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Krazzy 4


Bande originale

Break Free
Dekhta hai Tu Kya
Ik Rupaya
Krazzy 4
O Re Lakad

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 9 juillet 2008

Note :
(5/10)

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Raja (Arshad Warsi), Gangadhar (Rajpal Yadav), Daboo (Suresh Menon) et Mukherjee (Irrfan Khan) sont quatre pensionnaires d’un hôpital psychiatrique. Ils sont sous la surveillance de la doctoresse Sonali Saniyal (Juhi Chawla). Convaincue qu’ils ont fait des progrès comportementaux, elle décide de les emmener voir un match de cricket le jour de l’Indépendance. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…

Cela faisait longtemps que Rakesh Roshan n’avait pas produit de film, si l’on excepte bien sûr ses propres réalisations. Connu pour ses films avec Shah Rukh Khan (Karan Arjun, Koyla), il a obtenu ses plus grands succès avec ceux où il dirige son fils Hrithik qui, s’il crève invariablement l’écran, a dû attendre le film de super-héros Krrish pour faire un film en famille (le compositeur Rajesh Roshan, le frère de Rakesh, est aussi toujours de la partie) de réelle qualité. On n’était donc pas vraiment pressé au printemps 2008 de voir cette production, puisque l’expérimenté Roshan Senior a laissé le soin de la réalisation à un débutant, se contentant d’imposer comme d’habitude un titre commençant par la lettre « K », ainsi que les membres de sa famille déjà évoqués. Krazzy 4 était annoncé par son producteur comme une comédie sur quatre malades mentaux farfelus, dont plusieurs sont effectivement interprétés par des seconds couteaux comiques. Et heureusement, ils tombent rarement dans le cabotinage qu’on retrouve habituellement chez les réalisateurs « spécialistes » de la comédie bollywoodienne. Rajpal Yadav, pour une fois, est moins agaçant qu’attachant en doux illuminé qui croit encore vivre à l’époque de Gandhi. Arshad Warsi est égal à lui-même, toujours décontracté, sauf lors de ses brefs accès de colère intempestifs, qui donnent lieu à des bagarres de série Z indignes des films de Bud Spencer ; il surjoue moins que dans les Munnabhai, bien qu’il tienne dans ces derniers son rôle de référence pour ses répliques et les situations comiques. Irrfan Khan, acteur de films auteurisants, est de loin le plus fin dans son rôle de docteur maniaco-compulsif élégant et pince-sans-rire qui veut à tout prix être « le capitaine de l’équipe ». Quant à l’autiste incarné par Suresh Menon, il est plus en retrait. Mentionnons également Juhi Chawla, qui interprète le docteur qui les soigne, plus belle que jamais lorsqu’elle exprime sa foi en ses petits protégés. Un scénario-bateau n’est pas forcément un obstacle à la réussite d’une petite comédie sans prétention. Le seul problème, c’est que le film veut tellement éviter les gags lourdingues qu’il en oublie tout simplement d’être vraiment drôle, ou en tout cas de l’être souvent. Pour tenir deux petites heures, le scénariste ne résiste pas toujours à la tentation du remplissage tenant plus de la tranche de vie d’acteurs paresseux que de la comédie (dans une séquence qui dure peut-être 10 minutes, les quatre personnages restent par exemple assis dans une voiture arrêtée et écoutent le cricket à la radio). Il a aussi greffé des sous-intrigues inutiles, romantico-moralisatrice (la romance d’Arshad Warsi avec la superbe Diya Mirza) ou attachante (Irfan Khan qui retrouve sa fille) qui dispersent pendant un bon moment le fameux quatuor du titre, qu’on aurait préféré réuni d’un bout à l’autre du film pour une comédie menée tambour battant où ils seraient vraiment complémentaires, un peu comme la sympathique comédie Dhamaal fin 2007, avec Warsi, mais aussi des personnalités comme Javed Jaffrey et Sanjay Dutt, dont la présence à l’écran était une petite valeur ajoutée. Krazzy 4 est également moins drôle que Partner de David Dhawan, grand succès de l’été 2007 et prototype de la comédie crétine, mais qui comportait un duo de stars, ce qui créait en quelque sorte un certain enjeu de départ. Ici, au contraire, les véritables stars ne se trouvent pas parmi les rôles principaux, assez ternes dans l’ensemble, mais dans des item numbers : après un morceau mettant en scène la belle Rakhee Sawant, Shah Rukh Khan et Hrithik Roshan apparaissent ainsi chacun à l’écran le temps d’une chanson, tous deux dansant au rythme de la chanson-titre, ou en tout cas de deux versions différentes de cette dernière. Il est clair que, pour cette production réalisée par un inconnu, les superstars sont plus susceptibles de ne venir que pour de simples apparitions, dans des clips qui semblent concentrer une grande partie du budget du film (bien que les deux acteurs n’aient peut-être pas été payés : si Hrithik est le fils du producteur, Shah Rukh accorde ce caméo dans cette production Roshan en échange de l’apparition des Roshan père et fils dans Om Shanti Om, sa propre production fin 2007). Sur une musique efficace du bon faiseur Rajesh Roshan, les prestations de ces deux bons danseurs sont agrémentées de décors flashy. Le clip avec Shah Rukh est agréable, bien que très classique, avec les costumes qui semblent changer presque aussi vite que les couplets. Quant au morceau avec Hrithik, il est plus expérimental, et l’acteur a encore plus de classe que son collègue. On regrette seulement la relative lenteur de la chanson-titre, qui empêche ce virtuose de nous proposer une chorégraphie vraiment exceptionnelle. Au final, Krazzy 4 est un film regardable mais très moyen, qui se veut une comédie mais, pour esquiver toute prise de risques dans ce genre casse-gueule, bifurque vite vers le masala mal rythmé, mêlant à l’humour bagarres, mélodrame, aventures et monologues emphatiques. On ne s’ennuie pas trop, moins grâce au quatuor de seconds rôles potables qu’aux magnifiques actrices qui tiennent les seconds rôles et aux agréables chansons de Rajesh Roshan, notamment celles mettant en scène les deux méga-stars. Comédie plus légère que la moyenne et pourtant pas très drôle, ce film bâtard et sans grande ambition ne dépasse pas le statut de petit plaisir coupable pour les inconditionnels de ses acteurs. Krazzy 4 ne restera dans la petite histoire de Bollywood que pour sa fiche technique (ci-dessous, elle est certainement plus importante que la présente chronique), qui nous rappellera, de manière tout à fait anecdotique, que c’est peut-être le premier film de l’industrie à comporter trois item numbers.

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