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Aan

Traduction : Fierté

LangueHindi
GenresMasala, Classique
Dir. PhotoFaredoon Irani
ActeursDilip Kumar, Nadira, Nimmi, Premnath
Dir. MusicalNaushad
ParolierShakeel Badayuni
ChanteursLata Mangeshkar, Mohammad Rafi, Shamshad Begum, Shyam
ProducteurMehboob Khan
Durée162 mn

Bande originale

Aag Lagi Tan Man Mein, Dil
Aai Ho Kheton Ki Rani Aai Ho
Aaj Mere Man Mein Sakhi Bansuri
Dil Ko Huaa Tumse Pyaar… Takara
Dil Mein Chupa Ke Pyaar Ka
Gaao Tarane Man Ke Ji Aasha
Khelo Rang Hamare Sang, Aaj
Maan Mera Ehsaan Aare Naadan
Mohabbat Chume Jinke Haanth
Sitamgar Aag Tere Dil Mein…
Tujhse Kho Diya Hamne Paane

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Marine - le 19 février 2013

Note :
(4/10)

Article lu 4017 fois

Galerie

Parmi les premiers films « bollywood » distribués en dvd dans l’hexagone, se trouve un coffret que l’on doit à Carlotta Films. Celui-ci réunit deux films de Mehboob Khan où joue Dilip Kumar : Andaz et Mangala, fille des Indes. Derrière ce dernier titre francisé se cache Aan, une sorte de péplum pour lequel le réalisateur aurait été félicité par Cecil B. DeMille — d’après ce qu’en dit la jaquette dudit coffret.
Si d’aventure, après la lecture de cette article, vous vous prenez l’envie d’acquérir le coffret afin de regarder ce film, sachez qu’il ne se trouve plus dans le commerce, mais seulement d’occasion et que c’est ainsi que votre chroniqueuse a mis la main dessus, par curiosité.

Un roi généreux, son frère ambitieux et sa soeur trop fière dans la tribune royale. Dans les gradins, le peuple : paysan en temps de paix et soldat en temps de guerre. La princesse met au défis la populace de dresser son cheval. Le héros y parvient et tombe amoureux d’elle puis lui fait une cour assidue. Seulement la princesse est un peu récalcitrante… S’en mêle également leur entourage : la jeune fille amoureuse du héros, le méchant prince, etc…

De quoi parle ce film ? De l’Inde. De ses valeurs. L’occident est adopté par les méchants tandis que les gentils se rattachent aux valeurs ancestrales qui garantissent la stabilité sociale du pays. Attention, qui dit valeurs ne dit pas forcément immobilisme. Ainsi, le roi souhaite donner sa pleine liberté à son peuple et lui permettre de devenir pleinement maître de son destin : malheureusement le destin est puissant et les protagonistes ne parviennent pas toujours à lui échapper.
Le dialogue des valeurs est incarné par les deux personnages féminins principaux. Mangala est la jeune fille indienne attachée à son honneur, brave, et en plus elle plait à la mère du héros. La princesse est orgueilleuse, indépendante et porte des pantalons. On pourrait se demander laquelle des deux va gagner ? Sauf que la réponse est bien plus vicieuse. En effet, la princesse va être amenée à changer. De la même manière que son cheval avait été dressé par le héros, elle va à son tour être dressée pour devenir ce qu’incarnait Mangala : une véritable fille des Indes.

Ce n’est certainement pas pour rien que les pays occidentaux où le film a été distribué se sont surtout intéressés aux deux personnages féminins. Le titre français reprend le nom du personnage féminin secondaire : Mangala, joué par Nimmi tandis qu’aux Etats-Unis, le film a pris le titre de The Savage Princess. Le personnage de Dilip Kumar est bien là (c’est le héros quand même), mais le message est ailleurs. On pourrait presque aller jusqu’à dire que chacune des héroïnes incarne une facette de l’Inde.

Soyons direct : Mangala est un film qui aujourd’hui peut allègrement porter le qualificatif de kitch. Le technicolor est agressif, les décors sont en carton-pâte. Mais remettons les choses en contexte : si mes renseignements sont fiables, Aan serait le premier film indien complètement tourné en technicolor, la production n’a pas lésiné sur la foule des figurants et d’ailleurs, le budget fut très important pour l’époque. Et argument de poid à ne surtout pas oublier : si Aan est kitch aujourd’hui, il vaut bien les films hollywoodiens de l’époque comme Sinbad le marin avec Anthony Quinn. En tout cas, Aan fut le grand succès de l’année 1952 et même sur l’ensemble de la décennie, il reste haut-placé dans le box-office.

Du côté des acteurs ? Le personnage de la princesse fait tout d’abord penser aux personnages interprétés par Maureen O’Hara dans des films de la décennie précédente comme Le cygne Noir : belle, fière, hautaine. Sauf que contrairement à l’actrice irlandaise, Nadira, dont c’est le premier grand rôle, a l’air d’une furie, pour ne pas dire d’une folle. Certe, Aan lui permet de devenir une grande actrice, elle jouera dans Shree 420 et Pakeezah, mais il ne lui fait pas honneur. Sa beauté ne se voit pas derrière ses yeux exorbités et son personnage fini par horripiler. Néanmoins Nadira joue une princesse Rajput qui porte des pantalons, manie la cravache (plutôt deux fois qu’une) et tiens têtes aux hommes de son entourage. Pas mal pour un CV féminin en 1952.

