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Baby


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Beparwah
Main Tujhse Pyaar Nahin Karta
Beparwah (MBA Swag)
Main Tujhse Pyaar Nahin Karti

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 15 octobre 2015

Note :
(7/10)

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Feroz (Danny Denzongpa) a monté un groupe d’intervention spécial pour lutter contre les dangers directs et indirects qui menacent l’Inde. Cette équipe, initialement composée de 12 hommes, devait agir dans l’ombre, tuant les ennemis, neutralisant les attentats et désorganisant les terroristes. Cette opération secrète ne devait durer que cinq ans, c’est pourquoi il lui a été donné le nom de code « Baby ». Au bout de quatre ans, seuls quatre hommes, avec Ajay Singh Rajput (Akshay Kumar) à leur tête, sont encore opérationnels. Justement, il attend dans un mini-van en Turquie sous la garde de la police locale. L’agent Rakesh passe vraiment un très sale moment à seulement quelques dizaines de mètres de là.

Un coup de téléphone du siège de « Baby ». Rakesh a été localisé. Ajay peut intervenir. Il fausse compagnie à ses « alliés » turcs, s’introduit dans le local où est Rakesh est détenu. Il descend tout le monde. Seul Jamal, un traitre parvient à s’échapper. Ajay le rattrape, l’appréhende et le fait parler à grands coups de poings dans la figure. Ses amis préparaient un attentat dans un grand centre commercial de à New-Delhi. Les bombes seront désamorcées in-extremis et les criminels abattus. C’est un nouveau succès pour « Baby » mais un danger bien plus grand guette l’Inde. Feroz et ses hommes vont s’en charger…

Après un A Wednesday aux relents nauséabonds et Special Chabbis qui glorifiait des voleurs magnifiques, Neeraj Pandey nous offre avec Baby un thriller d’action débarrassé de toute prévention morale. Pour tous les personnages, la fin justifie les moyens. C’est une guerre qui n’a pas d’autre règle que d’éviter de se faire tuer. Ils massacrent, torturent, enlèvent qui bon leur semble pour atteindre leur but. La loi n’existe que pour leur mettre des bâtons dans les roues. Même l’humanité semble parfois un concept lointain. C’est ainsi qu’Ajay donne lui-même le coup de grâce au pauvre Rakesh. Il aurait peut-être pu le sauver, mais cela l’aurait retardé dans sa course à la poursuite de Jamal. Dans Baby on se dit que toutes les victimes sont collatérales.

Il faut un très grand Mal pour justifier un tel comportement de la part du Bien. Il est incarné par le terrorisme islamique. Globalement les musulmans indiens sont l’ennemi de l’intérieur. C’est à se demander s’ils sont bien indiens ces musulmans d’ailleurs. Le comité de censure pakistanais ne s’y est pas trompé en remarquant que tous les bandits portaient des noms musulmans. Le cinéma américain avait commencé après le 11 septembre. Le cinéma indien lui emboîte le pas après le 26 novembre. Pourtant, Black Friday, The Attacks of 26/11 ou plus récemment D-Day avaient su conserver une certaine retenue. Il faut croire que le temps n’efface pas les blessures, au contraire…

Le problème, si on peut ainsi le qualifier ainsi, est que Baby est particulièrement bien fait. Les méchants sont implacables et on se dit que les gentils doivent proposer une réponse adaptée. L’histoire est enlevée, sans temps-mort, de nature à laisser notre cerveau de côté. Elle n’est pourtant pas particulièrement originale. C’est plus exactement la juxtaposition de plusieurs histoires déjà vues : l’évasion d’un méchant, l’enquête en milieu hostile et l’opération sous couverture. On voit le début et on connait la fin. C’est un peu décousu, mais comme la réalisation est à la hauteur, c’est avec plaisir que l’on suit ces agents secrets.

