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La critique de Fantastikindia

Par Didi - le 1er octobre 2013

Note :
(7/10)

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Amours cachées, secrets de famille et petite histoire dans la grande Histoire, voici les ingrédients de Midnight’s Children, l’adaptation de la réalisatrice de Water du célèbre roman de Salman Rushdie…

Saleem Sinaï est né à minuit, le 15 août 1947, en même temps que la nation à laquelle son destin est lié : l’Inde. Il possède aussi une autre particularité : celle d’avoir grandi dans une famille qui n’était pas la sienne par le sang, puisqu’il avait été échangé à la naissance par l’infirmière en charge des soins des nouveaux nés. Saleem Sinaï n’est pas le seul à avoir vu le jour à minuit le 15 août. 1001 autres enfants sur tout le sous-continent sont nés le même jour entre minuit et 1h du matin. Ils possèdent tous un don spécial et Saleem peut communiquer avec eux grâce à son énorme appendice nasal. Ces enfants de minuit sont en quelques sortes les promesses de l’indépendance et, en grandissant, il vont connaître les mêmes hauts et bas que la jeune nation indienne, en particulier les heurts avec son alter ego né de la Partition, le Pakistan…

Dirigé par Deepa Mehta, réalisatrice indo-canadienne à qui l’on doit la trilogie des éléments (Fire, 1947 Earth et Water), Midnight’s Children est l’adaptation du célèbre roman du même nom de Salman Rushdie. Comme on est jamais mieux servi que par soi-même, l’auteur indo-anglais s’est chargé du scénario de sa propre adaptation, mais attention à ce que dit un autre proverbe : c’est toujours les cordonniers qui sont les plus mal chaussés.

Autant dire tout de suite que si vous avez lu et apprécié le roman, le film vous décevra. Si vous êtes rebuté par les pavés et que vous ne l’avez encore lu, vous pourrez trouver quelque intérêt au film et même l’apprécier. Midnight’s Children pourra être aussi une mise en bouche pour ensuite lire le roman, qui sait ?

La première partie du film, qui narre la filiation de Saleem — la rencontre de ses grands-parents et de ses parents, sa naissance et l’échange jusqu’à son enfance — est assez plate, linéaire, dans un style très académique. Tout ce qui faisait la saveur du roman, c’est-à-dire, le ton ironique, le jeu narratif n’ont pas été transposé dans le métrage et c’est bien dommage. C’est le casting qui sauve cette première partie, certes fidèle à la chronologie du roman, mais à la narration bien trop convenue. On prend plaisir à revoir Seema Biswas, l’inoubliable interprète de Bandit Queen, Shabana Azmi, Rahul Bose ou encore Anupam Kher dans un rôle plus sérieux. Darsheel Safary, que l’on avait connu plus spontané et plus inspiré dans Taare zameen par, est assez transparent dans son incarnation de Saleem jeune.

D’ailleurs, le film devient nettement plus intéressant en deuxième partie, lorsque Saleem grandit et qu’il est interprété par Satya Bhabha. Le ton se fait alors plus épique pour raconter les vicissitudes du personnage qui vont de pair avec les convulsions politiques de la jeune nation indienne. On retrouve même dans les choix cinématographiques de la réalisatrice (photographie, montage) un écho du ton réaliste-fantaisiste ou réaliste-magique du roman. Cette partie aussi est servie par un très bon casting, puisqu’on retrouve Soha Ali Khan, Siddharth ou Shriya Saran.

La durée du film est de 2h30 (148 mn). Peut-être était-ce trop peu pour transposer à l’écran un roman aussi dense que Midnight’s Children, mêlant saga familiale et nationale — l’histoire de la jeune nation indienne y est évoquée depuis les première velléïtés d’indépendance jusqu’à l’aube des années 80. On se dit qu’avec une narration moins conventionnelle ou linéaire, surtout en première partie, le film aurait pu être bien meilleur, plus particulièrement au regard de la seconde partie, plus épique et de la fin, très émouvante, grâce entre autres, à Seema Biswas (encore elle !)

Distribué par la Fox, Midnight’s Children a connu une sortie mondiale et a fait le tour de différents festivals internationaux. En France, il est toujours en attente d’un distributeur (je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais la case est vide sur la fiche allociné), a fortiori d’une date de sortie. Néanmoins, le dvd international est à la vente sur des sites connus et même si vous lisez l’espagnol, il est aussi sorti de l’autre côté des Pyrénées, puisque le film y a été exploité.


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