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Shamitabh


Bande originale

Piddly Si Baatein
Ishq E Phillum
Sha Sha Sha Mi Mi Mi
Stereophonic Sannata
Thappad
Lifebuoy

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La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 17 février 2015

Note :
(8/10)

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Comme beaucoup de petits garçons, Dhanush rêve de devenir acteur, il ne vit que pour le cinéma, ne vit que par le cinéma, les films qu’il voit, les rôles qu’il s’entraîne à jouer. Il vit dans un petit village, et alors ? Il est muet, et alors ? Rien ni personne ne peut le dissuader. Sa mère arrive à le retenir près d’elle, mais dès qu’elle meurt, il part et débarque à Bombay, comme beaucoup, avec sa passion et sa naïveté.

On le retrouve à la première de son film, un charme à tomber, une assurance de star, et une voix grave, inoubliable, à nulle autre pareille… Il s’appelle Shamitabh et est acclamé, son succès est rapide et phénoménal. Quel miracle s’est produit ? Quel ange gardien l’a propulsé là ?

L’ange gardien s’appelle Akshara. Cette jeune femme est assistante réalisatrice, elle le découvre roué de coups par les gardiens du temple (du studio) qui vont le jeter dehors une fois de plus, elle le relève, écoute son discours muet, le met devant une caméra et le charme opère, Dhanush est un grand acteur. Mais un acteur sans voix. Le papa d’Akshara est médecin, Dhanush part en Finlande se faire implanter un système qui lui permet de faire sortir de son gosier la voix d’un autre. Encore faut-il trouver la voix…

Ils rencontrent Amitabh, qui est venu 40 ans plus tôt tenter sa chance à Bollywood, lui aussi, et qui a été rejeté à cause de sa voix… Ce qui n’arrête pas nos candidats au miracle. Pourtant, c’est pas un cadeau Amitabh. Clochard, alcoolique, vindicatif, aigri, exigeant, ils vont pourtant tout faire pour le persuader, et ils y parviennent. Pour combien de temps ? Amitabh est un grand acteur, une forte personnalité, comment accepter de n’être que la voix, de n’être officiellement que le boy, le valet, d’être dans l’ombre alors que sa voix met l’autre dans la lumière ? D’être dans les toilettes à donner la répartie à l’héroïne du film, à répondre aux questions des journalistes, quand l’autre est sur la scène ?
C’est le thème central de Shamitabh. La confrontation de deux rêves, de deux ego, de deux stars sur un pied inégal, la création d’un lien fragile qui ne repose que sur la dépendance. Entre les deux, Akshara, un concentré de volonté et de générosité, qui aura fort à faire pour gérer ces deux monstres tout en suivant son chemin.

L’histoire de Shamitabh est insensée, le duo Dhanush-Amitabh est splendide, c’est un pur bonheur de voir s’exprimer toute l’étendue de leur talent. Dhanush dans son rôle de muet a une présence à l’écran et une capacité à faire passer ses messages qui n’ont aucun besoin de traduction. Amitabh Bachchan est au top. Une fois encore il dépasse les frontières de ce qu’on a déjà vu, il est grandiose dans son rôle de soulard insubmersible, réfractaire à toute compromission, terriblement doué.
Akshara, fille cadette de Kamal Haasan, des yeux bleus et un visage à la Aishwarya, est une vraie découverte dans ce rôle de fille forte, qui refuse d’être dans la séduction, se concentre sur son projet sans s’arrêter aux miroirs aux alouettes…

Bravo au scénariste pour avoir inventé cette histoire, elle nous rappelle qu’Amitabh a failli ne jamais faire carrière car sa voix trop originale rebutait. S’il n’avait pas rencontré Yash Chopra, peut-être serait-il devenu ce clochard alcoolique… Bravo au producteur pour avoir pensé à Dhanush pour être le héros de Shamitabh, cette jeune star du Sud a encore peu tourné pour Bollywood et cela renforce la crédibilité de la rencontre improbable, du choc de personnalités. Il y a fort à parier qu’on retrouve Dhanush dans des superproductions Bollywood dans les prochaines années… Et on sera ravi de le revoir, il a une puissance et un charme peu communs.
Côté mise en scène, il y a de vraies trouvailles, comme le cimetière où Amitabh loge, ce grand jardin parsemé de tombes, un constant rappel de ce chemin si court entre la vie et la mort, la vie et l’oubli, l’ego et sa dissolution…

Côté musique, la musique de fond est signée Ilayaraja, un grand classique du Sud, un vrai bonheur. De très jolis clips émaillent le film, la surprise vient de Piddly Si Baatein  : vous imaginez le clip classique de Bollywood avec le héros et l’héroïne se tournant autour dans la neige, la forêt, et autres paysages merveilleux ? Le héros dans la pose des Raj et Rahul, clin d’œil à Shah Rukh et Karan Johar, on est prêt à s’envoler avec eux… Le clip reprend les mêmes plans, mais avec l’introduction dans le paysage d’un élément à l’opposé de ce monde fantasmagorique : les toilettes. L’héroïne a envie de faire pipi, et le héros fait apparaître des toilettes dans toutes ses formes possibles… Grands éclats de rire, de l’héroïne et des spectateurs. La voix est celle d’Amitabh, qui dans son rôle apprécie très moyennement que cette belle chanson soit tournée en dérision, c’est même ce qui fait basculer leur duo dans la tension… Compréhensible aussi…

Bref, un film à voir, même si c’est un peu trop long, les 2h38 auraient pu se condenser en 2 heures, le film en aurait été plus fort. Il est encore à l’affiche en France, allez-y !

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