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Aradhana

Traduction : Dévotion

Bande originale

Roop Tera Mastana
Baghon Mein Bahar Hai
Chanda Hai Tu Mera Suraj Hai Tu
Mere Sapno Ki Rani
Gun Guna Rahe Hai Bhanvare
Kora Kagaz Tha Yeh Man Mera
Saphal Hogi Teri Aradhana

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La critique de Fantastikindia

Par Madhurifan - le 3 septembre 2009

Note :
(6/10)

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Vandana Tripathi (Sharmila Tagore), est la jeune fille indienne modèle, dévouée et vivant seule avec son père (Pahadi Sanyal). Elle tombe amoureuse d’Aran (Rajesh Khanna), un pilote de l’Air Force. L’amour étant ce qu’il est, les tourtereaux consomment avant l’heure du repas. Le résultat prévisible se produit et Vandana tombe enceinte du fougueux (ou vaillant, au choix) militaire. Hélas, celui-ci se tue dans un accident d’avion avant le mariage officiel (mais après une union au temple, ouf), en ayant quand même le temps de faire promettre à Vandana de faire de leur fils un pilote comme son papa.

Un malheur n’arrivant jamais seul, le gentil papounet de Vandana, son unique soutien, meurt à son tour. Après son accouchement, sur les conseils d’une infirmière, la jeune femme tente une manœuvre désespérée. Elle abandonne une nuit son enfant devant un orphelinat et revient le lendemain matin pour l’adopter en toute légalité et sans le déshonneur. Hélas, au moment où tout semble s’arranger pour elle, l’enfant est confié à un autre couple. Prête à tout pour voir son fils, elle convainc le mari, un brave homme, de la prendre comme nounou sans dire la vérité à sa femme, psychologiquement fragile.

Vandana voit ainsi pousser Suraj, son bambin, avec la tendresse d’une mère et en lui cachant la vérité. Un jour, le frère de la mère adoptive veut violer Vandana. Le jeune Suraj, pour la défendre, poignarde le sale bonhomme. Pour éviter la prison à son fils, Vandana s’accuse à sa place et part purger une peine de prison.

A sa sortie, 12 ans plus tard, le père adoptif de Suraj est mort, la mère adoptive et le fils adopté ont disparu. Ayant perdu tout espoir de revoir Suraj et ne sachant où aller, elle accepte de venir vivre chez son geôlier (en tout bien tout honneur naturellement) qui l’a prise en affection et qui part en retraite le jour où elle quitte la prison. Arrivée chez le frais retraité, elle fait la connaissance de sa fille, Renu (Farida Jalal), aussi gentille et bonne que son père et qui l’adopte sur-le-champ. Renu confie à Vandana qu’elle est amoureuse et veut lui présenter son amoureux : un pilote du nom de… Suraj.

Inutile d’en raconter plus. En me relisant, je me dis que, normalement, une petite larme devrait vous couler du coin de l’oeil à cet instant, d’autant plus que je ne vous dévoilerai pas la suite. Vous constaterez vous-même qu’il y a dans ce scénario tous les ingrédients du bon gros drame romantique à la sauce Bollywood (pas que Bollywood d’ailleurs… mais surtout Bollywood). D’ailleurs le scénariste, Sachin Bhowmick, a une bien belle carrière puisqu’il compte à ce jour pas loin d’une centaine de scénarios dont Yuvvraaj, Krrish, Kisna, Koi… Mil Gaya, Taal, Aa Ab Laut Chalen, Koyla… Bref, on a là un monsieur qui sait ce que signifie écrire des histoires pour le cinéma et qui l’a montré très tôt dans Aradhana.

Au commandes, Shakti Samanta, un réalisateur bengalais mort en mars 2009. Il a une quarantaine de films à son actif, dont le dernier est un Devdas en bengali (2002).

Aradhana est donc un film romantique. Il a même figuré dans la liste des 10 meilleurs Bollywood romantiques de tous les temps dressée par le site Indiatimes (au passage un classement qui a totalement disparu du web, curieux…). Il faut quand même bien reconnaître que si le matériel à faire fonctionner la glande lacrymale est bien présent, il a pris un petit coup de vieux. En effet, comme souvent, les films indiens des années 60-70 sont très typés à la fois sur le plan des costumes et sur celui de la façon de filmer, en partie à cause du format 4/3 majoritaire à cette époque. Sans parler des maquillages à la Nefertiti et des coiffures dignes du Casque Noir de Mel Brooks. Donc, ne vous attendez pas à pleurer dans les 5 premières minutes. Il faudra attendre un peu et vous habituer.

