Amar Akbar Anthony
Langue | Hindi |
Genres | Masala, Classique |
Dir. Photo | Peter Pereira |
Acteurs | Amitabh Bachchan, Shabana Azmi, Rishi Kapoor, Vinod Khanna, Pran, Parveen Babi, Neetu Singh |
Dir. Musical | Laxmikant-Pyarelal |
Paroliers | Majrooh Sultanpuri, Anand Bakshi |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Kishore Kumar, Mohammad Rafi, Mukesh, Amitabh Bachchan, Mahendra Kapoor, Shailender Singh |
Producteur | Manmohan Desai |
Durée | 179 mn |
A la suite de multiples mésaventures, trois jeunes frères sont séparés. Amar (Vinod Khanna) est élevé par un Hindou et devient inspecteur de police, Akbar (Rishi Kapoor) grandit chez un tailleur musulman, et Anthony (Amitabh Bachchan), éduqué par un prêtre chrétien, devient un petit truand. Leurs routes vont être appelées à se croiser de nouveau…
L’avis de Laurent :
Dès le pré-générique, le réalisateur Manmohan Desai donne le ton de ce houleux masala en mettant près d’une demi-heure pour présenter les événements qui ont mené à la séparation des trois frères… qui est seulement la situation initiale du film ! Car il va falloir beaucoup plus de temps encore pour raconter les multiples aventures qu’ils connaîtront avant leurs retrouvailles définitives, célèbrées par la loufoque chanson finale, où ils sont accoutrés comme si c’était le carnaval (Amitabh en curé !).
Il est impossible de résumer plus que ça le scénario, extrêmement touffu, mais il est bourré de coups de théâtre à répétition, de coïncidences et de hasards délirants qui laisseraient même le romanesque Claude Lelouch pantois. Si Amitabh et Vinod Khanna ont droit à de bonnes bagarres, Rishi Kapoor est plus en retrait, faisant office de faire-valoir comique des deux stars viriles. Mais Amitabh ne joue pas seulement le rôle classique d’angry young man qui l’a rendu célèbre, il a aussi son lot de scènes comiques extravagantes (et plus amusantes que celles du simple d’esprit Vijay qu’il interprétera dans Don l’année suivante), la plus drôle étant la chanson surréaliste « My Name Is Anthony Gonsalves », dans laquelle le Big B sort d’un œuf de Pâques géant avant d’exécuter une danse. Oui, ce film long et épuisant comporte plusieurs séquences incroyables de ce style, et pourtant il ne s’apprécie pas seulement au second degré pour deux raisons : naturellement grâce au charisme d’Amitabh, jamais ridicule quoi qu’il fasse, mais aussi aux nombreux rebondissements tragiques qui ponctuent l’action de manière brutale, ce qui, à défaut de donner vraiment du relief au film, en fait un divertissement total typiquement bollywoodien.
Film-culte en Inde, Amar Akbar Anthony n’est toutefois pas une oeuvre majeure d’Amitabh Bachchan au même titre que les puissants Sholay ou Deewaar, l’humour bon enfant ne compensant pas complètement quelques longueurs, mais on y retrouve les ingrédients d’un bon gros masala des années 1970.
La note de Laurent : 6/10
L’avis de Lafrarie :
Amar Akbar Anthony est un masala débordant d’énergie. Si l’intrigue de départ rappelle à s’y méprendre Yaadon Ki Baaraat (trois frères séparés durant l’enfance), la comparaison ne va pas plus loin, car AAA met au second plan les enjeux dramatiques et émotifs qui prédominaient dans le film de Nasir Hussain. Les moments tragiques sont ici bien présents, mais se laissent le plus souvent submerger par l’ambiance légère du film, dont la ligne directrice est la suivante : un maximum de fun et d’action. Le scénario et les situations rocambolesques à n’en plus finir peuvent laisser certains sceptiques, pourtant on se surprend à espérer puis à apprécier ces retrouvailles improbables, ces rebondissements à la chaîne et ces coïncidences aussi finement introduites qu’un mammouth dans une verrerie.
Les personnages interprétés par le trio star se complètent savamment. Amitabh Bachchan alterne encore une fois allure nonchalante et bastons vigoureuses, le tout saupoudré d’une décontraction funky dont lui seul a le secret. Vinod Khanna est l’ordre et la droiture incarnés, sans peur et sans reproche, alors que le benjamin Rishi Kapoor est un peu plus effacé que ses aînés mais tout en sensibilité, comme il le montre dans les passages musicaux. Tous trois arrivent à mettre leur potentiel comique au service du film en se fourrant dans des situations impossibles, affublés des accoutrements les plus grotesques comme dans la chanson-titre, clou de ce spectacle de « Grand-Guignol ». On regrettera en revanche le rôle anecdotique des personnages féminins, qui manquent de profondeur.
Amar Akbar Anthony est un mélange de genres énergique qui s’inscrit complètement dans son époque : une récréation totale, bouillonnante et cocasse, et donc un incontournable de l’âge d’or d’Amitabh.
La note de Lafrarie : 8/10
AAA, c’est surtout un subtil plaidoyer pour la tolérance religieuse. 3 frères issus d’une même mère, Bharati (l’Inde), sont séparés par les péripéties de la vie et endossent 3 religions différentes qu’ils représentent. Ils grandissent dans une atmosphère conflictuelle, s’affrontent parfois entre eux, mais finissent par découvrir que leur ennemi commun, la racine de leurs maux, est Robert (symbole de l’égoïsme, l’hypocrisie, la cupidité,… bref de tous les défauts humains). En ce sens, ce film d’il y a 30 ans peint, sur un ton humoristique, la situation actuelle dans le monde…