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Opinions de nos rédacteurs sur Swades

Publié vendredi 10 juin 2005
Dernière modification dimanche 1er mars 2015
Article lu 722 fois

Par Angus, le rédacteur de l’ombre, Athama, Gandhi Tata, Ganesh, Maïdhili, Maya, Suraj 974

Dossier Swades et Ashutosh Gowariker
◀ Interview A. Gowariker : Swades et les indiens Part I

Des avis à chaud de la rédaction vous donneront peut-être l’envie d’aller voir ce film. Nous l’avions vu à l’avant-première en présence du réalisateur Ashutosh Gowariker. Ce dernier était resté dans la salle pour en apprécier son ambiance.

Une fois Swades vu, revenez ici en parler avec nous. Pour un article détaillé de Swades, lire celui de Dahlia ici.

Ashutosh Gowariker expose son point de vue « moralisateur » sur le fossé qui sépare encore l’Inde de l’Occident, en se servant du terrain villageois comme dans Lagaan. Pour cela, il suit le périple initiatique de Shah Rukh Khan dans le pays de ses ancêtres et sa découverte de soi. On est ou on n’est pas touché par le scénario assez convenu. Reste un film sympathique à la mise en scène impeccable, porté par des acteurs convaincants.

La note de Ganesh : 7/10

 

S’il reprend les thèmes forts de Lagaan (la vie du cœur de l’Inde : les campagnes, l’entraide, prendre en main son destin, briser les carcans sociaux et culturels…), Ashutosh Gowariker n’arrive pas à renouveler l’exploit de quasi-perfection de son précédent métrage, mais nous livre néanmoins un très bon film, rythmé, emporté, à l’humour fin et avec des chansons s’intégrant parfaitement à l’histoire (voyage, séance cinéma en plein air, spectacle…), ce qui devrait convaincre les plus réticents à Bollywood.
Mais, surtout, Swades fera inévitablement vibrer une corde sensible chez les Indiens expatriés, loin de leurs racines, mais plus généralement en chaque être humain, car qui ne s’est jamais demandé si la vie ne se résumait qu’à une simple accumulation de richesses matérielles… ou même comment donner un sens à sa vie… ?

Pour ceux qui auraient déjà vu le film, n’hésitez pas à retourner le voir. La magie du grand écran opérant, un second visionnage permet de saisir la dimension plus profonde du film, au-delà du spectacle…

La note d’Angus : 7/10

Swades est un long métrage atypique qui se démarque totalement de Lagaan. Reprenant la trame du patriotisme, cher à Ashutosh Gowariker, ce film est à la fois indépendant et engagé, à des années-lumière de ce qui se fait à Bollywood. Les amateurs de grand spectacle seront déçus, mais les férus d’un cinéma différent, proche de l’art et l’essai, y trouveront leur compte. Porté par les mélodies d’A.R. Rahman et la performance notable d’un Shah Rukh Khan sensible, Swades bénéficie également d’une photo magnifique de Mahesh Aney qui doit absolument s’apprécier sur grand écran. Enfin, le message adressé à la diaspora indienne est fort, la quête d’identité de Mohan est celle de chaque indien expatrié, assoiffé de culture indienne. C’est une oeuvre universelle emplie d’humanisme, prônant l’unité du peuple indien. Swades, une autre conception du patriotisme…. celle rêvée par Gandhi.

La note de Guandhi Tata : 7/10

Swades est un Lagaan bis transposé dans une époque contemporaine. Après tout ce temps, le problème de la différence entre peuplades en Inde et de la réunification de celles-ci s’avère plus que jamais d’actualité. Ashutosh Gowariker assène encore une leçon de morale en utilisant le cinéma, ce qui permet ainsi d’adoucir son propos. Le cadre Bollywood est certainement idéal pour faire réfléchir sans trop se prendre au sérieux. J’ai particulièrement apprécié une scène de dialogue entre les villageois et l’Indien « étranger ». Le débat institue de manière tacite un temps de parole pour chaque protagoniste, il n’y a aucun débordement. Est-ce là une déformation du cinéma ou bien existe-t-il des hommes capables d’écouter les autres avant d’exprimer leur opinion ? Un film frais, divertissant et intelligent, qui change des « Bollywood » habituels. Reste juste une grosse impression de déjà vu.

