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Bollywood en chansons : 2005-2009

Publié jeudi 21 décembre 2017
Dernière modification lundi 11 septembre 2017
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Par Mel

Dossier Bollywood en chansons
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Salaam Namaste


Année : 2005
Réalisation : Siddharth Anand
Avec : Saif Ali Khan, Preity Zinta, Arshad Warsi et Tania Zaetta
Box Office : n°6, Semi Hit

Le film : Pour sa première incursion derrière la caméra, Siddharth Anand qui avait écrit préalablement le scénario de Hum Tum, écrit et réalise avec Salaam Namaste une comédie romantique qui pousse le bouchon de Bollywood légèrement plus loin dans l’accumulation des éléments de modernité. L’histoire se déroule entièrement à l’étranger comme Kal Ho Naa Ho, les dialogues sont truffés d’hinglish comme dans Kaho Naa… Pyaar Hai ; mieux même, certains passages sont entièrement en anglais par la grâce de Tania Zaetta qui est australienne et ne parle pas un mot d’hindi. Le film donne à voir plus de bisous que Qayamat Se Qayamat Tak, mais en plus il y a une scène de lit que justifie l’histoire.

Tout ça n’est pas grand chose à coté de la transgression majeure du film : les deux héros s’aiment, habitent ensemble et font même des enfants sans être passés devant le prêtre. Les parents des deux amants ne sont pas montrés et à aucun moment la religion n’est évoquée. On croirait presque un film occidental qui parle en général hindi. D’ailleurs, il puise probablement une partie de son inspiration dans un film français : Neuf Mois écrit, joué et réalisé par Patrick Braoudé.

Le thème central est le même transposé à Melbourne dans la communauté NRI (Non Resident Indians). Nikhil Arora (Saif Ali Khan) qui insiste pour qu’on l’appelle Nick, est un jeune chef à succès. Ambar (Preity Zinta), que tout le monde appelle Amby est une animatrice de radio. Ils se ratent à l’occasion d’une interview puis se rencontrent pendant un mariage. Bref, ils décident d’emménager ensemble et la nature étant ce qu’elle est, Ambar tombe enceinte. Nick qui a toujours dit qu’il détestait les enfants est terrifié à l’idée de ce qui va arriver. Ambar qui n’est guère plus rassurée de devenir mère essaye d’empêcher Nick de prendre ses jambes à son cou…

Le succès du film est dû en grande partie à Preity Zinta qui pétille à souhait. Malheureusement, il s’agit de sa dernière réussite commerciale en tête d’affiche. Elle était apparue dans un rôle secondaire en 1998 dans Dil Se… ; elle quitte le cœur des spectateurs en 2006 après avoir participé au multi-starer qu’est Kabhi Alvida Naa Kehna. Toutes ses tentatives suivantes pour retrouver les faveurs du public se sont avérées décevantes.

La chanson : Salaam Namaste de Vishal-Shekhar et Jaideep Sahni
Nick et Amby sont tous deux présents à un mariage sur une plage des environs de Melbourne. Il est le traiteur, elle est une des demoiselles d’honneur. Ils se sont déjà invectivés à la radio, mais ils ne se sont encore jamais vu. En attendant les étincelles à venir, toute l’assemblée danse une chanson les pieds dans l’eau.

Cette chanson conçue pour promouvoir le film est le prototype des party-songs actuelles. L’idée est de montrer un peu de peau lascive sur un rythme entraînant. Le message d’ouverture claque d’ailleurs comme un ordre : « Retirez tous vos vêtements ! »

Salaam Namaste chantée par Kunal Ganjawala et Vasundhara Das


Dhoom : 2


Année : 2006
Réalisation : Sanjay Gadhvi
Avec : Hrithik Roshan, Abhishek Bachchan, Aishwarya Rai, Uday Chopra et Bipasha Basu
Box Office : n°1, Blockbuster

Le film : « Citius, Altius, Fortius », telle pourrait être la devise de Dhoom : 2. Le jeu de cache-cache entre gendarme et voleurs est toujours aussi linéaire et convenu, mais tout est plus grand dans ce deuxième opus de la série des Dhoom. Alors que le premier se contentait de nous emmener à Goa, le second se délocalise à Rio dont les interminables plages de sable immaculé regorgent d’accortes Vénus qui prennent le soleil comme nulle-part ailleurs. Le bandit, incarné par Hrithik Roshan ne cesse de nous faire profiter de son corps de rêve et comme si cela ne nous suffisait pas, les auteurs ont eu la bonne idée de lui adjoindre Aishwarya Rai, l’ancienne Miss Monde 1994 qui a conservé toute sa grâce à 33 ans. Une seule fille ravissante aurait eu un goût de peu, alors Bipasha Basu vient compléter la distribution dans un double-rôle purement décoratif.

