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Oy !

Traduction : Hé !

Bande originale

Oy Oy
Saradaga
Waiting For You
Anukoledenadu
Povadhe Prema
Seheri

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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 11 janvier 2010

Note :
(5/10)

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Uday (Siddharth) est un riche héritier dont la situation sociale lui permet de profiter de la vie et de l’instant présent, sans se soucier du lendemain. Il aime faire la fête, chanter, danser, etc. Au cours de la célébration du nouvel an 2006, il rencontre, dans une discothèque, Sandhya (Shamili), une jeune fille dont l’aspect strict, concentré et sérieux — elle écrit son journal alors qu’autour d’elle tout le monde fait la fête — attire son regard. Comme l’amour a pour fâcheuse habitude de réunir des personnes au caractère opposé, Uday, le joyeux insouciant, tombe amoureux de Sandhya, la prévoyante, obsédée à dresser des listes afin de mieux maîtriser la vie. En dépit de cette différence flagrante de personnalité, Uday ne désarme pas et est bien disposé à séduire Miss Organisation, quitte à forcer un peu les choses pour la séduire. En effet, il arrive à se faire admettre chez elle comme locataire, afin de mieux la cerner et de se façonner une personnalité répondant aux attentes de la demoiselle (elle a bien entendu dressé une liste des qualités de l’homme idéal sur laquelle Uday arrive à mettre la main). Peu à peu, à force de persévérance, la joie de vivre de Uday arrive à percer la carapace de glace dont Sandhya s’est entourée. C’est le moment que choisit le destin pour les ramener cruellement à la réalité : Uday apprend incidemment que la jeune fille est malade. Tout en lui cachant la vérité sur son état, il s’efforce de satisfaire ses désirs afin de lui faire goûter chaque instant, chaque bonheur de la vie…

Oy ! est le premier film de Anand Ranga qui avait été assistant-réalisateur de Bhaskar pour Bommarillu. Dès le générique du film, il revendique l’inspiration de Love Story (film et roman), dont il reprend les grands motifs : naissance d’une idylle entre deux jeunes gens de caractères et de milieux opposés, destin tragique de la jeune fille frappée par la maladie au moment où le couple commençait à être heureux. C’est une intention louable, pour un réalisateur, de revendiquer de cette façon sa source d’inspiration et ce, d’autant plus, dans une industrie cinématographique où le plagiat et les remakes inavoués sont monnaie courante. Cependant, l’inconvénient, lorsqu’on prend comme modèle un classique de l’histoire d’amour comme Love Story, c’est que l’on place la barre très haut et qu’un résultat médiocre ou en demi-teinte ne peut que décevoir un public qui s’attendait à voir une variation à l’indienne du classique. Car, décevant, Oy ! l’est sur bien des points.

En premier lieu, la narration est mal équilibrée : l’histoire d’amour, véritable sujet du film, tarde trop à s’installer, ce n’est qu’au bout de deux heures de métrage que Sandhya commence à peine à répondre aux sollicitations amoureuses d’Uday qui, pourtant, ne ménage pas ses efforts, quitte à se transformer en véritable "canard" (expression actuelle pour désigner un béni-oui-oui). Mais que faire face à une maniaque obsessionnelle de l’ordre qui s’évertue à tenir à distance toute tentative d’approche ? À force de vouloir trop en faire dans l’opposition des caractères des personnages, le script les discrédite de sorte que, lorsque la belle finit enfin par sourire et se décoincer, on se demande quelle mouche l’a piquée. A fortiori quand elle avoue son amour pour Uday !

À ce discrédit s’ajoute une absence d’alchimie totale entre les deux acteurs. Si Siddharth est impeccable dans son registre habituel d’"amoureux transi" qu’il a perfectionné au fil des films (Bommarillu, Nuvvostanante Nenoddantana, Konchem Ishtam Konchem Kashtam), Shamili, la petite Anjali du film de Mani Ratnam du même nom, ne fait absolument pas dans la nuance et plombe son personnage, bien peu sympathique au départ. Par ailleurs, le réalisateur n’arrange rien en les maintenant toujours à une certaine distance : pas une scène d’amour fantasmée ou de love song classique susceptible de montrer que, dans ses fantasmes, l’héroïne n’est pas aussi distante qu’elle n’en a l’air et qu’elle souhaiterait se rapprocher du héros, ne serait-ce qu’en l’effleurant. Comment tisser des liens empathiques envers des pseudo-amoureux auxquels (et surtout à laquelle) on ne croit pas un seul instant ? Comment s’émouvoir quand le destin les frappe ? En un mot, cette "love story" n’a d’amour que le nom et n’est qu’un très lointain reflet de son modèle original.

En second lieu, cette histoire d’amour laborieusement construite est interrompue par des intrigues secondaires, simple prétexte pour introduire les scènes de comédies où l’acteur Sunil se livre à une parodie de la pub Motorola d’Abhishek. L’humour dont il fait preuve, ainsi que ses différents comparses, ferait passer Vadivelu pour le comble de la finesse. C’est tout dire !

Le film serait une véritable faillite s’il n’y avait cette bonne bande originale, composée par Yuvan Shankar Raja, dont la chanson-titre est interprétée par Siddharth lui-même. Elle constitue indéniablement l’un des points positifs du film. La mise en images des chansons est aussi assez réussie, en particulier la séquence chantée qui met en scène une célébration d’un Ganesh bien singulier, confectionné, grâce à des fruits et des légumes, par les soins d’Uday, pour sa dulcinée. La BO et la présence de Siddharth à l’affiche sont d’ailleurs les accroches promotionnelles qui ont servi à attirer les spectateurs dans les salles. Elles ont d’ailleurs suscité la curiosité de votre rédactrice !

Un autre des atout du film est la bonne photographie qui met en valeur la beauté des paysages : le bord de mer où habite Sandhya, la croisière vers Calcutta, la traversée de l’Uttar Pradesh ou Varanasi, ainsi que les couleurs flamboyantes et bigarrées des polos et chemises des différents acteurs. Que serait un film telugu sans cette conception tout à fait reconnaissable de la mode par ses stylistes !

Si la Bo de Oy ! s’est classée en tête des différents charts, le film n’a eu qu’un succès mitigé au box-office indien. Le public aurait été "désorienté" par la fin inhabituelle de cette histoire d’amour, disent les chroniqueurs des sites spécialisés. Or, ce n’est pas cette fin atypique qui risque de "désorienter" le spectateur occidental, même habitué au mélange de registres, de genres et aux digressions caractéristiques du cinéma indien, mais plutôt la médiocrité de l’ensemble, à tel point qu’on se demande ce que Siddharth est venu faire dans un film si moyen, lui qui nous avait habitué à mieux !

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