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La critique de Fantastikindia

Par Soniya - le 10 novembre 2008

Note :
(8.5/10)

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My Magic, un titre à la « Walt Disney », pour un film qui commence d’une manière particulièrement glauque : le générique nous montre un homme bouffi qui s’imbibe avec application de whisky et qui, dans les scènes suivantes, s’endort dans son vomi et saigne aux toilettes.
Eh bien, malgré cette brusque entrée en matière, ne sortez pas de la salle, car vous risqueriez de manquer un de ces petits bijoux comme les films d’auteur savent parfois nous en donner.

Eric Khoo nous avait déjà éblouis (et beaucoup émus) il y a 3 ans avec Be With Me, film choral sur la solitude et la recherche de l’amour. Il reprend ces deux thèmes avec son nouveau film, où l’homme du générique, Indien tamoul vivant à Singapour, élève seul son fils.
Elever est un bien grand mot car Francis, qui nettoie les tables (et accessoirement finit les verres) dans un club des bas-fonds de la ville, ne sait que boire pour noyer son chagrin en pensant à sa femme qui l’a quitté, et a abandonné par la même occasion son fils. Alors son fils s’élève tout seul, mélange d’ingéniosité et de volonté de s’en sortir, pour ne surtout pas ressembler à son père plus tard.
Francis a pourtant un don qui fascine : c’est un magicien, cracheur de feu, mais aussi un fakir, soumettant son corps à de multiples « tortures » et restant malgré tout impassible. Alors, après une énième dispute avec son fils lui reprochant son manque d’attention et son alcoolisme, lorsque le patron de son club lui propose de remonter sur scène afin de faire frissonner les clients avec ses tours, Francis voit là une chance de faire enfin quelque chose de bien pour son enfant…
Mais les bas-fonds de Singapour ont peu de points communs avec le monde enchanté de Disney… ou presque.

Ce film jongle avec nos sentiments de manière experte : le frisson, l’émerveillement, le dégoût et l’émotion sont mêlés au service d’une trame toute simple. Ce sont les deux acteurs qui font le film : le premier, de son vrai nom Francis Bosco, également magicien professionnel dans la « vraie vie », impressionne par ses tours et réussit à nous attendrir avec son rôle de père larmoyant et perdu. Le personnage du fils est aussi magnifique : garçon pétri de doutes sur l’amour que lui portent ses parents, le jeune Jathishweran Naidu, mélange d’angoisse et de colère, arrive à ne pas se faire éclipser par l’impressionnant Francis.

A travers les images-chocs du prestidigitateur Francis, nous suivons ce duo, uni par l’amour filial, vers une fin lyrique et réellement magique : tout n’est pas rose au bout du chemin de la rédemption de ce père, mais Eric Khoo amène avec délicatesse ses personnages vers le pardon et l’apaisement, tout comme les spectateurs, qui lui en savent gré.

Commentaires
11 commentaires
En réponse à maman de lea - le 13/11/2008 à 19:41

namaste
on aurait aussi pu appeler ce film "mystère" car on y découvre encore une autre facette de l’Inde = on a l’habitude du bollywood ou des reportages télé sur la religion indienne ou sur le systéme des castes en Inde et ici on voit des "Fakirs" qui bravent tous les dangers mais malheurseument n’échappent toujpurs pas à la mort !!
j’ai été touché par la scène finale et par le petit garçon qui parle à sa grand mère et qui ne souhaite qu’une chose dans la vie recréer un "cercle familial" !!!!

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Rose le 14/11/2008 à 11:21

Ce film est d’une rare poésie, d’une rare virtuosité (Khoo privilégiant les formats courts, le film n’en serait que plus efficace).

Tourné en seulement huit jours, le film est par ailleurs largement inspiré de la vraie vie de ce cracheur de feu qui interprète son propre rôle : aucun travers ni excès de violence, La folie ou les instincts cruels de l’homme n’en seraient que plus assumés et sublimés…

"il y a de toute façon plein de chefs-d’oeuvre dans le ciné asiatique qui sont quasiment inconnus des critiques frenchs officiels, en tout cas pour les films qui ne sortent pas en France." Celui ci serait loin d’en faire partie. Présenté en sélection officielle à la quinzaine à Cannes le dernier jour du festival, il a hautement été distingué et approuvé par la critique (tout comme Serbis, un film philippin de Brillante Mendoza qui sortira dans quelques mois et que je vous conseille aussi intimement).