Les policiers Jai (Abhishek Bachchan) et Ali (Uday Chopra) (si-si, celui qui n’était qu’un petit escroc et accessoirement un indic est devenu policier !) sont toujours là pour essayer d’attraper les voleurs qui tentent à chaque fois à des tours plus audacieux. C’est souvent invraisemblable et les effets spéciaux ne sont pas parfaits mais on en prend quand même « plein les yeux », ce qui est l’objectif de ce divertissement spectaculaire. L’inspiration occidentale est encore une fois très présente au point qu’on ne peut s’empêcher de penser à James Bond dans certains passages comme le pré-générique.

La bonne humeur et le grand spectacle sont de mise dans les chansons tournées elles-aussi avec enthousiasme, ce qui fait de Dhoom : 2 un authentique Bollywood du milieu des années 2000. On pourra cependant noter une originalité dans le dénouement du film qui l‘éloigne de ce qu’on a l’habitude de voir dans le cinéma indien en général si strict avec la morale…

La chanson : Dil Laga Na de Pritam et Sameer
Toute la petite bande se retrouve à une fête au Brésil. Jai le policier et Aryan le voleur, se rencontrent pour la première fois pour une petite conversation entre chat et souris. À la fin, avant d’aller danser, Jai lance une pièce (dans une référence directe à Sholay) pour laisser le sort décider qui sera le meilleur des deux…

Dil Laga Na chantée par Sukhbir, Soham Chakraborty, Jolly Mukherjee, Mahalakshmi Iyer et Suzanne D’Mello


Om Shanti Om


Année : 2007
Réalisation : Farah Khan
Avec : Shah Rukh Khan, Deepika Padukone, Arjun Rampal et Kiron Kher
Box Office : n°1, Blockbuster

Le film : Même si on comptait déjà des réalisatrices à Bombay au temps du muet, elles ont toujours été très peu nombreuses à tenter l’aventure derrière la caméra, et ce n’est que dans l’époque récente que deux d’entre-elles ont réussi à remplir les salles de cinéma : Zoya Akthar et sa cousine Farah Khan. Cette dernière, chorégraphe renommée, avait déjà obtenu un grand succès commercial avec Main Hoon Na en 2004. Mais c’est peu de choses à côté d’Om Shanti Om, son chef d’œuvre.

Ce film très drôle raconte à la fois un tournage dramatique et une histoire de réincarnation touchante. Animé par l’amour inconditionnel de sa réalisatrice pour le cinéma de Bombay, il emporte le spectateur dans une mise en abîme tourbillonnante où l’on trouve toujours quelque-chose même après l’avoir vu plusieurs fois. Les références à Bollywood sont innombrables en commençant par une parodie du plan d’ouverture des films de Mehboob Production mis en place en 1943 suivi par une évocation du fameux cavalier du studio Ranjit qui remonte à la fin des années 1920. Mais les clins d’œil ne sont pas tous si anciens. La formidable scène de remise des récompenses par exemple se moque délicieusement de la série des Dhoom dont le second volet était sorti seulement quelques mois avant Om Shanti Om. De surcroît, plus d’une cinquantaine d’acteurs célèbres font une apparition amicale souvent auto-parodique, un record.

Film de femme, Om Shanti Om présente la particularité remarquable de mettre formidablement en valeur sa vedette masculine, Shah Rukh Khan. Il se plie avec jubilation à tous les désirs de sa réalisatrice dans une inversion des codes qui laisse parfois pantois comme dans Dard-E-Disco, un item-number taillé sur-mesure. L’héroïne est une nouvelle venue, Deepika Padukone, qui crève l’écran comme rarement même si elle est doublée. De façon surprenante, elle n’est pas l’objet des attentions insistantes du héros qui à la fin, ne dépose qu’un baiser paternel sur son front. Sans qu’on s’en rende compte, les relations homme-femme sont très largement modernisées au point qu’on pourrait considérer que le film s’éloigne de la norme alors en vigueur à Bollywood.

