Shakti : The Power
Traduction : Force
Langue | Hindi |
Genre | Drame |
Dir. Photo | Sethu Sriram |
Acteurs | Shah Rukh Khan, Aishwarya Rai Bachchan, Nana Patekar, Prakash Raj, Prabhu Deva, Karisma Kapoor, Divya Dutta |
Dir. Musical | Anu Malik, Ismail Darbar |
Paroliers | Sameer, Mehboob Kotwal |
Chanteurs | Sukhwinder Singh, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Adnan Sami, Kavita Krishnamurthy, Anuradha Paudwal, Mohammed Salamat |
Producteurs | Boney Kapoor, Sridevi |
Durée | 168 mn |
Nandini (Karisma Kapoor) vit au Canada où, orpheline, elle a grandi entourée de l’affection de ses oncles ; elle se marie avec son ami de longue date, Shekhar (Sanjay Kapoor). Raja naît bientôt et la petite famille vit très heureuse.
Jusqu’au jour où Shekhar voit aux actualités une voiture exploser, il s’agit de son village natal. Sous le regard ébahi de Nandini qui n’en avait jamais entendu parler, Shekhar reprend contact avec sa famille et décide d’aller voir sa mère qu’il pense blessée dans l’explosion. Nandini tient à l’accompagner avec Raja, quatre ans. Erreur fatale !
Elle en prend conscience avant même d’arriver au village, dans le Rajasthan, alors qu’ils sont victimes d’une attaque armée à laquelle ils échappent de justesse. Une véritable guerre, entre le père et l’oncle de Shekhar, a installé depuis longtemps la terreur dans la région. C’est pour échapper à cette spirale de violence que Shekhar était parti au Canada et avait rompu tout contact depuis huit ans.
Le père de Shekhar, Narsimha (Nana Patekar) règne en despote féodal "sur 40 villages et 40 000 hommes", il ne connaît que le langage de la haine et des armes et il compte bien l’enseigner à son petit-fils. Nandini est très mal à l’aise dans cet environnement d’un autre âge, Shekhar essaye de raisonner sa famille pour que cessent ces hostilités meurtrières, mais il en est la victime alors qu’ils devaient rejoindre le Canada quelques jours plus tard.
Nandini se retrouve seule avec son fils dans un cauchemar où son beau-père s’approprie Raja, lui apprend le maniement des grenades, et refuse tout net de le laisser partir, traitant Nandini avec le plus grand mépris. Nandini se rebelle, tente de s’enfuir avec Raja, se retrouve prisonnière. Sa belle-sœur et sa belle-mère lui viennent en aide, mettant leurs propres vies en péril. Ces trois femmes incarnent "Shakti", une forme de pouvoir et d’énergie spécifiquement féminine très présente dans l’hindouisme.
Enfin sortie de la forteresse, mais poursuivie par les sbires de Narsimha et ceux de l’oncle, Nandini croise la route d’un bon génie, drôle de vagabond mi-clown mi-héros (Shah Rukh Khan), un peu simplet mais qui frôle le superpouvoir quand il se bat et qui n’a peur de personne (version Bollywood de Lancelot ? en plus drôle). Pour quelques centaines de dollars, il accepte de la convoyer vers l’aéroport. Mais ils n’y sont pas encore…
Avec Shakti : The Power, on est très loin de l’atmosphère idéalisée de Bollywood ! Ce film nous montre une facette terrible de l’Inde, archaïque, dominée par la violence, aux mains de propriétaires terriens qui corrompent les politiciens locaux pour continuer à régner en despotes, dans un univers qui n’a pas changé depuis des siècles (sauf les armes).
Les paysages désertiques, les villages à demi en ruines, la forteresse en nid d’aigle, ajoutent au caractère réaliste et dur de ce film. Nana Patekar est ahurissant en butor primitif. Karisma est en mode panique un peu trop systématiquement, mais on ne peut pas lui en vouloir, on n’en mènerait pas large non plus, à sa place… On s’identifie facilement à Nandini, on vit son décalage de jeune femme moderne, dans cet univers aberrant par rapport à ses repères, à sa culture, à son siècle. Sanjay Kapoor est lui aussi très convaincant. Les seconds rôles ont l’air tout droit sortis du village d’à côté, même Vijay Raaz (l’entrepreneur du Mariage des Moussons, flic dans Delhi 6).
Les quelques scènes avec Shah Rukh Khan et notamment l’apparition d’Aishwarya Rai apportent une détente et une distance bienvenues. Même si la fameuse scène de danse Ishq Kameena (musique d’Anu Malik) n’a strictement rien à voir avec le film, et même si on la sent issue d’une démarche purement marketing, elle est à la fois torride et … rafraîchissante ! Une précision pour les fans de SRK : il n’est présent que dans le dernier tiers du film.
Hormis Ishq Kameena, la musique est d’Ismael Darbar (Devdas). Les danses et chansons sont peu nombreuses, on retiendra surtout une danse masculine musclée pour Holi.
Shakti : The Power n’est pas un film agréable à regarder, les scènes sont parfois pénibles et en paraissent trop longues, mais il n’y a rien d’inutile, le film est bien construit et sert sa cause, il ne fait pas dans la dentelle mais il vaut le détour. Il est inspiré du roman Jamais sans ma fille, mais le traitement du thème est très indien, et fait référence à Shakti : dans l’hindouisme Shakti est la puissance au féminin, la force féminine qui crée, qui apporte le changement et libère. Le film montre la puissance que peut avoir une femme, dressée contre un despote devant lequel des milliers d’hommes plient, y compris les hommes soit-disant de pouvoir (policiers et politiciens). Mais elle, toute frêle, portée par Shakti, comme ses semblables qui soudain sortent de leur servage, peut venir à bout de la violence brutale et destructrice.
Je ne trouve pas exactement qu’on soit très loin de Bollywood, seulement à moitié, ce film réaliste étant entrecoupé de chansons commerciales et épaulé par SRK qui cabotine comme à son habitude dans toute la dernière heure. C’est pour moi un film semi-commercial, où l’art et le commercial se mêlent bizarrement et sans pertinence, un peu comme Fiza et Maya Memsaab, mais en un peu mieux parce qu’avec plus de talent, surtout avec l’excellent Patekar… et le distrayant SRK. Le rôle éploré habituel de Karisma m’agace, je trouve le film pas mal mais mineur dans l’ensemble, 6,5/10 maximum ; cela dit, je le conseille vraiment pour toute sa partie violente et passionnante sur la guerre de villages.