croix de Lucky, décidément bien mal nommé. Un bon rythme compense cette absence, et même s’il a tendance à s’essouffler un peu vers la moitié du film, il ne nous piège que plus facilement avec un final inventif.

Bandits, fusillades, flics corrompus, Underworld Don, meurtres, femmes fatales.. vous l’avez compris, nous sommes en plein dans un vrai film noir. A ce niveau Musafir est à ma connaissance le premier film indien depuis longtemps à respecter aussi scrupuleusement les codes d’un genre, tout en y intégrant ceux du cinéma indien. La fusion idéale, et sans conteste l’un des meilleurs films de l’année 2004.

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