La chanson : Dastaan-E-Om Shanti Om de Vishal-Shekhar et Javed Akhtar
Om Kapoor dit O.K. (Shah Rukh Khan) a réussi à enrôler Mukesh Mehra (Arjun Rampal) comme producteur dans le projet de finir Om Shanti Om, un film interrompu 30 ans plus tôt par l’incendie des studios et la mort de Shantipriya (Deepika Padukone) l’actrice principale. Sous le prétexte de lui présenter la chanson titre du film, O.K. vise à lui faire avouer qu’il a assassiné Shantipriya et déclenché le sinistre. Il a pour cela engagé Sandy (Deepika Padukone), un sosie de Shantipriya, qui doit lui faire croire qu’elle est revenue hanter les lieux. Dans le même temps, il interprète une chanson dont les paroles décrivent explicitement le drame.

Dastaan-E-Om Shanti Om est chorégraphiée par Geeta Kapoor, l’éternelle assistante de Farah Khan. On ne peut cependant pas s’empêcher de penser qu’elles se sont mises à deux pour réaliser cette chanson formidable qui raconte en fait intégralement la première partie du film.

Dastaan-e-Om Shanti Om chantée par Shaan pour Shah Rukh Khan


Rab Ne Bana Di Jodi


Année : 2008
Réalisation : Aditya Chopra
Avec : Shah Rukh Khan, Anushka Sharma et Vinay Pathak
Box Office : n°2, Blockbuster

Le film : Aditya Chopra se fait rare derrière la caméra, mais chacune de ses incursions est un événement comme ce fut le cas avec Rab Ne Bana Di Jodi (« Le couple a été formé par Dieu »), une comédie romantique un peu particulière sortie en 2008. Ici, pas de triangle amoureux, pas de circonstance dramatique qui empêche les tourtereaux de convoler, pas non plus de méchant qui vient s’immiscer dans leur histoire.

Taani (Anushka Sharma) allait se marier et son père avait invité Surinder (Shah Rukh Khan), son élève préféré, à la noce comme de nombreux autres invités mais un tragique accident tue le marié, laissant la jeune femme célibataire et désespérée. À l’annonce de cette nouvelle, le père de Taani fait une attaque et sur son lit de mort, le vieux professeur fait promettre à sa fille ainsi qu’à Surinder de se marier. Les deux jeunes ne sont pas enthousiastes, mais ils choisissent d’obéir sagement à la supplique paternelle. Ils forment un couple très particulier construit au départ sur le devoir plutôt que l’amour. Pourtant, Surinder tombe amoureux de sa femme sans oser le lui dire. Il la traite avec les plus grands égards mais elle est bien décidée à rester à l’écart dans la grande maison, même mariée. Il tente tout ce qu’il peut pour la dérider, mais il est aussi terne que coincé et rien n’y fait.

Taani fini par être gagnée par l’ennui jusqu’au jour où elle tombe sur l’annonce d’un concours de danse organisé dans leur ville d’Amritsar et s’inscrit. Surinder, sur les conseils de son vieil ami Bobby (Vinay Pathak) décide également de participer. Il se présente grimé sous les traits de Raj, un jeune homme haut en couleurs qui chevauche une grosse moto là où Surinder n’a jamais conduit que des scooters. Avec ce nouveau look, il espère ainsi secrètement séduire son épouse…

Les personnages de ce film épatant sont tous aussi attachants les uns que les autres. Certes, la crédibilité de l’histoire n’est pas son point fort mais ce n’est pas une nouveauté à Bollywood, les histoires de mariage arrangé non plus. Aditya Chopra glisse cependant sur la difficulté en montrant qu’après tout, les gens changent et l’espoir est permis. Le traitement est certainement superficiel, mais quel plaisir à voir !

La chanson : Phir Milenge Chalte Chalte de Salim-Sulaiman et Jaideep Sahni
Surinder a emmené Taani au cinéma voir une romance ennuyeuse. Elle s’endort et rêve d’une chanson qui montre les couples emblématiques de Bollywood…

Phir Milenge Chalte Chalte est un hommage au cinéma de Bollywood des années 1950 aux années 1980 où Shah Rukh Khan incarne successivement Raj Kapoor, Dev Anand, Shammi Kapoor, Rajesh Khanna et enfin Rishi Kapoor. Il est accompagné de Kajol, Bipasha Basu, Lara Dutta, Preity Zinta puis Rani Mukherjee qui représentent respectivement Nargis, Sadhana, Helen, Sharmila Tagore et Neetu Singh. Les paroles, les chorégraphies et même les décors sont tirées de chansons célèbres qui rappellent aux spectateurs des pans entiers de l’histoire du cinéma de Bombay.

