Mujhse Dosti Karoge !
Traduction : Soyons amis !
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | Ravi K. Chandran |
Acteurs | Rani Mukherjee, Hrithik Roshan, Kareena Kapoor, Satish Shah, Uday Chopra, Smita Jaykar, Sachin Khedekar |
Dir. Musical | Rahul Sharma |
Parolier | Anand Bakshi |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Udit Narayan, Alka Yagnik, Sonu Nigam, Alisha Chinai, Pamela Chopra |
Producteur | Yash Chopra |
Durée | 149 mn |
Afin de suivre ses parents à Londres, le jeune Raj quitte la ville de Simla où il a toujours vécu, entouré de ses deux meilleures amies, Pooja et Tina, en arrachant à cette dernière la promesse qu’elle lui écrira tous les jours. Cependant Tina oublie vite son ami expatrié, laissant ainsi Pooja envoyer les mails qu’elle signe Tina afin de ne pas décevoir le jeune garçon. La correspondance dure ainsi une quinzaine d’années, jusqu’à ce que Raj rentre en Inde, et tombe amoureux de Tina, laissant Pooja dans un grand désarroi, incapable d’avouer sa supercherie…
Voilà une petite mise en bouche afin de vous inciter à voir ce triangle amoureux, produit tout à fait classique de la maison Yash Raj. On retrouve tous les ingrédients qui ont fait les beaux jours du film romantique sauce Aditya : amours contrariées, retournements invraisemblables, coïncidences aussi énormes qu’attendues, histoires urbaines, musique soignée et chorégraphies inoubliables (dans le bon et le mauvais sens du terme), costumes pastel improbables, décors suisses, londoniens…
Mujhse Dosti Karoge ! est le type de film ni franchement mauvais, ni vraiment bon mais pour lequel on éprouve cependant de la tendresse. Comment résister au personnage de Hrithik Roshan, tantôt espiègle tantôt intransigeant, qui passe de l’amour à une sorte de haine profonde ? Raj prend de l’ampleur et gagne en intérêt notamment dans la seconde partie : plein d’amertume et de colère, Hrithik y laisse entrevoir ses capacités.
Son rôle de Poo dans K3G aura marqué la carrière de Kareena Kapoor, puisque pendant un temps certain, il semble qu’on ne lui proposait qu’une déclinaison de ce personnage, tout à fait le cas ici, même s’il est moins horripilant que l’original, surtout après l’intermission où sa Tina est plus nuancée et bien moins caricaturale que Poo.
Mais c’est Rani Mukherjee qui marque le plus les esprits, son rôle proche du martyr attirant forcemment la sympathie, pourtant l’actrice parvient à nous faire croire aux failles de sa Pooja, et quelques scènes pourraient bien vous laisser la gorge nouée…
N’oublions pas que Mujhse Dosti Karoge ! est le premier film de Kunal Kohli qui, au final, livre un produit tout à fait acceptable. Beaucoup d’éléments semblent largement inspirés de précédentes productions Yash Raj (il y a un petit je-ne-sais-quoi de Kuch Kuch Hota Hai), la première demi-heure est en-dessous du reste du film, trop clichée, trop forcée, simplement trop… notamment à cause d’un enchaînement de chansons plutôt inutiles, tendance pop sucrée, qui peuvent paraître interminables, surtout Oh my darling ! sauvée grâce à la virtuosité de Hrithik en danse, qui nous ferait presque oublier ce que l’on écoute… En revanche toute la bande-son n’est pas à jeter, la dernière chanson a tout simplement fait un carton et a marqué tous les esprits. Il s’agit d’un medley de près de 12 minutes (!) composé de dix-huit morceaux marquants de la maison de production. Il faut louer le travail considérable qu’a effectué l’équipe du film sur ce medley, car chaque extrait de chanson est parfaitement justifié, joliement chorégraphié, et illustre la situation entre les trois protagonistes…
Mujhse Dosti Karoge ! ne révolutionne pas le genre de la romance, bien au contraire. Ainsi sa trame classique mais également son trio d’acteurs font de lui un film à avoir dans sa dvdthèque pour les soirées tranquilles, à regarder avec une bonne tasse de thé parfumé et une boîte de chocolats…
Vous pourrez retrouver la traduction des chansons de Mujhse Dosti Karoge ! dans notre dossier paroles…
MDK est à mon humble avis un film exceptionnel. Un vrai chef d’œuvre Bollywood. En tout cas un vrai chef d’œuvre des années 2000. Globalement, je partage l’avis de Kendra mais on peut quand même ajouter certains éléments de réflexion.
On peut trouver le début un peu plus faible que le reste ou bien on peut trouver d’autres moments plus faibles. Effectivement, il y en a. Mais ce sont justement ces moments de faiblesse qui font la force de ce film. Kunal Kohli réussit à donner une respiration intense à son film. Ces moments « de faiblesse » sont plutôt des reprises de souffle qui préparent les grands moments d’émotion (à la KKHH) qui ne manquent pas dans le film. Scénaristiquement, l’idée de départ est vraiment remarquable dans sa simplicité. D’abord, elle n’est pas tirée par les cheveux (comme elle l’est dans OSO par exemple). Une famille qui part en Angleterre, rien d’extraordinaire. La première confusion, qu va tout enclencher. Pooja qui tape son nom puis l’efface pour le replacer par Tina. Cette scène est émouvante à plus d’un titre, et plus on regarde le film, plus on ressent d’émotion (c’est aussi valable pour d’autres scènes comme celle de l’église). Il n’est pas si simple, je trouve de trouver des idées simples qui ont autant de force. C’est toute la magie d’Aditya Chopra et ici de Kunal Kholi.
On peut reprendre presque chaque scène, la voir et l’étudier en tant qu’entité autonome. Mais pourtant, ce qui est extrêmement fort dans ce film c’est la façon de gérer le suspense, c’est à dire l’enchaînement des scènes, le fil du film. Kunal Kohli réussit à faire monter la tension pendant tout le film, ou plutôt pendant chaque moitié car MDK ce sont deux films (presque) indépendants. C’est un peu la navette spatiale. Dans la première partie, jusqu’à l’entracte, on fonctionne avec les boosters. La question n’est pas de savoir comment va finir le film. Elle est de savoir quand Raj va réaliser que Pooja est Tina. A l’entracte, on lâche les boosters et la navette quitte l’atmosphère. Maintenant, la question est bien de savoir comment va finir l’histoire : drame ou happy end ? Cette fin est conditionnée par Tina. Quand va-t-elle comprendre ? Dans cette seconde partie, la respiration s’accélère. Les moments forts se succèdent plus rapidement. Tout est fait pour fournir les indices qui font que le spectateur se demande quand Tina va admettre la situation : la voiture qui manque d’écraser les filles, le jeu de la bouteille, le medley, les bracelets…
KK utilise une ficelle bien connue : le spectateur en sait plus que les acteurs. Il a donc envie de dire à Tina « bon sang, ouvre les yeux ! ». De cette façon, il rentre lui-même dans le film.
Il y a de quoi écrire encore beaucoup sur MDK (ne serait-ce qu’à propos des acteurs et de la musique) qui, je crois, n’a pas bien marché en Inde mais a été un gros succès à l’étranger. En tout cas, je trouve que plane sur ce film l’ombre d’Aditya Chopra dans ses meilleurs jours. C’est pourquoi je lui colle un 10/10 sans hésitation.