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Bollywood en chansons : 2000-2004

Publié jeudi 14 décembre 2017
Dernière modification lundi 11 septembre 2017
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Par Mel

Dossier Bollywood en chansons
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Kaho Naa… Pyaar Hai


Année : 2000
Réalisation : Rakesh Roshan
Avec : Hrithik Roshan, Amisha Patel, Dalip Tahil et Anupam Kher
Box Office : n°1 , Blockbuster

Le film : En écrivant, produisant et réalisant Kaho Naa… Pyaar Hai (« Dis-moi… que tu es amoureuse »), Rakesh Roshan a mis tout en œuvre pour lancer son fils Hrithik dans le grand bain de Bollywood. Comme il est d’usage dans ce genre de film, il lui a associé une nouvelle venue, Amisha Patel, et lui a consacré l’essentiel des plans pour le mettre constamment en valeur. Il faut reconnaître que le jeune homme a fait des efforts en se sculptant un corps de rêve pour sa première apparition en tant qu’adulte. Depuis Raja Sandow dans les années 1920 on avait plus revu à l’écran un authentique culturiste faire le joli cœur (les autres musclés comme John Cawas, Azad ou Dara Singh n’étaient pas vraiment du genre énamourés).

Hrithik Roshan joue même un double-rôle pour sa première apparition à l’écran. Il commence comme Rohit, un gentil vendeur de voiture employé du fourbe Malik (Dalip Dahil), qui se retrouve par hasard à devoir offrir son cadeau d’anniversaire à la gentille Sonia (Amisha Patel), la file du richissime Mr. Saxena (Anupam Kher). Sonia éprouve des sentiments pour Rohit et l’invite à une croisière. De fil en aiguille, ils se retrouvent échoués sur une île déserte, et ce qui devait arriver arriva : paff l’amour !
Mr. Saxena finit par arriver à leur secours mais désapprouve vivement le béguin de sa fille. Il exige de Rohit qu’il devienne quelqu’un pour penser à sa Sonia adorée. Et donc Rohit qui se pique de musique, devient un chanteur célèbre. Mais alors que tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, Rohit est témoin du meurtre d’un policier par Malik, son ancien patron. L’ignoble individu poursuit le témoin gênant et réussi à la coincer sur l’autoroute. Rohit meurt noyé dans un accident de moto.
Sonia est désespérée. Son père l’envoie se changer les idées en Nouvelle-Zélande, mais là, dans un discothèque, elle croit reconnaître Rohit. Il s’agit en réalité de Raj Chopra, un NRI (Non Resident Indian) qui partage avec le trépassé une confondante ressemblance…

Kaho Naa… Pyaar Hai est un divertissement enlevé et sans prétention où les protagonistes raffolent d’hinglish, ajoutant fréquemment des expression anglaises au milieu de l’hindi. Alors qu’auparavant l’anglais était souvent au cinéma une marque snobisme, il devient avec ce film un signe de reconnaissance de la jeunesse de la classe moyenne à qui le film est destiné. Bollywood en usera et abusera par la suite comme dans la série des Dhoom par exemple.

La chanson : Ek Pal Ka Jeena de Rajesh Roshan et Vijay Akela
Sonia est partie s’aérer chez son oncle en Nouvelle-Zélande après que Rohit ait trouvé la mort. Sa cousine cherche à lui remonter le moral et l’emmène en discothèque. Sur la route, elle déjà croit l’apercevoir. Puis en entrant dans la boite de nuit, elle n’en revient pas : le danseur ressemble comme deux gouttes d’eau à Rohit. Comment est-ce possible ?

Farah Khan a obtenu le Filmfare Award de la meilleure chorégraphie pour cette party song mise en scène comme un item-number. Son acteur vedette danse réellement, ce qui est assez nouveau à Bollywood où les hommes sont en général plutôt statiques. Mieux, elle le met en valeur comme on le fait habituellement des femmes. Elle insiste par exemple sur sa musculature impressionnante qui joue sous un haut semi-transparent mouillé par une improbable averse indoor.