Les interventions des policiers d’élite correspondent aux canons actuels. Ils tiennent leurs armes et se déplacent comme dans tous les films et séries occidentaux actuels. En revanche, les effets spéciaux sont médiocres, probablement faute de moyens. L’effort semble avoir été mis sur des combats. On les doit en particulier au français Cyril Raffaelli qui jouait un des deux rôles principaux de Banlieue 13. Les bagarres, assez nombreuses et parfois longuettes, sont au niveau de ce qu’on peut attendre d’un film aujourd’hui. Akshay Kumar qui n’est pourtant plus si jeune se sort à merveille de cet exercice périlleux. Même la charmante Tapsee Pannu est crédible dans sa surprenante chorégraphie d’action. Nous sommes à des années-lumière d’un Salman Khan balourd dans Kick par exemple.

On avait pu faire le reproche à Special Chabbis d’avoir plaqué une historiette d’amour incongrue sur une histoire où elle n’avait pas sa place. Neeraj Pandey qui est encore ici l’auteur du scénario a retenu la leçon. Son nouveau film ne laisse aucune place aux sentiments. Tout juste entre-aperçoit-on l’épouse d’Ajay qui donne un soupçon d’épaisseur au personnage de l’agent secret. Baby est un film d’homme pour les hommes. Ça tombe bien, le public indien est essentiellement masculin. Il lui a fait une fête en faisant le premier grand succès commercial de l’année 2015.

Une femme occupe pourtant un des premiers rôles, Priya incarnée par la jeune Tapsee Pannu. Mais pas question de lui conter fleurette, c’est un soldat de « Baby ». Les deux autres agents survivants du groupe initial sont joués par l’inoxydable Anupam Kher et le géant Rana Daggubati qui a conservé la présence physique impressionnante qu’on avait pu remarquer dans Department. Les quatre personnages qui constituent avec Feroz l’ossature du film n’ont pas de passé, pas d’histoire propre, pas de plaie mal refermée. Il est donc difficile de s’identifier à eux. On finit cependant par s’y attacher à les suivre affronter les monstres. On tremble pour eux lorsqu’ils sont sur le point d’être découverts, mais on les oublierait certainement très vite s’ils venaient à échouer dans leur mission.

Dans la seconde partie du film, Neeraj Pandey a reconstitué son couple vedette de Special Chabbis. Akshay Kumar est le chef au regard impénétrable, Anupam Kher son adjoint un peu pleutre. Toujours aussi bien dirigé, le duo fonctionne parfaitement. Il en va de même pour Rana Daggubati et Tapsee Pannu qui savent être présents sans presqu’aucun texte à dire. Danny Denzongpa est un patron crédible, bien plus intéressant qu’en bandit sadique dans Bang Bang !. La surprise vient des musulmans. Rasheed Naz, un acteur pakistanais, est criant de vérité dans le rôle du mollah fou. Il faut le voir sur des photos, souriant sans sa barbe pour réaliser qu’il n’est pas le monstre que le film nous montre. Mikaal Zulfikar, un autre acteur pakistanais, propose une très belle présence qu’on aimerait revoir au cinéma.

Le reste de la distribution, composée en particulier de Kay Kay Menon, Sushant Singh et de Hasan Noman est impeccable. La direction d’acteurs est toujours de premier ordre et la réalisation est nettement plus nerveuse que dans Special Chabbis. On ne s’ennuie donc pas une seconde. En contrepartie, il n’y a plus de place pour les parties dansées. Baby ne contient donc que deux chansons oubliables dont l’item-number réglementaire dansé par la ravissante Esha Gupta. Mais comme il n’avait pas sa place dans le film, Beparwah a été astucieusement relégué dans le générique de fin. La vraie musique du film est celle de Sanjoy Chowdhury qui accompagne l’action. Un peu moins puissante que dans Special Chabbis, elle n’en reste pas moins fascinante.

Baby est film d’action moderne qui se conforme à ce que l’on voit sur nos écrans occidentaux. Il surfe sur une vague nationaliste hindoue qui est le pendant exact de nombre de films américains actuels. Les méchants musulmans sont une menace que des agents secrets d’élite sont chargés de neutraliser. On ne sait rien de leurs motivations maléfiques. Les gentils sont là pour nous protéger sans qu’on sache plus ce qui les amène à risquer leurs vies. Qu’importe, cela va vite et nous sommes emportés dans le tourbillon. Baby n’est qu’un film après-tout…

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