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La critique de Fantastikindia

Par Kendra - le 23 février 2009

Note :
(8.5/10)

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Vanaja, jeune fille de 15 ans, enfant unique de Somayya, pêcheur criblé de dettes et alcoolique, a pour seule et unique ambition d’apprendre le kuchipudi, la forme de danse classique de l’état d’Andhra Pradesh. Suite à la prédiction d’une vieille dame, elle encourage son père à lui faire arrêter l’école et à lui obtenir une place auprès de Rama Devi, la zamindar du coin, non seulement la femme la plus influente de leur région, mais surtout ancienne gloire de cet art ancestral qu’elle brûle de connaître. Vanaja, par sa détermination et son espièglerie arrive à convaincre la propriétaire de lui dispenser des cours de danse. Tout se passe merveilleusement jusqu’au retour des Etats-Unis de Shekhar, le fils de Rama Devi, qui nourrit de grandes ambitions politiques…

Si le scénario est vraiment travaillé, Vanaja émerveille essentiellement grâce à l’ensemble de ses acteurs, tous plus attachants les uns que les autres… et tous amateurs ! Comment imaginer qu’Urmila Dammannagari n’avait jamais touché à un instrument avant le film ? Mais surtout que la jeune Mamatha n’a appris le kuchipudi que pendant un an, juste avant le tournage ? Cette jeune fille étonnante irradie à l’écran, espiègle et enfantine, elle a tout à fait l’innocence du comportement mêlé à l’impertinence de la jeunesse et le sentiment de révolte et de relative impuissance que lui inspire sa condition.

A la lecture du synopsis, le spectateur s’attendrait à voir une sorte de docu-fiction sur l’apprentissage du kuchipudi. S’il y a bien de très belles scènes sur cette danse, elles ne composent pas la majeure partie du film. Vanaja se concentre plus sur la relation entre la vieille femme et sa jeune élève/employée. C’est également le parcours de Vanaja qui est décrit, à ce moment charnière de la vie d’une fille qu’est l’adolescence, entre jeux enfantins et désirs adultes. Si Rajnesh Domalpalli ne filme jamais rien d’inutile ou de choquant, il réussit l’exploit de traiter des problèmes liés à la sexualité dans la région assez directement. Il pose sa caméra de façon à rendre l’ambiance parfois malsaine certes (comme le veut le scénario) mais jamais glauque.
Les personnages sont tout à fait nuancés dans Vanaja et ancrent le film encore plus dans la réalité. Ils sont pleins de candeur et d’amour tandis que d’un autre côté, ils sont vils et manipulateurs. Le personnage de Shekhar, le fils qui rentre des Etats-Unis est à mon sens le plus intéressant de ce point de vue-là : il est capable de la plus grande tendresse, mais pas avant d’avoir presque détruit l’objet de son amour.

Vanaja a remporté 24 récompenses, dont le prix du Meilleur Premier Film au Festival International du Film de Berlin, et a été présenté dans plus d’une centaine de festivals à travers le monde dans lesquels le film a créé une forte impression, les critiques internationales plébiscitent et encensent cette oeuvre… Paradoxalement, le film n’a pas pu trouver de distributeur pour l’Inde, il y est donc toujours inédit à ce jour…

Rajnesh Domalpalli a écrit et réalisé ce film pour obtenir son diplôme à Columbia. C’est donc un travail d’école que nous admirons, mais quel travail ! S’il n’est pas techniquement parfait, Vanaja porte un message fort et sa fin, loin d’apporter toutes les réponses, permet au spectateur de prolonger la réflexion amorcée par le réalisateur.

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