Ek Pal Ka Jeena chantée par Lucky Ali et dansée par Hrithik Roshan


Kabhi Khushi Kabhie Gham…


Année : 2001
Réalisation : Karan Johar
Avec : Amitabh Bachchan, Shah Rukh Khan, Kajol, Hrithik Roshan, Kareena Kapoor et Jaya Bachchan
Box Office : n°2 , Super Hit

Le film : Après l’immense succès de Kuch Kuch Hota Hai en 1998, Karan Johar réitère l’exploit en 2001 avec Kabhi Khushi Kabhie Gham… (« Parfois heureux, parfois triste… »). Ce multi-starrer très ambitieux utilise toutes les tendances de l’époque : la propreté immaculée de Hum Aapke Hain Koun… !, la délocalisation en Europe comme dans Dilwale Dulhania Le Jayenge, la richesse extravagante de Hum Dil De Chuke Sanam et même un soupçon d’hinglish comme dans Kaho Naa… Pyaar Hai. Il réunit encore une fois Shah Rukh Khan-Kajol, le couple vedette le plus en vue du moment, et leur adjoint un autre couple encore plus émouvant car ils étaient mariés à la ville depuis près de 30 ans, Amitabh Bachchan et sa femme Jaya Bhaduri. Il n’oublie pas de donner leur chance à de nouveaux venus : Hrithik Roshan le musclé au regard d’acier, et Kareena Kapoor qui fait là ses débuts mais qui est très bien née étant la dernière du clan Kapoor.

L’histoire est simple : le magna Yash Raichand (Amitabh Bachchan) a prévu de marier son fils aîné Rahul (Shah Rukh Khan) à Naina (Rani Mukherjee), la fille d’un ami. Mais le jeune homme s’éprend de la modeste Anjali (Kajol) et lorsque le père de la jeune femme meurt, il l’épouse. Yash Raichand furieux chasse son fils qui part s’installer avec sa femme en Angleterre. Vingt ans plus tard, Rohan (Hrithik Roshan), le second fils de Yash et Nandini (Jaya Bachchan) Raichand comprend pourquoi son frère les a quitté. Avec l’aide de Pooja (Kareena Kapoor) a sœur d’Anjali, il va tout faire pour réunir sa famille.

Kabhi Khushi Kabhie Gham… est le film de tous les excès. Les Raichand habitent dans un château anglais localisé dans la région de New Delhi (les extérieurs sont tournés au Waddesdon Manor qui a été construit par la famille Rotschild), Rahul rentre à la « maison » en hélicoptère, Rohan va à la fac en Ferrari etc. Les chorégraphies sont extravagantes. Les acteurs sur-jouent beaucoup, en particulier Kajol et Kareena Kapoor qui assurent les passages comiques. Certains surnoms sont « bizarres » comme Pooja qu’on appelle « Poo » (caca en anglais) et Rohan petit qu’on appelle « Fatty » (gros lard en anglais). Même sa durée est exceptionnelle : 3h30. Mais étrangement, le spectateur n’est pas déconnecté de ces personnages qui peuplent un univers si éloigné des réalités. Tout le talent de Karan Johar consiste à évoquer de façon juste et émouvante la relation difficile au pater familias tout en nous plongeant dans un monde de rêve incroyable.

La chanson : Say Shava Shava de Aadesh Shrivastava et Sameer
Le richissime père de Rahul, Yash Raichand, et le modeste père d’Anjali, Bauji Sharma (Alok Nath) célèbrent leur anniversaire le même jour. Le premier est le maître de cérémonies d’une réception grandiose organisée dans son gigantesque palais tandis que le second participe aux festivités en contrebas dans les rues de Chandni Chowk.
Après les toasts d’usage et à la surprise de tous les invités, Yash Raichand se lance dans un bhangra endiablé en l’honneur de Naina (Rani Mukherjee) dont il espère faire sa bru. Dans le même temps, cette chanson est dansée de manière beaucoup plus traditionnelle à Chandni Chowk. Anjali commence la fête avec son père avant de se précipiter pour apporter un cadeau à Yash.

Le titre de cette chanson est difficilement traduisible. En anglais, ce pourrait-être Say "Yeah Yeah" mais c’est un peu faible ; en français, Dites Hourra ! mais c’est en revanche un peu trop fort. Les sous-titres de Titra-Film présentés dans la chanson ci-dessous ne tranchent pas et laissent la version hindi sans traduction. Ils rendent également assez mal l’allusion finale à Aati Kya Khandala tirée de Ghulam dans lequel Rani Mukherjee a fait ses débuts dans le cinéma hindi trois ans auparavant.

Say Shava Shava chantée par Alka Yagnik, Udit Narayan, Sunidhi Chauhan, Sudesh Bhosle, Aadesh Shrivastav et Amitabh Bachchan


Devdas


Année : 2002
Réalisation : Sanjay Leela Bhansali
Avec : Shah Rukh Khan, Aishwarya Rai, Madhuri Dixit, et Jackie Shroff
Box Office : n°1 , Hit

Le film : Sanjay Leela Bhansali réalise en 2002 la troisième adaptation à Bollywood de la nouvelle de Sharat Chandra Chattopadhyay. Contrairement à P.C. Barua et Bimal Roy avant lui, il s’est éloigné du texte de l’auteur bengali pour tenter d’en faire une œuvre romantique. Son Devdas (Shah Rukh Khan) est ainsi un être torturé qui se révolte jusqu’au suicide alors que dans l’histoire originelle c’est un homme faible qui se laisse mourir par dégoût de lui-même. Mais sa plus grande innovation réside dans une mise en images époustouflante. Jamais encore on avait vu au cinéma une telle débauche de couleurs, de dorures, de miroirs et de bijoux. Chaque plan est une véritable merveille qui constitue un écrin où évoluent des personnages fabuleux.

