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Le cinéma indien à la 15e édition du Festival international de Pyongyang

Publié lundi 3 octobre 2016
Dernière modification dimanche 2 octobre 2016
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Par Fabrizio

Rubrique News
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Quand il ne décapite pas son état-major sur un coup de tête, ou nourrit ses canidés avec de la chair humaine non homologuée, ou transforme son pays en un vaste parc d’attractions (à la dernière mode des goulags), Kim Jong-un enfile son meilleur costard col Mao et officie comme maître de cérémonies de l’un des festivals de cinéma les plus étranges du monde : Le Festival international de cinéma de Pyongyang [1].

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Camarade Ranveer, matricule CH-854

La 15e édition du PIFF a été lancée comme un missile en mer du Japon — juste une semaine après que la Corée du Nord, avec une classe suprême, n’effectue son cinquième essai nucléaire. Son objectif était de prouver au monde entier toute la sophistication artistique et le raffinement cinématographique du gouvernement de Pyongyang. Entreprise inutile puisque depuis fort longtemps l’on ne doute plus du potentiel scénaristique de la République populaire démocratique de Corée : le pays lui-même est un vaste et insoutenable film d’horreur.

Événement culturel, le PIFF est aussi une industrie propagandiste d’intimidation dont la devise n’est autre que « paix et amitié » (sic). Très peu de choses ont donc filtré de ce festival très V.I.P., la nomination des jurys, les prix accordés et les processus de sélection sont des plus opaques…

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Camarade
Alexeï Stakhanov,
dit Prabhas

Toutefois, certains journaux nord-coréens (notamment La Gazette du goulag et Je suis partout petit camarade) nous apprennent que le Baahubali de S. S. Rajamouli a fait un véritable tabac au nord du 38e parallèle. Les salles étaient combles. Les camarades nord-coréens — assis par terre ou à deux par siège — n’étaient pas habitués à si peu de confort : plus de 5 000 personnes se sont déplacées pour contempler Prabhas et Anushka Shetty dans cet opus colossalement monumental du cinéma tamoul !

Le torse de Prabhas a suscité des scènes de délire, des festivaliers en fureur ont même déclaré que ses bras huilés et musclés leur seraient d’un grand secours pour le travail dans les camps… pardon dans les champs… (euhh, en fait non).

Anushka Shetty, quant à elle, n’a pas manqué d’accélérer le rythme cardiaque des Nord-coréens, un fan club a même été créé illico sur l’esplanade Kim Jong-Il et des réalisateurs ont proposé de lui offrir le rôle-titre dans The Flower Girl, une énième adaptation d’une pièce de théâtre écrite par le « Professeur de l’humanité tout entière » (alias Kim Il-sung), ainsi qu’un second rôle de choix dans le très attendu deuxième volet de Comrade Kim goes Flying, le premier « girl power movie » nord-coréen [2] !

Alors que les grands festivals comme Cannes et Venise boudent le cinéma indien, le PIFF, lui, l’accueille avec une grande camaraderie prolétarienne et internationaliste. Les éditions précédentes avaient ainsi régalé le public de la péninsule avec la projection de Siddarth ; Ram-Leela, qui remportait le prix des effets spéciaux en 2014 ; Singh Saab the Great, qui obtint le Prix spécial du Comité d’organisation du Festival ; et Krrish, avec un Hrithik Roshan qui alluma les ménagères nord-coréennes les plus aguerries ; sans oublier la version censurée du très scandaleux et subversif Joue-la comme Beckham

Amateurs de cinéma indien,
la République populaire démocratique de Corée vous attend !


[1Crée en 1987, le « Festival de cinéma de Pyongyang pour les pays Non-Alignés et Autres pays en développement » s’est récemment ouvert (dans les années 2000) à des pays occidentaux, dont la France et la perfide Albion.

[2L’histoire farfelue d’une jeune fille qui s’épanouit dans une mine de charbon, mais souhaite aussi devenir trapéziste. Plop !

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