Pour la petite histoire, le mouvement des mains de Kajol dans la première séquence fait référence à la seconde partie de Tere Bina dans Awaara. La chorégraphie de cette chanson a été créée par Simkie, de son vrai nom Simone Barbier, une jeune parisienne qui avait tout quitté pour suivre Uday Shankar et sa troupe à la fin des années 1920. Simkie a été sa partenaire principale dans toutes ses tournées internationales et elle était également présente à la création du centre d’Almora au côté d’autres artistes tels que Guru Dutt. En 1939, Uday Shankar propose le mariage à Amala Nandy et Simkie quitte Almora, sans que l’on sache vraiment si les deux événements sont liés. Elle donne alors des cours, fait quelques chorégraphies pour le cinéma, dont celles d’Awaara, travaille un temps pour All India Radio, puis épouse un monsieur Ganguly et finalement émigre avec lui en Angleterre. On a plus entendu parler d’elle…

Phir Milenge Chalte Chalte chantée par Sonu Nigam pour Shah Rukh Khan


3 Idiots


Année : 2009
Réalisation : Rajkumar Hirani
Avec : Aamir Khan, Madhavan, Sharman Joshi, Kareena Kapoor, Omi Vaidya et Boman Irani
Box Office : n°1, All Time Blockbuster

Le film : Les films de Bollywood destinés au plus large public sont souvent légers et déconnectés des réalités des spectateurs indiens. Tel n’est pas le cas de 3 Idiots qui a battu tous les records de fréquentation lors de sa sortie à noël 2009. Certes c’est un masala, c’est à dire qu’il mélange plusieurs genres dont la comédie et le mélodrame, mais il s’attaque à un problème sérieux : celui de l’éducation supérieure en Inde (et même plus généralement en Asie) fondée sur une compétition extrême qui pousse de nombreux étudiants au suicide. Sans être véritablement engagé, il s’agit d’un véritable film « social » tel que Bollywood en produit de temps en temps, en marge du très grand nombre qui visent à démontrer le triomphe inéluctable de l’amour.

Raconté sous la forme d’un long flashback, 3 Idiots est l’histoire de Rancho (Aamir Khan) et de ses deux amis Farhan (Madhavan) et Raju (Sharman Joshi). Ces « trois idiots » sont élèves-ingénieurs de l’Imperial College of Engineering. Rancho est un génie, libre, ouvert, curieux de tout tandis que Farhan et Raju sont des étudiants médiocres qui n’ont intégré le collège que pour répondre aux attentes pressantes de leurs familles. Elles se sont sacrifiées pour envoyer leur rejeton faire des études prestigieuses dans l’espoir qu’un diplôme de haut niveau fasse fonctionner l’ascenseur social.

Rancho, en butte aux moqueries de Silencer (Omi Vaidya), le fayot de service, et de la méfiance du directeur de l’institution (Boman Irani), mène la petite bande pendant les quatre années du cursus universitaire et lui ouvre les yeux sur le véritable objectif des études et en définitive de la vie. En chemin, il rencontre Pia (Kareena Kapoor), la fille du directeur, elle-même coincée par une perspective d’un mariage arrangé par son père que tout le monde surnomme Virus.

Avec 3 Idiots, Rajkumar Hirani réalise la passe de trois : ses trois films ont été d’énormes succès populaires qui ont probablement contribué à la fortune de son producteur Vidhu Vinod Chopra. Son film a été refait quasiment à l’identique en tamoul par S. Shankar sous le titre Nanban en 2012, puis adapté en espagnol par le réalisateur mexicain Carlos Bolado sous le titre 3 idiotas. Ce dernier est sorti en salles en mars 2017 sans obtenir pourtant les mêmes faveurs du public que les deux versions indiennes qui ont su, fait rare, conquérir la Chine et la Corée.

La chanson : Aal Izz Well de Shantanu Moitra et Swanand Kirkire
Rancho a expliqué à Farhan et Raju que le futur ne devait pas les inquiéter et qu’au besoin, répéter le mantra Aal izz well (« Tout va bien » avec un fort accent indien) aide à surmonter l’angoisse. Le film illustre cette maxime qu’on croirait tirée de la méthode Coué par une chanson qui montre Rancho en train de mettre au point le quadricopter que Joy a abandonné lorsque le directeur lui a expliqué qu’il serait recalé cette année.

Aal Izz Well chantée par Sonu Nigam, Shaan et Swanand Kirkire


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