Parvati (Aishwarya Rai) est suprêmement belle. Chandramukhi (Madhuri Dixit) danse comme une déesse et même Chunilal (Jackie Shroff) a une allure fantastique. Ils transcendent une histoire simple : la famille de Devdas s’oppose à son mariage avec Parvati qui lui était promise depuis l’enfance. Presque en représailles de cet affront, la famille de cette dernière parvient à la marier à un riche veuf. De dépit, Devdas rejette les siens, sombre dans l’alcool et fréquente les courtisanes sous l’influence de son ami Chunilal. L’une d’entre-elles, Chandramukhi, tombe amoureuse de cet homme qui se noie. Mais rien n’y fait, Deva ne pense qu’à sa Paro ; jusqu’à la mort…

Malheureusement, emporté par son désir de produire des images extraordinaires, Sanjay Leela Bhansali va par exemple jusqu’à inventer une rencontre impossible entre Parvati (Aishwarya Rai) et Chandramukhi (Madhuri Dixit). Il oublie également de nous montrer que Parvati redonne la joie et la paix dans la famille de son époux. On peut comprendre son intention mais elle joue au détriment de l’émotion. En définitive, Devdas présente des fulgurances visuelles inoubliables, mais il peut aussi laisser le spectateur sur le bord de la route.

La chanson : Maar Daala de Ismail Darbar et Nusrat Badr avec Prakash Kapadia
Chandramukhi a promis de ne plus danser jusqu’à ce que Devdas revienne la voir. Il se présente enfin dans le kotha

Saroj Khan a obtenu un National Award pour la chorégraphie de cette chanson où Madhuri Dixit porte un costume de plus de 15 kg. En revanche, Kavita Krishnamurthy n’a pas décroché de prix pour Maar Daala. Elle a reçu son quatrième Filmfare Award pour un autre morceau de Devdas : Dola Re Dola.

Maar Daala chantée par Kavita Krishnamurthy pour Madhuri Dixit


Kal Ho Naa Ho


Année : 2003
Réalisation : Nikhil Advani
Avec : Shah Rukh Khan, Preity Zinta, Saif Ali Khan et Jaya Bachchan
Box Office : n°2 , Hit

Le film : Nikhil Advani était assistant de Karan Johar sur Kuch Kuch Hota Hai. Il prend son envol avec Kal Ho Naa Ho (« Demain sera ou ne sera pas ») écrit et produit par le même Karan Johar. Le film s’inscrit complètement dans la tendance de l’époque en mettant en scène des NRI (Non Resident Indians) dans un New-York immaculé. Il va même plus loin en utilisant des effets visuels inédits dans le cinéma indien tels que des écrans partagés ou des arrêts sur image. Mais l’occidentalisation apparente n’est qu’un leurre ; les auteurs nous racontent en réalité une histoire authentiquement indienne.

Jenny (Jaya Bachchan), sa fille Naina (Preity Zinta) et sa belle-mère Lajjo (Sushma Seth ) se déchirent depuis que le mari de Jenny s’est suicidé. Comme si cela ne suffisait pas, l’argent vient à manquer. Rohit (Saif Ali Khan) est le meilleur ami de Naina mais il aimerait clairement être plus que cela. Elle, toute à sa révolte, ne le regarde pas. Un jour, vers Noël, Aman (Shah Rukh Khan) vient s’installer dans la maison adjacente. Petit à petit, le mystérieux voisin s’immisce dans cette famille dysfonctionnelle…

Contrairement au cinéma de l’époque, le film est centré sur un groupe de femmes emmenées par une Jaya Bachchan impressionnante. Les hommes sont en retrait. Ainsi Rohit n’est qu’un faire-valoir tandis qu’Aman n’est qu’un catalyseur de luxe. Et même s’il se termine par un drame et un mariage, Kal Ho Naa Ho ne nous montre pas comme c’est si fréquent le triomphe de l’amour et des amoureux. Il s’agit simplement de retrouver la joie de vivre dans la gentillesse. L’amitié et les valeurs familiales simples sont mises en valeur, renouant avec une tradition très ancienne à Bollywood.

Le public et la critique ont fait une fête à ce film. Il a ainsi reçu 9 Filmfare Award en 2004.

