]]>

Billu


Bande originale

Marjaani
Love Mera Hit Hit
You Get Me Rocking & Reeling
Ae Aa O
Jaaun Kahan
Billu Bhayankar
Khudaya Khair

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Maya - le 17 mars 2009

Note :
(7/10)

Article lu 4267 fois

Galerie

Billu est coiffeur à Budbuda, un village où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Un jour, Sahir Khan, superstar, arrive pour y tourner un film. Les enfants de Billu sont tout fiers d’annoncer que leur père est un ami de Sahir Khan. Le village est en émoi, et la petite vie de Billu est bien chahutée par tous ceux qui comptent sur lui pour s’approcher de la star. Mais Billu ne semble pas pressé de se faire (re)connaître…

Le film de Priyadarshan, produit par Shah Rukh Khan, avec la star dans le rôle de la star, Irrfan Khan dans le rôle-titre et Lara Dutta en épouse dévouée, part d’une bonne idée : filmer l’autre côté des barrières. Lorsqu’un tournage de film indien a lieu (y compris à Paris), des dizaines voire des centaines de personnes s’agglutinent derrière les barrières et peuvent rester là des heures, simplement à regarder le tournage, tout en essayant d’attirer l’attention des stars. On peut comprendre que cela ait pu inspirer des cinéastes : s’intéresser à ces foules, aux petites gens, aux anonymes qui rêvent de s’approcher du héros, qui déjouent les dispositifs de sécurité, qui même parfois se mettent en danger.

Billu le coiffeur ne fait pas partie de ces foules, il ne va pas regarder le tournage, il continue à travailler, indifférent à l’effervescence de ses voisins et de sa famille : pour lui Sahir Khan n’est pas un héros, puisque c’est son ancien copain d’école. Mais c’était il y a longtemps, il pense que Sahir l’a oublié. Et pourtant, il va devoir faire comme les autres, chercher à prendre contact, poussé par ses enfants, son épouse, ses voisins, le propriétaire terrien - usurier local, la directrice d’école… Pauvre Billu !

Le film montre bien aussi la pression de la foule vue du côté de Sahir Khan, qui essaie de se montrer gentil, se débrouille comme il peut avec tous ces importuns mais reste concentré sur son tournage. L’équipe de tournage d’un côté, le village de l’autre, deux planètes qui se frôlent sans jamais se rencontrer vraiment.

Etait-ce suffisant pour en faire un film de 2 h15 ?
Visiblement, il manque quelque chose. Peut-être justement une vraie rencontre entre ces deux planètes, une histoire parallèle et plus humaine qui aurait permis de mieux rentrer dans ces deux univers qu’on ne fait que survoler. Il manque à Billu ce que Priyadarshan avait réussi à merveille avec Virasat : ces petites choses du quotidien, ces « petits riens » à peine esquissés, qui nous attachent aux personnages et à leur histoire. Ici Priyadarshan semble beaucoup plus s’amuser à filmer le tournage que le village (3 ou 4 plans, toujours les mêmes) et ses habitants sont le plus souvent caricaturaux.

C’est encore Lara Dutta qui s’en sort le mieux, avec un personnage charmant, à la fois épouse traditionnelle dévouée à sa famille, villageoise toute fière de dire à ses voisines que son mari connaît une célébrité, et groupie qui n’ose pas trop le montrer. Irrfan Khan arbore la même expression du début à la fin, genre « je porte la misère du monde sur mes épaules et il ne s’en rend même pas compte ». Shah Rukh Khan interprète plutôt sobrement un acteur très professionnel, qui subit la starisation en faisant face à ses responsabilités, isolé de son public par une armée de gardes du corps. Pas le moindre caprice, pas le moindre comportement de diva, on est presque déçu. Je préférais la version satirique de Om Shanti Om.

Côté musique, Pritam fait le grand écart : deux appâts médiatiques font appel à trois des partenaires du Shah, Kareena, Priyanka, Deepika : Love mera hit hit, Marjaani sont des produits de grande consommation pour discothèque, des mélodies entraînantes mais bientôt entêtantes, avec une mise en scène déconnectée de la tonalité du film, très « regardez-moi je suis la staaaaar ». Aae Aa O est totalement occidentale, dans un clip où SRK joue les rock-stars, avec pour meilleur atout un montage d’images de ses films. Billoo Bhayankar, Jahoon Kaha et Khuda Khair sont plus douces, renouent avec la ballade / complainte villageoise. Ma préférée est Khuda Khair, une jolie ballade qui met en scène un rêve de Bindiya (Lara Dutta).

Ce film un mois après sa sortie en Inde n’est pas un hit et ce n’est guère étonnant : les stars font rêver, si les foules se pressent au bord des tournages, c’est pour capter une bribe de ce rêve. Or, ce film ne fait pas du tout rêver, on ressent surtout la frustration des uns, l’indifférence des autres, tout ça est presque agaçant. Même si le film est plutôt bien construit, même si certaines scènes et dialogues valent le détour, on ressort atteint à son tour par la frustration et l’indifférence.

Billu est un remake du film malayalam Kadha Parayumbol et du film tamoul Kuselan avec Rajnikanth. Ce dernier n’a pas eu non plus de bons résultats au box-office.

Pour la petite histoire, le film devait s’appeler Billu Barber mais les coiffeurs ont protesté, craignant pour leur image. Une semaine avant la sortie du film, Shah Rukh Khan a aimablement souscrit à leur requête, et a même organisé une première rien que pour eux, pour leur montrer qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Marketing ?

Commentaires
7 commentaires