La note d’Athama : 7/10

Si Lagaan était un pur film masala, ici Gowariker s’attelle a quelque chose de complètement différent.
En suivant avec justesse et sensibilité le retour aux sources initiatique d’un Indien expatrié qui redécouvre son pays natal, Swades est un des films hindi les plus atypiques sortis récemment. Plus que cela, c’est un film qui, comme souvent dans les films indiens vraiment réussis, atteint à quelque chose d’universel. Tous les gens déracinés n’auront pas de mal à se reconnaître en un Shah Rukh Khan réellement différent, qui compose ici un vrai personnage - on est bien loin du larmoyant Devdas - rappelant que s’il est la plus grande star indienne actuelle, c’est aussi parce qu’il est un acteur talentueux.
Un film à découvrir, qui démontre que Bollywood peut faire autre chose que des histoires d’amour et sait aussi varier les genres avec réussite.

La note de Suraj : 7/10

Swades propose un point de vue original sur l’Inde, assez loin des standards de Bollywood : une évocation sans fard des problèmes de l’Inde rurale d’aujourd’hui, vue par un Indien vivant aux USA qui revient dans son pays natal (Swades) pour quelques semaines. On pourrait croire qu’il va fondre d’émotion, mais il va plutôt remettre ouvertement en cause ce qu’il voit et qui le choque… et, ce faisant, se remettre en cause lui-même. Un film à la fois grave et gai, qui brosse une série de portraits attachants, portés par des acteurs au jeu sobre.

 

Swades, un titre court pour un film long. Et oui, ce film dure plus de 3 h, mais on ne s’ennuie pas totalement quand on suit les périples de notre cher Shah Rukh Khan (avis aux amatrices - et amateurs s’il y en a). Le message du film est « condensé » à travers la vie d’un village perdu de l’Inde, mais qui suit les traditions - ce qui peut caractériser un esprit carré fondé sur la voie tracée et le destin inchangeable de chacun. Heureusement que « SRK » débarque des États-Unis - puisqu’il faut un exemple de l’Occident, autant prendre le plus « prestigieux », n’est-ce pas ? - pour retrouver sa nourrice, mais dans le but caché, aussi bien de lui-même, de fracasser les habitudes villageoises et régler les problèmes…

À noter, des chansons entraînantes qui ont stimulé plus d’un(e) dans la salle : ambiance chaude assurée !
Vive Ashutosh qui, soit dit en passant, est d’un abord relativement facile !

La note de Maïdhili : 7/10


FICHE TECHNIQUE :
Réalisateur, scénariste, producteur : Ashutosh Gowariker
Pays : Inde
Année : 2004
Interprètes : Shah Rukh Khan, Gayatri Joshi (Gita), Kishori Ballal (Kaveriamma), Dayashanker Pandey (Mela Ram), Rajesh Vivek (Nivaran), Makrand Deshpande (voyageur), Lekh Tandon (dadaji), Master Smit Sheth (Chikku)
Directeur de la photographie : Mahesh Aney
Monteur : Ballu Saluja
Parolier : Javek Aktar
Compositeur : A. R. Rahman
Durée : 210 min
Support : Sortie en salle à Montréal le 17 décembre 2004