Seulement elle fait bien pâle figure face à Nimmi qui a joué à plusieurs reprises face à Dilip Kumar avec lequel elle a formé un couple populaire à l’écran. C’est cette popularité du couple qui a poussé le réalisateur à tourner la scène « du rêve de la princesse » car les distributeurs souhaitaient voir Nimmi plus longtemps à l’écran.
Cette scène du « rêve » est assez étrange, totalement onirique, elle fait cependant moins « cheveux sur la soupe » que celle du même genre que l’on voit dans Satyam Shivam Sundaram puisqu’elle s’insère au milieu d’un film qui, de toute façon, ressemble à une fabrique de carton-pâte. En effet, la quantité utilisée dans tout le film est vraiment impressionnante. Elle fait heureusement échos à quelques paysages naturels de toute beauté.

Quant à Dilip Kumar, on oublie l’acteur pour ne voir que le personnage. C’est le héros chevaleresque, drôle, droit dans ses bottes, mais certainement plus le « roi de la tragédie » qu’il était dans Devdas ou Andaz.

Finalement, Aan est un film incontournable de 1952 mais facilement évitable en 2013. A voir comme un plaisir coupable : une pâtisserie trop sucrée et alourdie de colorants chimiques dont notre régime se serait bien passé. Avec le risque de ne pas aller jusqu’au bout…


Bande-annonce

Commentaires
2 commentaires
En réponse à savoy1 - le 20/02/2013 à 21:51

Merci pour cette bouffée de souvenirs. En effet, Mangala fut un des premiers "bollywood" distribués en France en … vhs ! Et c’est bien avec ce film que j’ai découvert le genre, c’était à la fin des années 80. Sous-titré en français, ce titre était édité par Dounia, une boîte spécialisée dans les films arabes, et avait pu atterrir dans les bacs spécialisés, chez Virgin du moins, par la grâce de Scherzo.

Mais l’anecdote croustillante arrive … Comment avait-on entendu parler du film ? Dans un article sur les "couch potatoes", paru dans l’Echo des Savanes ! C’était alors l’époque où sont apparus les premiers bouffeurs de cassettes compulsifs. Les pages du magazine recensaient une liste de films plus ou moins cultes, plus ou moins ignorés, dont on pouvait désormais découvrir les images sur son écran de télé. Entre les films gore attendus et une vidéo fétichiste (!), trônait donc ce Mangala, incongruité de prime abord, sauf si l’on admet que l’amateur de cinoche bis et d’exploitation a toujours été ouvert à la découverte de nouveaux horizons. Aiguillonné, je ne pouvais que partir en quête de l’objet … Voilà.

A part cela, sans vouloir jouer les trouble-fêtes, si l’on veut vraiment établir un lien avec les classiques de l’aventure US d’alors, à propos de Sinbad, il vaudrait mieux citer Douglas Fairbanks jr. qui joue le rôle titre, plutôt que Quinn.

Merci.

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savoy1 le 20/02/2013 à 21:51

Merci pour cette bouffée de souvenirs. En effet, Mangala fut un des premiers "bollywood" distribués en France en … vhs ! Et c’est bien avec ce film que j’ai découvert le genre, c’était à la fin des années 80. Sous-titré en français, ce titre était édité par Dounia, une boîte spécialisée dans les films arabes, et avait pu atterrir dans les bacs spécialisés, chez Virgin du moins, par la grâce de Scherzo.

Mais l’anecdote croustillante arrive … Comment avait-on entendu parler du film ? Dans un article sur les "couch potatoes", paru dans l’Echo des Savanes ! C’était alors l’époque où sont apparus les premiers bouffeurs de cassettes compulsifs. Les pages du magazine recensaient une liste de films plus ou moins cultes, plus ou moins ignorés, dont on pouvait désormais découvrir les images sur son écran de télé. Entre les films gore attendus et une vidéo fétichiste (!), trônait donc ce Mangala, incongruité de prime abord, sauf si l’on admet que l’amateur de cinoche bis et d’exploitation a toujours été ouvert à la découverte de nouveaux horizons. Aiguillonné, je ne pouvais que partir en quête de l’objet … Voilà.

A part cela, sans vouloir jouer les trouble-fêtes, si l’on veut vraiment établir un lien avec les classiques de l’aventure US d’alors, à propos de Sinbad, il vaudrait mieux citer Douglas Fairbanks jr. qui joue le rôle titre, plutôt que Quinn.

Merci.

Marine le 21/02/2013 à 17:24

Oups pour Sinbad ! Mais j’avoue que l’acteur qui m’a fait la plus grosse impression dans le film, est une actrice : Maureen O’Hara, bien sûr. Enfin, j’aime bien Antony Quinn…

Sinon merci pour l’anecdote vhs. Voilà donc l’origine du film en France (je ne sais pas s’il est sorti sur grand écran à l’époque par contre…). Ainsi, tu as regardé Mangala en VHS ! Oua :D

En ce qui me concerne, je ne sais pas si j’aurai continué à regarder des bolly si j’avais commencé par Mangala…