Guru
Langue | Hindi |
Genre | Drame |
Dir. Photo | Rajiv Menon |
Acteurs | Aishwarya Rai Bachchan, Abhishek Bachchan, Madhavan, Vidya Balan, Mithun Chakraborty |
Dir. Musical | A. R. Rahman |
Parolier | Gulzar |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Bappi Lahiri, Keerthi Sagathia, Udit Narayan, Alka Yagnik, A. R. Rahman, Madhushree, Chinmayee, Swetha Mohan, Sowmya Raoh, Hariharan, K. S. Chithra, Uday Mazumdar , Quadir Khan, Murtuza Khan, Maryem Tollar, Bhargavi Pillai, Madras Chorale Group |
Producteurs | Mani Ratnam, G. Srinivasan |
Durée | 166 mn |
Troisième film hindi du réalisateur tamoul Mani Ratnam après Dil Se… et Yuva, Guru est certainement le plus abouti, et sa position de plus gros succès bollywoodien du premier semestre 2007 est amplement méritée. Reprenant le genre hollywoodien du biopic, le cinéaste nous conte la fulgurante ascension d’un self-made man cynique et manipulateur, librement inspiré du personnage authentique de Dirubhai Ambani, l’un des premiers milliardaires indiens de l’ère moderne, aussi visionnaire et admiré que controversé.
Il est incarné par Abhishek Bachchan, qui trouve peut-être ici le plus grand rôle de sa carrière, après une prestation déjà excellente dans Yuva. Imposant, ayant hérité de la voix grave de son père, il campe ce personnage avec une grande conviction, rendant chacune de ses scènes passionnantes. Peu d’acteurs de sa génération auraient pu relever ce défi de quasi-one-man-show semi-commercial sans fausse note, et Abhishek fait même penser dans ses meilleures scènes à Denzel Washington, un spécialiste de ce type de biopics d’un héroïsme calme. D’autant plus qu’il avait déjà repris le rôle de ce dernier dans Phir Milenge, remake hindi de Philadelphia.
Le reste de la distribution se cantonne à des seconds rôles de prestige : Aishwarya nous rappelle qu’elle peut jouer juste quand elle est bien dirigée, Vidya Balan est délicieuse dans un rôle inutile, alors que Mithun Chakraborty est très fin dans celui d’un éditeur, dont l’intégrité est diamétralement opposée à l’arrogance du héros, qui exerce son emprise sur les média à ses propres fins. Cette dénonciation sociale est d’ailleurs habilement menée par le réalisateur, mais elle n’est pas très percutante, et on s’en désintéresse vite pour ne se concentrer que sur le fascinant personnage éponyme et apprécier le classicisme impeccable de la mise en scène.
Quant aux belles chansons tout en retenue du compositeur A.R.Rahman, elles manquent d’exubérance mais contribuent à faire de Guru un film froid, relativement exigeant pour une production bollywoodienne. Œuvre ambitieuse et sans concession, à mille lieues de la candeur des masala traditionnels, Guru n’est pas le grand film qu’on pouvait espérer, mais il est porté de bout en bout par le charisme de son acteur principal, et reste d’ores et déjà l’un des meilleurs films d’une année Bollywood 2007 pauvre en classiques.
Guru est un bon film, mais j’ai frémi en écoutant le grand discours de la fin : derrière les louanges de l’esprit d’entreprise, quelle apologie du capitalisme et du marché libre ! Sous pretexte que Guru a l’esprit d’initiative et fait prosperer une société fondée avec des petits porteurs, mensonges, fraudes et corruptions sont tolérés… Pouah, quelle fin détestable ! A part ça, une Ash et un Abhi très bon (quoiqu’Abhi, avec sa technique "actor studio" à la Al Pacino a un peu tendance à surjouer), et une mise en scène royale.
Il y a quand même quelques phases du scénario qui sont baclées : que deviens le beau frère ? comment se termine la relation avec les journalistes après la mort du personnage de Vidya ? Et surtout, je ne sais pas qui s’occupe du montage des films de Mani Ratnam, mais il y a vraiment un effort à faire de ce coté là : chansons qui débarquent au milieu de l’action, transition entre les scènes peu soignées… j’ai l’impression que c’est cela qu’il manque à ce film pour avoir une place sur les écrans de cinémas français… !