Laurent le 14/11/2008 à 19:13

En effet, celui-là est sorti en France en salles, contrairement à certains de mes films préférés comme Mohabbatein ou Ichi The Killer. Mais une anecdote : un critique french que j’apprécie n’avait encore vu aucun film coréen dans sa vie il y a 3 ans, alors que j’en avais vus des excellents dans des salles niçoises officielles.

maman de lea le 13/11/2008 à 19:41

namaste
on aurait aussi pu appeler ce film "mystère" car on y découvre encore une autre facette de l’Inde = on a l’habitude du bollywood ou des reportages télé sur la religion indienne ou sur le systéme des castes en Inde et ici on voit des "Fakirs" qui bravent tous les dangers mais malheurseument n’échappent toujpurs pas à la mort !!
j’ai été touché par la scène finale et par le petit garçon qui parle à sa grand mère et qui ne souhaite qu’une chose dans la vie recréer un "cercle familial" !!!!

Soniya le 14/11/2008 à 11:13

Merci pour votre commentaire Maman de Lea.
Je suis contente que le film vous ait touché vous aussi !

lea le 11/11/2008 à 23:52

AAAArrgghhhhh !!!!! ce film est une horeur !!!!
heureusement que j’ai eu des places gratuites pour le voir car ça m’aurait fait mal au coeur de dépenser autant d’argent pour un film que je n’ai presque pas vu car la plupart du temps j’avais les mains devant les yeux !!!!!!!!
putain pourquoi toutes ces scènes de violence gratuite ??
il n’y a que la fin avec le petit garçon qui était bien !!
je suis désolée mais pour moi la magie c’est quelque chose de mignon comme sortir un lapin d’un chapeau !!!!!

Soniya le 12/11/2008 à 11:32

Oui, oui, effectivement il y a des images chocs !
On est loin de Walt Disney, et de la magie classique, c’est ce que j’ai essayé d’expliquer dans la critique ! Mais je trouve que c’est une des qualités du film de ne pas éluder la violence du milieu qu’il décrit, et de réussir également à finir sur une note optimiste et apaisée, après tant de noirceur. Par contre, je ne trouve pas la violence gratuite, elle est au service du scénario et pour moi, d’habitude assez sensible, reste regardable : ce n’est pas Saw 5 ou certaines scènes de Scorsese !

Laurent le 11/11/2008 à 01:31

Cette note, que je n’accorde qu’aux grands classiques, est très élevée, mais tu m’as aussi donné envie de voir ce film, l’acteur est assez fascinant sur la photo de l’un de ses tours, ça m’a tout l’air d’un bon petit film auteurisant aux bons sentiments proches de 6,5.

Soniya le 11/11/2008 à 09:15

Et bien ma note est surement plus guidée par l’émotion dégagée par ce film que par sa place dans la grande histoire du cinéma mondial. Cependant, j’espère que tu iras voir le film, l’appréciera beaucoup et… finira par être d’accord avec moi !

Laurent le 11/11/2008 à 14:56

Tu donnes la note que tu penses juste, il y a de toute façon plein de chefs-d’oeuvre dans le ciné asiatique qui sont quasiment inconnus des critiques frenchs officiels, en tout cas pour les films qui ne sortent pas en France. Pour parler de notation dans l’absolu, je prends en compte la capacité du film à être revu avec plaisir (mon côté geek !), que je trouve importante et très rare.

Kendra le 11/11/2008 à 01:01

Merci beaucoup Soniya !! tu n’as fait que me donner encore plus envie de me ruer voir ce film… ;-)

Soniya le 11/11/2008 à 09:16

Merci à toi Kendra, j’espère que tu l’aimeras autant que moi !