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Gori Tere Pyaar Mein !

Traduction : Au coeur de ton amour, belle au teint clair

Bande originale

Chingam Chabake
Dhât Teri Ki
Naina
Dil Duffer
Moto Ghotalo
Dhât Teri Ki (remix)
Chingam Chabake (remix)
Tere Pyaar Mein Gori
Tooh

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 6 mai 2014

Note :
(6/10)

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Sous-titré Only Love Can Bridge the Gap… (Seul l’amour peut faire le lien, littéralement « combler l’abîme »), le second film réalisé par Punit Malhotra et produit par Karan Johar est sorti sur les écrans indiens, le 22 novembre 2013. Il nous entraîne dans une comédie romantique classique. On devine déjà qu’il y aura de la romance, des désaccords, des retrouvailles, etc. L’amour triomphera-t-il ? Qui sait ? Même dans le monde enchanté de Bollywood, nous ne sommes pas aujourd’hui à l’abri de surprises.

Le héros Sriram (Imran Khan) est un jeune homme gâté, superficiel, satisfait de lui-même, inconséquent et dragueur, dont la seule préoccupation semble être de ne pas s’engager et de fuir comme la peste la moindre responsabilité. Une vraie tête à claque. Tout juste rentré des Etats-Unis où il a étudié l’architecture, il fait le désespoir de ses parents qui envisagent comme dernier recours, devinez quoi ?, de le marier bien sûr ! Menacé de se voir couper les vivres et d’être chassé du domicile familial, Sriram finit par se résigner assez cyniquement à une union avec Vasudha (Shraddha Kapoor), pour la seule raison que sa beauté ne le laisse pas indifférent. Celle-ci, très réticente, lui avoue qu’elle est amoureuse de Kamal, jeune travailleur social pendjabi désargenté, dont ses parents ont voulu l’éloigner. En retour, lors d’une soirée où il l’a invitée au restaurant, Sriram commence à lui raconter son histoire d’amour avec Dia (Kareena Kapoor Khan), engagée comme Kamal dans le social…

La première moitié de l’intrigue est assez habilement construite à partir de flashbacks. Sriram va progressivement se rendre compte, au fur et à mesure de sa narration et grâce à Vasudha, de ses vrais sentiments envers Dia et des profondes raisons de leur séparation. La seconde, bâtie plus linéairement, débouche sur sa tentative de retrouver sa dulcinée, de réparer les dégâts puis de renouer avec elle. Le premier engagement de Sriram pour reconquérir Dia va lui ouvrir les yeux sur certaines réalités et le pousser, lui aussi, à venir en aide à des villageois isolés… en bâtissant un pont.

La partie plus « sérieuse » du film se déroule au Gujarat, dans une localité fictive nommée Jhumli, et les prises de vue ont réellement été tournées dans cette région de l’Ouest de l’Inde, dans la ville de Bhuj. Les habitants de Jhumli où Dia s’est installée ne peuvent même pas accéder à des soins médicaux corrects parce que seule une passerelle instable les relie à la ville voisine. Le chef du district, incarné par un Anupam Kher en grande forme, méchant crédible, détourne les taxes à son profit plutôt que de bâtir le fameux pont dont le bourg aurait besoin pour être désenclavé. Le jeune architecte va devoir montrer ce qu’il sait faire pour changer les choses… et se changer lui-même.

Ne vous y trompez pas, rien de bien profond dans la psychologie des personnages. On reste dans la légèreté et la surface. Nous sommes bien dans une romance édulcorée. L’activisme de Dia et la métamorphose de Sriram ne sont qu’un prétexte à un scénario moyennement original. Et si le film effleure des thèmes sérieux, il ne se veut jamais pesant et reste dans l’écume des choses. C’est d’ailleurs là que le bât blesse. On peut reprocher au scénariste comme au réalisateur (c’est le même) de ne pas avoir mieux creusé certaines situations : le choc de départ entre deux idéologies et deux modes de vie radicalement opposés par exemple, ceux de Sriram et de Dia, les abus des politiciens locaux, la condition de certaines communautés rurales isolées, et bien d’autres encore.

Le jeu des acteurs se ressent de ce manque d’audace dans la mise en scène. Ils ne sont pas mauvais et font dans l’ensemble ce qu’ils peuvent. On l’a dit, Anupam Kher dans un rôle secondaire ingrat est même très bon, la plupart du temps. Son revirement final reste toutefois peu crédible, mais le comédien n’y est pour rien. On regrette que les autres acteurs secondaires soient inégaux, car des seconds couteaux de qualité et bien employés permettent de tirer un film très moyen vers le haut. Imran Khan et Kareena Kapoor s’en tirent inégalement et on ne sent pas de réelle complicité entre eux. Ils ont pourtant déjà joué ensemble dans une autre comédie Ek Main Aur Ekk Tu. Ici on a du mal à croire à leur amour. C’est dommage. Kareena a montré dans de récents rôles qu’elle peut être bouleversante (on pense à Talaash) ou amusante dans un emploi plus léger (3 Idiots). Était-ce parce qu’elle y était opposée à Aamir Khan qui a une tout autre stature que son neveu Imran et une présence à l’écran qui fait encore défaut à ce dernier ? On souhaite à celui-ci plus de conviction dans ses prochains rôles. Sa transformation d’écervelé complet en défenseur des pauvres, déjà difficilement crédible, n’emporte pas l’adhésion, car on ne perçoit à aucun moment le déclic chez son personnage.

Ces défauts sont peut-être une conséquence indirecte des retards pris dans le tournage et des incertitudes qui en ont découlé. La sortie de Gori Tere Pyaar Mein ! initialement prévue pour 2011 a en effet été repoussée à cause de défections successives des principaux acteurs. C’est Sonam Kapoor qui devait d’abord donner la réplique à Imran Khan. Mais Imran mécontent du script a renoncé. Shahid Kapoor pressenti pour le remplacer s’est retiré ensuite pour les mêmes raisons. Sonam Kapoor a elle aussi renoncé dans la foulée. Puis, Inram a rejoint de nouveau la distribution et Kareena a signé en dernier pour le rôle de Dia. D’autres rôles secondaires ont également fait l’objet de remplacements de dernière minute. Ce n’est qu’en février 2013 que les premières prises de vue ont pu être réalisées à Bangalore.

Reste la musique. Qu’en dire ? C’est le duo Vishal Shekhar qui l’a composée, gage de succès. Ils étaient déjà aux manettes pour le premier film de Malhotra, I Hate Luv Storys, en 2010, et on leur doit surtout celle de Chennai Express, de Kahaani et de Student of the Year. Neuf morceaux tout à fait plaisants rythment le film et sont bien répartis au montage, ce qui contribue grandement au plaisir que l’on y prend malgré ses nombreuses faiblesses. Deux chansons sont particulièrement réussies et s’intègrent parfaitement à la narration, Naina, le morceau romantique attendu, et la plus comique Moto Gothalo qui se moque du jeune urbain totalement dépassé par la vie quotidienne d’un petit village gujarati. Une mention spéciale à Chingam Chabake, où le duo de tête fonctionne enfin à plein régime.

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Chingam Chabake

En conclusion, Gori Tere Pyaar Mein ! est une œuvrette sans grande saveur, mais pas déshonorante pour son auteur, et que l’on regarde jusqu’au bout sans déplaisir, malgré un scénario et une direction d’acteurs paresseux. Le film a constitué un des plus grands échecs du box-office en 2013. Comme quoi des noms très médiatisés au générique ne suffisent plus à déplacer les foules lorsque la qualité laisse à désirer.

La bande-annonce

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