Commentaires
1 commentaire
En réponse à noella - le 28/12/2010 à 14:58

Il est étonnant de lire vos "critiques" après avoir lu l’interview de A.Gowariker. J’ai découvert le cinéma de Boollywood essentiellement à travers la carrière de Shah Rukh Khan au départ sans préjugé car si j’aime le cinéma , au départ je ne suis pas particulièrement attirée par l’Inde et j’avais un vague souvenir de quelques films de S. Ray et de Salam Bombay, sans avoir eu le désir d’en voir plus.Si j’écris sans préjugés , c’est à dire ni positifs, ni négatifs, c’est que je n’avais ni attentes ,ni connaissances particulières.Quand on m’a prêté le premier film de boollywood, en lisant la jaquette, je me suis dit que j’aurais du mal à voir un tel film et ce fut un choc !Pour la première fois je voyais un cinéma qui présentait artistiquement autre chose , un monde à part entière dans une multitude incroyable : une multitude de personnages, une multitude d’émotions ; d’intrigues parfois ; sans parler du mélange de registres et d’expression artistique et tout cela au bout de trois heures faisait sens.Je n’ai trouvé qu’une critique d’un anglais à propos du théâtre indien qui rendait compte de cela ; il disait à peu près ceci : "au lieu de chercher à être réaliste, comme l’occident cherche depuis des siècles à le faire, ce "théâtre" en rendant compte de la multitude du sens permet l’expression du réel".Pour moi un bon film indien amène à cela .Bien sûr tous ne le font pas mais voilà ce que ce format peut donner.Avec ce plus de la temporalité qui elle seule peut permettre la multitude.La multitude de sujets m’a été fourni par la seule carrière de Shah Rukh Khan, même si je ne me suis pas arrêtée à celle-ci.Peut-être parce que je l’ai découverte sans discontinuité, j’ai pu constater la variété de son jeu mais aussi de ses choix dont Swades fait partie .J’avais trouvé Laagan astucieux, avec de belles scènes et j’ai trouvé Swades plus abouti .Ce film contient cette multitude et l’ensemble amène à ce réel d’un être face à ses questions donc à la problématique du sujet sans didactisme en fait et ceci grâce aux émotions .Le film pourrait s’arrêter à moitié et le personnage de Mohan repartir aussi étranger qu’au début parce sans "bouleversement" intérieur , comme cela est fréquent ; puis le "bouleversement" voulu par autrui existe comme il peut aussi se produire dans la vie.Nous traversons "nos paysages" de la même manière et rares sont les moments où nous nous laissons "bouleverser" , parce qu’ensuite nous sommes en proie autant au sentiment d’impuissance que de colère que le personnage.Agir reste difficile.C’est un film précieux par sa démarche , intelligent .

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noella le 28/12/2010 à 14:58

Il est étonnant de lire vos "critiques" après avoir lu l’interview de A.Gowariker. J’ai découvert le cinéma de Boollywood essentiellement à travers la carrière de Shah Rukh Khan au départ sans préjugé car si j’aime le cinéma , au départ je ne suis pas particulièrement attirée par l’Inde et j’avais un vague souvenir de quelques films de S. Ray et de Salam Bombay, sans avoir eu le désir d’en voir plus.Si j’écris sans préjugés , c’est à dire ni positifs, ni négatifs, c’est que je n’avais ni attentes ,ni connaissances particulières.Quand on m’a prêté le premier film de boollywood, en lisant la jaquette, je me suis dit que j’aurais du mal à voir un tel film et ce fut un choc !Pour la première fois je voyais un cinéma qui présentait artistiquement autre chose , un monde à part entière dans une multitude incroyable : une multitude de personnages, une multitude d’émotions ; d’intrigues parfois ; sans parler du mélange de registres et d’expression artistique et tout cela au bout de trois heures faisait sens.Je n’ai trouvé qu’une critique d’un anglais à propos du théâtre indien qui rendait compte de cela ; il disait à peu près ceci : "au lieu de chercher à être réaliste, comme l’occident cherche depuis des siècles à le faire, ce "théâtre" en rendant compte de la multitude du sens permet l’expression du réel".Pour moi un bon film indien amène à cela .Bien sûr tous ne le font pas mais voilà ce que ce format peut donner.Avec ce plus de la temporalité qui elle seule peut permettre la multitude.La multitude de sujets m’a été fourni par la seule carrière de Shah Rukh Khan, même si je ne me suis pas arrêtée à celle-ci.Peut-être parce que je l’ai découverte sans discontinuité, j’ai pu constater la variété de son jeu mais aussi de ses choix dont Swades fait partie .J’avais trouvé Laagan astucieux, avec de belles scènes et j’ai trouvé Swades plus abouti .Ce film contient cette multitude et l’ensemble amène à ce réel d’un être face à ses questions donc à la problématique du sujet sans didactisme en fait et ceci grâce aux émotions .Le film pourrait s’arrêter à moitié et le personnage de Mohan repartir aussi étranger qu’au début parce sans "bouleversement" intérieur , comme cela est fréquent ; puis le "bouleversement" voulu par autrui existe comme il peut aussi se produire dans la vie.Nous traversons "nos paysages" de la même manière et rares sont les moments où nous nous laissons "bouleverser" , parce qu’ensuite nous sommes en proie autant au sentiment d’impuissance que de colère que le personnage.Agir reste difficile.C’est un film précieux par sa démarche , intelligent .

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