La chanson : Maahi Ve de Shankar-Ehsaan-Loy et Javed Akhtar
Une grande fête est organisée dans le manoir des parents de Rohit à l’occasion de ses fiançailles avec Naina. Aman lance une chanson aux accents pendjabi en son l’honneur.

Malgré les sonorités occidentales, la mise en images de Maahi Ve s’inscrit dans la tendance caractéristique du tournant des années 2000. Comme dans Bole Chudiyan de Kabhi Khushi Kabhie Gham… par exemple, les costumes comme les décors sont splendides. La famille (très) élargie est réunie dans une immense demeure familiale pour une chanson entraînante qui contient un passage plus lent où s’exprime l’amour filial. Cerise sur le gâteau, les auteurs nous font le plaisir d’inclure les courtes apparitions de Rani Mukherjee et de Kajol.

Maahi Ve chantée par Udit Narayan, Sonu Nigam, Sadhana Sargam, Shankar et Madhushree


Dhoom


Année : 2004
Réalisation : Sanjay Gadhvi
Avec : John Abraham, Abhishek Bachchan, Uday Chopra et Esha Deol
Box Office : n°4 , Hit

Le film : Dhoom (un grand bruit, un peu comme « Boom ! ») s’inscrit dans un genre un peu nouveau à Bollywood. Comme Kaho Naa… Pyaar Hai, c’est un divertissement destiné à la jeunesse qui fait la part belle à l’hinglish, mais il n’est pas question d’amour ni de mariage, on joue uniquement au gendarme et aux voleurs. Il est fortement inspiré des films d’actions occidentaux de l’époque en cherchant à en mettre « plein la vue » usant, et même certainement abusant, des effets spéciaux en vogue dans les années 1990 comme les câbles effacés numériquement. Mais à la différence des films de l’Ouest, Dhoom ne présente aucun suspens et bien peu de tension. On n’imagine ainsi pas une seconde que le bandit va échapper aux rigueurs de la loi. Ce grand succès commercial de 2004 ne raconte en fait simplement que la poursuite d’un voleur audacieux par un policier tenace sur une trame rectiligne déjà souvent vue sous nos contrées.

Jai (Abhishek Bachchan) est un inspecteur sans peur ni beaucoup de reproches. Il s’associe avec un motard au grand cœur aussi filou que dragueur nommé Ali (Uday Chopra) pour partir chasser un gang de voleurs à moto emmenés par Kabir (John Abraham). En chemin, ils font la connaissance de la belle Sheena (Esha Deol) qui est en réalité un membre du groupe de malfaiteurs.

Les personnages sont stéréotypés à souhait. Uday Chopra trouve une nouvelle jeunesse dans la peau du comique de service. Abhishek Bachchan incarne le flic taiseux ultra-déterminé à attraper le monte-en-l’air aussi musclé que désinvolte interprété par John Abraham. Et comme le public attendu est essentiellement masculin, des femmes qui présentent bien sont indispensables, surtout si elles ne servent pas à grand-chose. Ce non-rôle est principalement dévolu à Esha Deol, la fille de Dharmendra et d’Hema Malini qui n’a malheureusement ni la plastique de son père, ni l’œil qui frise de sa mère. On pourra aussi remarquer Rimi Sen qui joue l’épouse de Jai. Car ici, on ne transgresse pas de règle. Le héros est marié et son acolyte ne rêve que de convoler pour fonder une famille.

Malgré les bagarres improbables sur des semi-remorques roulant à vive allure, les danses de groupes où tout le monde s’y met, les poursuites invraisemblables à 300 km/h sur des grosses motos d’une marque qui a visiblement investi dans le film ou les cascades si mal filmées qu’on ne se rend pas compte que c’est « du vrai », Dhoom se laisse voir sans déplaisir ce qui est peut-être finalement son unique objectif. Les spectateurs ont suivi les intentions des producteurs ce qui a permis une première à Bollywood : une série de film avec des personnages récurrents.

La chanson : Dhoom Machale de Pritam et Sameer
Dhoom Machale est la signature song de la série des Dhoom. On la retrouve ainsi réorchestrée dans chacun des trois films. Mais son « auteur », Pritam est un coquin, le plus grand peut-être de l’industrie musicale indienne. le thème central reconnaissable entre tous est en fait inspiré du refrain d’une autre chanson, Enta ma oltesh leih du chanteur égyptien Amr Diab, publiée l’année précédent la sortie du film.

Par ailleurs, la mise en image de cet item-number présente une particularité, unique peut-être à Bollywood : elle contient quelques images subliminales. Elles ne semblent pas avoir été remarquées jusqu’à ce jour, peut-être parce que leur justification est mystérieuse. Saurez-vous voir quand Esha Deol tire la langue ?

Dhoom Machale chantée par Sunidhi Chauhan pour Esha Deol

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