Le principal défaut d’Aradhana est justement qu’il faut attendre. Il faut attendre la moitié du film pour commencer à s’intéresser un peu aux aventures de la pauvre Vandana. Toute la première partie manque de rythme et semble ne mener nulle part. Le réalisateur essaie bien de nous montrer qu’il y a du drame dans l’air puisque le film s’ouvre sur le procès de Vandana. L’inconvénient de cette technique narrative c’est que le spectateur s’attend à ce que la réponse à l’ouverture soit à la fin du film, bouclant la boucle. Ici, ce n’est pas le cas puisque le procès prend place au milieu du film. Pour le coup, on ne voit pas très bien l’intérêt de cette ouverture qui n’apporte strictement rien à l’histoire.
Autre exemple de maladresse. Le jeune Suraj poignarde son oncle (il doit avoir une douzaine d’années à ce moment), fait envoyer en prison sa nounou qu’il adore et on le retrouve 12 ans plus tard, pas traumatisé pour un sou et gai comme un pinson.

D’ailleurs le film a eu beaucoup de difficultés pour se faire, en partie à cause de cela. D’un côté, aucun producteur ne voulait miser sur une histoire aussi tordue avec un inconnu jouant le double rôle principal, car à cette époque, Rajesh Khanna était presque un inconnu. De l’autre, aucune star n’avait envie de jouer les seconds rôles face à une Sharmila Tagore en pleine gloire.

Bref, au-delà du hasard qui est le ressort dramatique du film, le scénario n’est pas très cohérent.

Et pourtant…

Et pourtant, la seconde partie du film change de ton et de rythme. On retrouve le souffle des grands mélos bolly. Dès la sortie de prison, l’histoire devient bien plus émouvante. L’enchaînement rapide des rebondissements, le fait de retrouver les codes émotionnels qui fonctionnent à coup sûr, fait qu’on s’accroche et qu’on s’émeut de cette histoire tellement biscornue. Et on finit le film avec ce sentiment si caractéristique que procurent les mélos indiens modernes. S’il fallait donner une note émotionnelle, là où Veer Zaara obtiendrait ses 10 Kleenex, Aradhana, dans sa deuxième partie en gagnerait 8. Plutôt pas mal. Le film dégage beaucoup de charme après l’entracte.

Outre le scénario et la cadence bien plus rapides de la seconde partie, on doit aussi cela aux acteurs. Je sais que je vais faire de la peine, mais Sharmila Tagore, dans la première partie est plutôt mauvaise. Si j’osais, je dirais qu’elle joue comme un pied (mais je n’ose pas). On croirait voir Orane Demazis, l’égérie des films de Pagnol. Jeu exagéré et faux. Mimiques ridicules.. Dans la seconde partie, c’est la métamorphose. Comme le scénario lui a fait prendre quelques années, son jeu devient plus calme, plus intimiste, plus doux. Elle abandonne son côté pin-up pour le côté grand-mère. Et ça lui va beaucoup mieux.

Quant à Rajesh Khanna, dont c’est le premier film avec Sharmila Tagore mais qui en tournera une dizaine avec elle, on ne peut pas dire que sa performance soit mémorable. Il paraît même un peu fadasse en Arun. Là aussi, ça va un peu mieux dans le rôle de Suraj mais on est loin des déchaînements émotionnels procurés par notre Shahrukh (voire par Surya pour certains). Et pourtant c’est bien Aradhana qui va le propulser sur le devant de la scène Bollywood. Mais peut-être le fait qu’il soit lui-même réellement orphelin a-t-il joué sur l’inconscient des spectateurs de l’époque.

Dans la catégorie curiosités, il y a l’adorable Farida Jalal qui nous montre ici que, jeune et déjà délicatement enrobée, elle était très jolie. Et d’un naturel impressionnant. C’est à peu près la seule qui a un jeu moderne dans cette histoire. Farida, c’est un vrai bonheur, hier comme aujourd’hui.

Sur le plan musical, Aradhana nous offre 7 chansons dans la plus pure tradition des années 60-70. Quelques-unes sont particulièrement réussies : Chanda Hai Tu, une sorte de berceuse à la gloire de Suraj, en est un exemple. Mere Sapno Ki Rani, la chanson d’ouverture entêtante tournée dans les montagnes de Darjeeling - en tout cas pour les images de Rajesh Khanna car les plans avec Sharmila furent tournés en studio à Bombay - en est un autre. La voix de Kishore Kumar est un véritable régal. Les clips sont kitschs à souhait, avec des couleurs saturées et une nature colorée, et parfois décolorée car la pellicule a un peu souffert par moments. Cette bande musicale est remarquable et il est certain qu’elle a dû contribuer au succès du film.
Elle constitue un bel exemple de passerelle entre les mélodies traditionnelles et les modernes (de l’époque). Un genre de passerelle qu’on apprécie d’autant plus qu’il y en a peu d’exemples de nos jours.

Pour résumer, Aradhana mérite bien un classement dans les meilleurs films romantiques. Tous les ingrédients de ce type de film sont habilement cuisinés et dans de justes proportions afin de vous faire passer un bon moment. Mais un conseil : piquez un petit somme au moment de l’apéro et de l’entrée. Vous n’en apprécierez que mieux le plat de résistance, et surtout le dessert.

Note : 6 - A voir. Bon film. On ne s’ennuie pas… dans la seconde partie.
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